Cela ressemble à « une zone bombardée », témoigne un pilote d'hélicoptère de la police qui a survolé la région dévastée par le violent séisme. L'espoir de retrouver des survivants s'amenuisait hier, quatre jours après le violent séisme qui a touché l'île de Sumatra et aurait fait des milliers de victimes. Après avoir évoqué plus de 1000 morts et jusqu'à 4000 disparus les jours précédents, les autorités et les agences internationales ont affirmé qu'un bilan fiable ne serait pas disponible avant le milieu de la semaine prochaine. « Le nombre de morts confirmés est de 551 actuellement, mais il pourrait atteindre les 3000 », a déclaré hier la ministre indonésienne de la Santé, Siti Fadilah Supari. « Nous aurons des chiffres plus fiables dans trois ou quatre jours », a-t-elle dit, en ajoutant : « Notre bilan est basé sur le décompte des corps clairement identifiés, avec noms et adresses. » De son côté, l'Agence de gestion des catastrophes (BPBN) fait état de 603 morts et 345 disparus. Hier, des équipes étrangères sont encore arrivées sur les lieux de la catastrophe avec chiens, équipement et aide, mais cette dernière n'a pas encore atteint de vastes zones situées à l'extérieur de la ville côtière de Padang, dans les montagnes. Cependant, l'avancée des secouristes permet de découvrir progressivement l'étendue des dégâts, avec des villages entiers rayés de la carte par des glissements de terrain. « Cela ressemble à une zone bombardée », a témoigné un pilote d'hélicoptère de la police qui a survolé la région pour larguer de la nourriture, du lait pour les bébés, des médicaments et des couvertures. Des équipes françaises, britanniques, allemandes et singapouriennes ont été vues hier dans des endroits dévastés par les glissements de terrain. Si pour les habitants ensevelis, « les chances sont minces, il en reste pour ceux qui sont coincés dans leurs maisons », a estimé Teddy Webb, un des sept membres d'une équipe britannique. Des villages rayés de la carte Selon un responsable local, environ 600 personnes ont été ensevelies dans des villages situés au nord de Padang. Pour le maire de Padang, Fauzi Bahar, seulement 60% des zones touchées dans l'ouest de l'île de Sumatra ont pu recevoir de l'aide. « Pourquoi accordent-ils la priorité à Padang ? Il y a tant de zones où c'est pire », s'est emportée Huriatul Hasanah, une universitaire de 33 ans, originaire du village de Cumanak, où 5 membres de sa famille sont portés disparus. « J'ai seulement vu une pelleteuse dans toute la zone. Comment peut-on localiser les corps ? », a-t-elle dit, en sanglots. A Padang, ville de près d'un million d'habitants, les secours se concentrent à l'endroit où se dressait l'hôtel de style colonial hollandais Ambacang, dont il ne reste que des ruines sous lesquelles se trouveraient plus d'une centaine de personnes. « Les chances de trouver des survivants sont très faibles », explique le responsable d'une équipe de secouristes. Les pelleteuses et les marteaux-piqueurs sont à l'œuvre dans les entrelacs de blocs de béton, de barres de fer et de gravats, d'où émanent des odeurs de décomposition. Selon le maire de la ville, les habitants, « traumatisés », doivent aussi faire face au défi de la reconstruction. « Certains ont dépensé 15 ans d'économies pour la construction de leurs maisons et elles ont disparu en un clin d'œil », constate-t-il. Pour Irwadi, un fonctionnaire du ministère de la Pêche, la reconstruction devra se faire « avec de nouvelles normes ». « Ils doivent seulement autoriser les permis pour les bâtiments qui sont solides et utilisent des matériaux de construction de qualité », a-t-il dit.