Bloqué depuis dimanche dernier par une centaine de travailleurs grévistes, le haut fourneau n°2 (HF2) a été libéré, hier dans l'après-midi, sur injonction de la justice, apprend-on sur place. En effet, dans son ordonnance en référé, le tribunal d'El Hadjar a sommé, hier, les travailleurs grévistes de libérer l'atelier du haut fourneau. Notifiés, les contestataires ont obtempéré immédiatement à l'ordre de la justice, a-t-on constaté sur place. Considérés comme étant les meneurs de ce mouvement, les six travailleurs suspendus par la direction générale ont bénéficié de la levée de cette mesure. Hier matin, le directeur général d'ArcelorMittal Annaba (AMA) a réagi officiellement pour qualifier ce mouvement de grève d'illégal. «Cette manifestation engagée, depuis le 11 novembre à 13h, au mépris des règles et procédures légales, est illégale. D'autant plus que les motifs sont infondés et peu compréhensibles. Pis encore, elle met le HF2 devant des risques de blocage avec toutes les conséquences sur l'activité globale de l'usine», a affirmé Joe Kazadi, directeur général d'AMA. Devant ce énième conflit, le patron d'AMA a attiré l'attention des travailleurs sur l'impact négatif de cette action en soulignant : «En plus des pertes journalières estimées à un million de dollars qui viennent pénaliser encore notre résultat, ce blocage entraînerait l'usine dans une situation financière critique, avec les conséquences dramatiques qui en découleraient.» Ainsi, à raison d'un million dollars/jour, le complexe sidérurgique a enregistré, jusqu'à hier, des pertes estimées à 4 millions de dollars. Du côté du syndicat, qui annonce le retour des vieux démons, ce conflit, dont AMA risque de payer cher ses conséquences, n'est pas une «juste cause». «Ils sont personnifiés en Aïssa Menadi, l'ex-secrétaire général du syndicat d'AMA qui, après avoir échoué à accaparer l'actuel syndicat de l'entreprise, s'est ‘octroyé' l'union locale de l'UGTA de Sidi Amar qui chapeaute ledit syndicat. Pour ce faire, il s'est offert le pouvoir du secrétaire gnéral de l'union de wilaya, Tayeb Hmarnia, pour l'installer officiellement. Première mesure, l'union locale a procédé à la suspension du SG du syndicat d'ArcelorMittal El Hadjar. Paradoxalement, ni Menadi ni Hmarnia n'ont un poste d'emploi pour prétendre à la représentation des travailleurs. Quant au troisième, il s'agit de Baha Eddine Tliba, député d'un parti satellite dénommé FND, dont paradoxalement Tayeb Hmarnia conduit la liste APW de son parti pour les prochaines élections. Lors du dernier conflit où Aïssa Menadi avait occupé par la force le siège du syndicat d'AMA, Baha Eddine Tliba était intervenu pour l'appeler à quitter les lieux, lui garantissant une issue heureuse. Dans l'impossibilité d'honorer son engagement, il est revenu à la charge», dénoncent les syndicalistes, ce qu'ils qualifient de «complot» contre leur entreprise. Pour prévenir d'éventuelles actions similaires, le DG d'AMA a averti : «Le HF2 est en fin de campagne, cela signifie qu'il ne peut plus résister aux nombreuses perturbations, nous devons donc le ménager jusqu'à sa réhabilitation prévue en 2014. Soyons vigilants car les comportements irresponsables de certains risquent de mettre en péril 6000 salariés sans compter ceux des mines (Tébessa) et les sous-traitants.»