Les commerçants de boissons alcoolisées de l'Oranie ont décidé de réagir contre «l'excès de zèle» de certaines autorités locales qui font tout pour que ce genre d'établissements soient fermés. Pour parer à cela, les commerçants ont décidé d'effectuer la même démarche que celle entreprise à Bejaïa et de créer «l'Association des opérateurs des boissons alcoolisées de l'Ouest». De ce fait, deux rencontres ont eu lieu, la première le 22 avril dernier et la seconde hier après-midi, à l'hôtel Phoenix, durant lesquelles beaucoup de commerçants en alcool, venant de tout l'Ouest algérien, ont pris part. «Il faut savoir qu'à Bejaïa, depuis la création de leur associations, ils ont obtenu gain de cause, car les bars ne cessent de rouvrir», dira l'un des initiateurs de cette rencontre.Ils étaient une bonne centaine à avoir répondu présents à l'appel. Des commerçants d'Oran, ainsi que d'autres venus de Relizane, Tiaret ou encore de Béchar, se sont exprimés à tour de rôle sur les difficultés énormes qu'ils rencontrent pour exercer leur métier dans la quiétude. L'on saura ainsi que ces derniers mois, pas moins de 30 bars ont dû fermer au niveau de tout l'Ouest algérien ; et à chaque fois pour des raisons «qui n'ont ni queue ni tête !». D'où l'idée de créer une association. «On ne peut plus continuer à rester les bras croisés, il faut qu'on se défende», ont-il ainsi clamé. «On nous cherche chicane pour des broutilles alors qu'il n'y a pas si longtemps de cela, pendant la décennie noire, le pouvoir était de notre côté et nous encourageait à ouvrir nos établissements», dira amèrement le propriétaire d'un bar, avant de faire ce constat amer : «aujourd'hui hélas ! les terroristes ont plus de droits que nous». Un autre, pour sa part, précisera que les difficultés des revendeurs d'alcool diffèrent selon les wilayas. «On se croirait dans des Etats fédéraux ! Pour quelle raison les débits de boissons sont-ils tenus de fermer à 20 h à Oran, alors qu'à Mostaganem, ils peuvent rester ouverts jusqu'à minuit ?» Le circuit clandestin en plein boom Le propriétaire d'un débit de boissons à Arzew, qui a vu son établissement fermé pour une durée de six mois, fera, quant à lui, ce constat : «Force est d'admettre qu'il y a plus de gens qui vendent de l'alcool dans le marché parallèle que ceux qui le font dans la règlementation. Je peux vous garantir que depuis la fermeture de mon établissement, les revendeurs clandestins à Arzew pullulent !» Le gérant d'un bar-restaurant au centre-ville d'Oran, à qui on a fermé pour un mois son établissement, dira, quant à lui : «Au sortir d'un bar ou d'une boîte de nuit, si le client, un peu éméché, commet quelques tapages, c'est à lui, et à lui seul de rendre des comptes aux forces de l'ordre ! Ce n'est pas une raison pour que l'établissement se retrouve pénalisé. C'est en tout cas ce qui se fait dans les pays démocratiques ! Chez nous, le moindre petit prétexte est bon afin de nous chercher des noises !» Un autre dépositaire, exerçant à Relizane depuis 1965, a vu son établissement fermé, et cela pour la seule raison qu'un «barbu»… avait écrit une lettre au wali, le sommant de procéder à la fermeture du débit. «Fort heureusement, depuis, le wali est revenu sur sa décision, et mon établissement a rouvert !» Mais toujours est-il que le motif de cette fermeture a laissé interloquée toute l'assistance présente. C'est donc afin de s'unir et de mieux faire entendre leurs voix, à une époque où les islamistes ont le vent en poupe, que les commerçants de boissons alcoolisées de l'Ouest ont décidé de se constituer en association.