Après avoir été interpellé par les services de sécurité et chassé, mercredi, du complexe sidérurgique d'El Hadjar, Aïssa Menadi est revenu jeudi à l'usine, sur instruction des mêmes services, pour appeler ses partisans à libérer l'atelier du haut fourneau (HF) n°2, avec la promesse de régler tous leurs problèmes, dont la levée de la suspension qui pèse sur eux, avons-nous constaté sur place. «La situation s'est normalisée sur tous les plans. Je vous promets la levée de la suspension de l'employeur dimanche prochain et, la même journée, toutes les sections syndicales seront dissoutes. En attendant, vous libérez le HF pour qu'on procède à son redémarrage», s'est-il engagé devant une trentaine de travailleurs qui occupaient l'atelier, dont 17 sont suspendus depuis plusieurs jours. Aussitôt, les techniciens d'ArcelorMittal Annaba sont intervenus et ont mis en marche le HF2. Etonné de l'engagement de Aïssa Menadi, Joe Kazadi, le directeur général du complexe d'El Hadjar, a démenti l'information sur la levée des sanctions. Dans une lettre adressée hier aux travailleurs, ce dernier a affirmé fermement : «Nous continuerons à agir en toute conformité avec les lois et règlements en vigueur qui régissent le fonctionnement de toute entreprise. Non seulement nous ne renonçons pas à exercer nos droits, bien plus, nous les faisons tous valoir.» Cependant, le nouveau directeur général américain a fait savoir que «sur le plan du dialogue social, nous réitérons notre disponibilité à accepter tout dialogue, que nous voulons constructif et responsable, s'inscrivant dans la légalité et dans le respect réciproque». Quant à la dissolution du syndicat d'entreprise que Aïssa Menadi a annoncée pour demain, un démenti formel lui a été adressé par l'union locale de l'UGTA de Sidi Amar. En effet, dans une correspondance officielle référenciée 25/2012 et signée par Chakri Kahlouche, chargé de l'organique, a appelé tous les délégués syndicaux du partenaire social d'ArcelorMittal El Hadjar «à se préparer pour le renouvellement du syndicat d'entreprise. La date est fixée pour le mois d'août 2012 tel que prévu par la loi organique et le règlement intérieur». Les fausses promesses de Aïssa Menadi confirment, si besoin est, que celui qui est surnommé par ses partisans «Jimmy Offa» (le président du redoutable syndicat des camionneurs américains dans les années 1960), n'est en fait qu'un géant aux pieds d'argile. Joe Kazadi, le directeur général, qui a quitté le complexe au même titre que son staff dirigeant étranger suite à ses menaces, a profité de l'occasion pour revenir sur la situation et annoncer les pertes engendrées : «L'usine a connu, depuis le 20 mai 2012, des mouvements de troubles menés par un certain nombre de salariés de l'entreprise et quelques personnes de l'extérieur, au mépris des règles et procédures légales. Aujourd'hui, le HF2 a repris son fonctionnement après que les perturbateurs qui nous ont empêchés de le faire redémarrer après sa maintenance aient évacué les lieux. Il faut savoir que nous avons perdu deux journées de production qui viennent pénaliser encore une fois notre résultat. Il est demandé par conséquent à chacun d'entre nous de redoubler d'efforts et de produire les niveaux prévus par l'entreprise.»