Au moment où Moscou continue à afficher un soutien aussi cynique qu'arrogant à son poulain Bachar Al Assad, la machine de guerre du régime a commis une véritable boucherie ce week-end. Pas moins de 250 personnes ont été massacrées jeudi et vendredi dans des affrontements entre l'armée «loyaliste» et les milices de l'opposition et de «l'armée libre» dans les différentes villes de Syrie. «Jeudi a été la journée la plus sanglante depuis l'instauration du cessez-le-feu et l'une des plus sanglantes depuis le début de la révolte», selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.En effet, près de 170 morts, dont 104 civils, ont été enregistrés par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mettre un terme à la violence Un pic de violence jamais égalé depuis mars 2011 et qui a poussé l'émissaire spécial de l'ONU et la Ligue arabe, Kofi Annan, à exhorter hier la communauté internationale à «augmenter la pression» sur les parties en Syrie afin de mettre un terme aux violences. «J'ai eu des consultations intensives (…) dans des capitales dans le monde sur la possibilité de convenir d'une réunion pour discuter des actions à prendre», a déclaré l'ancien chef de l'ONU, lors d'une conférence de presse à Genève. «Il est temps que les pays augmentent la pression sur les parties, il est temps d'agir maintenant», a-t-il déclaré. Cette sonnette d'alarme a été tirée au moment même où les troupes syriennes tiraient hier sur les manifestants à travers le pays, tuant au moins une dizaine de personnes dans la région d'Alep. 26 partisans du président Bachar Al Assad ont également péri dans une embuscade dans la province de cette ville du Nord. Ces combats sanglants ne semblent pas pour autant incommoder la tranquillité du Kremlin qui a même expédié jeudi deux hélicoptères de combat dans un bateau au profit du régime syrien. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a réaffirmé une nouvelle fois que son pays ne cautionnerait jamais une solution qui inclurait le départ d'Al Assad. Il a également rappelé que la Russie n'a «pas l'intention de se justifier» face aux Etats-Unis sur ses livraisons d'armes à la Syrie, au sujet des deux hélicoptères convoyés. Moscou intraitable sur Al Assad M. Lavrov a déclaré hier qu'il a demandé à son homologue syrien que Damas devait faire «beaucoup plus» d'efforts pour mettre en œuvre le plan de sortie de crise de Kofi Annan, désormais caduc avec l'intensification de la répression et des combats entre armée et rebelles. Signe de l'enlisement de la situation, le pilonnage à Homs a fait échouer jeudi deux tentatives du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant-Rouge syrien pour évacuer des blessés et des civils de cette troisième ville de Syrie. Des milliers de manifestants ont dénoncé hier le «silence arabe et international en dépit des massacres». Le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a annoncé que plus de 1,5 million de personnes ont désormais besoin d'aide humanitaire en Syrie. La situation humanitaire continue de se détériorer. «Damas doit faire plus.» Dans ce contexte, l'état-major des armées turques a annoncé avoir perdu le contact radar avec un de ses appareils au-dessus de la Méditerranée orientale, dans un secteur proche de la Syrie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a convoqué hier une réunion de crise avec le chef de l'état-major des armées et plusieurs ministres, le chef de l'état-major, le général Necdet Özel, le ministre de l'Intérieur, Idris Naim Sahin, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, le ministre de la Défense, Ismet Yilmaz, et le chef des services secrets, Hakan Fidan. La tension est tout de même tombée après que Damas se soit excusé pour le crash du chasseur turc. M. Erdogan a confirmé que son équipage s'en était heureusement sorti indemne. Pendant ce temps, le président russe Vladimir Poutine compte se rendre la semaine prochaine en Israël et en Jordanie pour «défendre» sa position sur les crises dans la région, essentiellement la crise syrienne.