Le président Bachar al-Assad a désigné mercredi un nouveau Premier ministre pour former un gouvernement en Syrie où les rebelles sont passés à l'offensive dans la région de Damas contre les forces gouvernementales. M. Assad a chargé de cette tâche le ministre de l'Agriculture, Riad Hijab, 46 ans, après les législatives du 7 mai remportées par le parti Baas au pouvoir depuis près de 50 ans. Celles-ci, organisées en pleine violence ont été raillées par la communauté internationale et boycottées par l'opposition. Aucune précision n'a été donnée sur la date de la formation du prochain cabinet précédemment dirigé par Riad Safar, mais la nouvelle nomination ne devrait pas avoir d'incidence sur la gestion de la crise dans le pays, qui est du ressort du clan rapproché de M. Assad. M. Safar avait été nommé à la tête du gouvernement en avril 2011, un mois après le début de la contestation populaire marquée pendant des mois par des manifestations pacifiques mais qui s'est militarisée au fils des mois face à la répression sanglante menée par le régime Assad. Près de quinze mois plus tard, la contestation et les violences ne connaissent aucun répit avec la mort de plus de 13.400 personnes, la plupart des civils tués par les forces gouvernementales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'escalade des violences qui a entraîné la fuite de dizaines de milliers de Syriens dans les pays voisins et provoqué une situation humanitaire critique a été favorisée par l'impuissance de la communauté internationale à surmonter ses divisions sur le dossier syrien. La Chine et la Russie vont toutefois coordonner leurs actions principalement pour appliquer le plan de l'envoyé spécial de l'ONU Kofi Annan, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le chef de la diplomatie russe a aussi appelé à une nouvelle conférence sur la Syrie réunissant "les pays qui ont réellement une influence sur les différents groupes d'opposition" syriens comme la Turquie, l'Iran, la Ligue arabe, l'UE et les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU. Et pendant ce temps, le pays continue d'être secoué par la spirale de violences, avec la répression menée par les forces gouvernementales contre la contestation populaire -perquisitions, bombardements, arrestations- et les combats entre soldats et rebelles auxquels se joignent des civils armés. Les affrontements se sont intensifiés depuis l'expiration d'un ultimatum de l'Armée syrienne libre (ASL), force d'opposition armée composée essentiellement de déserteurs, qui avait donné au régime jusqu'au 1er juin pour cesser les hostilités, une mesure préconisée par le plan Annan resté lettre morte. Les rebelles ont passés à l'offensive à Damas et sa région. Les combattants ont attaqué les forces régulières postées à des barrages dans plusieurs quartiers, alors que des tirs nourris ont été entendus dans d'autres. Les combats étaient clairement entendu dans toute la capitale. Des heurts ont aussi eu lieu à Harasta près de Damas, entre combattants et forces de sécurité, et dans la ville voisine de Douma. Dans la province de Lattaquié (nord-ouest), des rebelles ont pris le contrôle des sièges de la Sécurité politique et de la police après de violents combats dans la localité de Salma où un rebelle a été tué, selon l'OSDH. En outre neuf civils ont été tués dans les opérations sécuritaires des forces régulières, a précisé l'ONG. Depuis une semaine, les forces gouvernementales ont perdu 168 hommes, selon un bilan compilé à partir de communiqués de l'OSDH, mais non confirmé de source indépendante. "L'armée fait face à des soldats rebelles ou à des opposants qui ont pris les armes, qui connaissent très bien le terrain", a dit le chef de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. Les médias officiels ne "veulent pas nuire au moral des forces régulières" en donnant de tels bilans. Au Liban voisin, des accrochages à la roquette et la mitrailleuse ont éclaté entre soldats syriens et habitants d'une région frontalière après la mort d'un Libanais tué par des soldats syriens, selon une source de sécurité. Face à la dégradation des conditions de plus d'un million de Syriens qui ont besoin d'aide, la Syrie a autorisé l'ONU à distribuer prochainement nourriture et médicaments dans quatre provinces, comme stipulé par le plan de l'émissaire international Kofi Annan. Ce dernier doit s'adresser jeudi au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale de l'ONU, mais selon des diplomates il commence à entrevoir l'échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour le faire respecter ou trouver un "plan B".