L'Algérie serait en phase de « négociations avancées » avec l'Italie pour la conclusion d'un contrat de ventes d'armement, dont la valeur est estimée à 11,6 milliards de dollars, apprend-on de source très proche du dossier. Ce contrat concernerait essentiellement l'acquisition de quatre frégates modernes avec des systèmes de camouflage et une soixantaine d'hélicoptères. Pour ce faire, une importante délégation de hauts responsables militaires algériens a déjà séjourné du 12 au 19 septembre dernier en Italie où elle a eu droit à des visites guidées au sein des différentes usines militaires italiennes, spécialisées dans la fabrication de frégates et d'hélicoptères. L'objectif de cette visite, ajoute notre source, est de constater de visu les potentialités italiennes dans ce domaine et prendre connaissance de l'offre de ce pays qui attend d'être formalisée. Le processus d'acquisition de frégates algériennes, depuis son lancement en 2008, fait saliver les grands constructeurs mondiaux. La commission algérienne en charge du dossier a reçu plusieurs offres. Mais ne sont restés dans la course que les anglais de BAe Systems (frégate Type 23), les allemands de ThyssenKrupp et les français de DCNS (frégates européennes multi-mission, FREMM). Les trois constructeurs ont soumis leurs offres et attendent qu'Alger engage des négociations exclusives avec l'un d'entre eux. Mais voilà que l'Italie, qui n'a pas soumis officiellement d'offres, risque de remporter le marché. En tout cas, les Italiens semblent mettre le paquet. La délégation algérienne, en visite de prospection, a eu toutes les explications voulues sur les chantiers de Fincantieri, situés près de Gênes, où sont fabriquées les fameuses frégates FREMM de 5800 t. Elle a été également reçue avec tous les égards par le secrétaire général du ministère italien de la Défense, le général Aldo Dinelli et Dino Nascetti, directeur général de l'armement naval. Selon notre source, le retour de l'Italie dans la course a été rendu possible grâce à la rencontre qu'aurait eu le président du Conseil italien Silvio Berlusconi avec le président Abdelaziz Bouteflika en marge de la cérémonie de célébration de quarante ans de règne du guide libyen, le colonel Mouammar El Gueddafi. Par son appel d'offres, l'Algérie recherche à se doter, certes, de frégates nouvelle génération, mais surtout à en monter une en Algérie, en partenariat avec celui qui sera son fournisseur. Comme est mentionné dans le cahier des charges, l'Algérie veut réceptionner deux frégates seulement à l'état fini et construire les deux autres au niveau du chantier naval de Mers El Kebir. Cela correspond bien évidemment aux nouvelles orientations de l'état-major de l'armée qui s'échine à relancer l'industrie militaire afin de réduire de manière considérable sa dépendance de l'importation. L'ANP a déjà engagé plusieurs projets en partenariat avec des étrangers pour la fabrication d'équipements militaires. Parmi ces projets, celui conclu avec le groupe émirati Aabar pour la fabrication de véhicules Mercedes pour l'armée. L'usine de Bouchekif de Tiaret a été choisie par Aabar à qui appartiennent des actions du constructeur allemand Daimler qui détient la marque automobile Mercedes. L'usine devra atteindre une capacité de production annuelle de 10 000 véhicules de type 4x4 à l'horizon 2012 pour un investissement estimé à 172 millions de dollars. Avant ce come-back italien, les Français étaient en position de favoris. Mais l'Italie, dont le poids économique en Algérie est important, semble bien partie pour décrocher ce grand contrat. Deuxième client de l'Algérie après les USA, l'Italie avait acheté en 2008 auprès de l'Algérie pour un montant de 11,9 milliards de dollars, en augmentation de 38,4% par rapport à 2007. Argument que le gouvernement italien peut faire valoir pour appuyer son offre.