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Le drapeau, la parole
Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2012

Il y a près de cinq siècles, des explorateurs et des missionnaires portugais, espagnols, anglais ou français ont été les précurseurs des colonisations de terres, comme au Nigeria ou au Congo, et des colonisations de peuplement, comme en Algérie, au Kenya ou en Afrique du Sud. Cependant, deux pays africains n'ont jamais connu la colonisation, ce sont l'Ethiopie et le Liberia.
C'est dans les années ‘60 que la majorité des pays colonisés ont accédé à l'indépendance. Certains ont attendu les années ‘70, voire les années '80, pour obtenir cette liberté tant désirée. Le Ghana a été le premier pays colonisé à obtenir son indépendance, le 6 mars 1957, après d'âpres luttes et négociations avec les tenants de l'Empire britannique.
Le nationaliste révolutionnaire ghanéen, Kwame Nkrumah, est ainsi devenu le premier Président d'une nation africaine libre. Ainsi, la Côte d'Or est devenue le Ghana. Cette nouvelle page qui s'écrivait allait être observée et scrutée. Les faits et gestes de Nkrumah ne pouvaient laisser indifférent d'autant qu'il avait choisi l'option socialiste pour développer son pays. Frantz Fanon, en qualité de représentant du FLN, s'était rendu au Ghana. Il en a rapporté des réflexions sur ce pays «laboratoire» dans le chapitre «Mésaventure de la conscience nationale» des Damnés de la terre.
Les dérives de nombreux leaders africains et de leurs représentations ont été dénoncées dans les littératures post-coloniales. Les déceptions étaient grandes, car les peuples africains opprimés, spoliés, annihilés ont toujours lutté pour leur liberté et la récupération de leurs biens au fil des siècles et des années, même si les rapports de force étaient déséquilibrés, toujours en faveur des colons bien entendu. Les peuples se sont battus durant des guerres de libération sanglantes afin de sortir de la «nuit coloniale». En Algérie, plus de sept années d'une guerre à travers tout le territoire ont eu raison du fait colonial. Au Kenya, les Mau-Mau se sont battus aussi pour leur dignité ainsi qu'en Afrique du Sud où l'ANC n'a jamais abandonné la lutte, sous l'autorité de Nelson Mandela qui a été le premier Président Noir d'une Afrique du Sud «arc-en-ciel».
Après cette sombre histoire, les peuples africains ont fêté avec une joie réelle et sincère l'avènement des indépendances. Il est important de rappeler que l'euphorie était totale et que les attentes et les espoirs d'une vie meilleure faisaient partie des rêves, des désirs et des programmes. Après quelques années, ces peuples africains se sont rendu compte que les oligarchies autochtones au pouvoir ne s'occupaient en fait que de leurs propres intérêts au détriment de ceux de leurs nations. Toujours frondeurs, les écrivains africains qui ont chanté les indépendances se sont vite investis dans la dénonciation des maux de la société. Ils se positionnèrent en témoins de leurs temps, relatant une dure réalité à partir d'histoires vécues exprimées par le biais de la fiction et des métaphores, utilisant les mythes et l'art de savoir raconter les choses de la vie.
Il faut dire que les littératures coloniales et post-coloniales ont toujours été liées à l'Histoire. En célébrant le cinquantenaire des indépendances, force est de constater que les littératures africaines post-coloniales ont été témoins, d'une part, de l'émancipation des peuples et, d'autres part, de leur stagnation sociale et politique causée par une bourgeoisie nationale cupide et égoïste, telle que décrite par Frantz Fanon et contre laquelle il mettait déjà en garde avant l'indépendance de son pays d'adoption. Des écrivains comme Sembene Ousmane dans Ô pays, mon beau peuple,
Rachid Boudjedra avec La Répudiation dans lequel il fustige les clans et le traditionalisme hypocrite, Sony Labou Tansi avec L'Anté-Peuple où la dictature est mise à mal, ou encore Abdourahman Waberi qui ne ménage pas ses critiques et ses descriptions acerbes des potentats, ne se sont pas trompés en dénonçant la gabegie des dirigeants et les travers des chefs qui ont pris la place des Blancs, après le départ de ces derniers. Les romanciers postcoloniaux mettent en scène des dictateurs ou des chefs corrompus. On peut citer Tierno Monenembo ou Ngugi Wa Thiong'o qui, avec Devil on the Cross critique fortement le régime de Jomo
Kenyatta en dépeignant une bourgeoisie consommatrice et non productrice.
Les indépendances ont permis également à de nombreuses femmes de s'exprimer sur le plan littéraire.
Des romancières comme Assia Djebar et Maïssa Bey d'Algérie ou encore Ken Bugul et Aminata Sow Fall du Sénégal, pour ne citer que celles-ci, se sont imposées par une production littéraire dense et engagée attestant de l'arrivée en force de l'écriture féminine. Les écrivaines ont pris la parole pour défendre les sans-voix et dire tout haut la vie de ces millions d'Africaines au travers de récits de vie et d'histoires fictionnelles souvent superbes à lire. Elles ont dénoncé la polygamie, l'excision, le mal-être, le manque de liberté ainsi que l'absence des femmes dans les centres de décisions.
Depuis les indépendances, les sociétés africaines sont devenues complexes. Cependant, malgré les problèmes inhérents au continent, force est de constater que les textes littéraires sont denses et forts, présents dans l'arène littéraire internationale comme peuvent en témoigner les multiples prix littéraires octroyés à l'Afrique dont quatre Prix Nobels.
Ce qui caractérise les écrivains africains, c'est leur ténacité et leur courage car ils continuent à s'exprimer même s'il n'est pas toujours facile de le faire, souvent au péril de leur vie. Les littératures post-coloniales sont présentes, inventives aussi bien au niveau de la forme que du fonds. Les indépendances ont libéré la parole et c'est l'acquis majeur.


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