Nous savons tous que le mal n'est éradiqué que si l'on s'attaque à sa cause. Comme en médecine, en sciences humaines et sociales, une approche symptomatique maintient la récidive. Si au XIe siècle, du temps de l'Islam florissant de science, le cerveau fut découvert comme étant le siège de la pensée, c'est tout simplement pour nous expliquer que c'est le cognitif de l'Homme qui guide, voire détermine son comportement, «son social». Donc, la neuroscience existait déjà au XIe siècle et la vie n'est qu'un cycle qui se réitère : la nature reprend ses droits, «Ibn Rochd porteur de toutes les sciences reviendra», a dit un physicien canadien lors d'un colloque sur le soufisme organisé par l'université d'Alger en 2008. La preuve, l'orthophonie dont le génie est de croiser les 3 sciences fondamentales de l'Homme (linguistique, médecine et psychologie) n'a que 40 ans, même là où elle fut inventée. Elle est née lorsque les linguistes firent comprendre aux psychologues, dans les années 60, qu'ils observent tous les comportements, sauf le plus spécifiquement humain : le langage doublement articulé. La psycholinguistique, ou science de la communication interindividuelle est née alors dans les années 70. Et comme en sciences, il faut trouver des solutions à des problèmes, les problèmes que devait régler la psycholinguistique s'appellent l'orthophonie, science tri-disciplinaire dont les recherches s'implantent de plain-pied dans les neurosciences, l'actualité. Regroupant sciences biologiques et sciences humaines, les neurosciences s'intéressent actuellement au déterminisme du comportement de l'Homme par ses perceptions. Investissons donc dans son cognitif depuis l'enfance, à commencer par l'école et son intelligence se développera, quel que soit son milieu social. Il fera face à toutes sortes de crises grâce à son autonomie et ses compétences : telle est la devise scientifique actuelle. L'Algérie est condamnée à l'appliquer si elle veut s'y inscrire. Et c'est l'Homme dans son cognitif et sa matière grise qui a été détruit en Algérie en 50 ans. Personne ne l'a expliqué dans ce colloque. Ainsi, une part du débat aurait pu être réservée aux causes possibles de l'état des lieux, lamentable, socio-institutionnel rapporté par les participants invités. Des solutions sous forme de recommandations s'en seraient profilées en filigrane. Personnellement, j'en avais à soumettre à discussion par une communication inscrite dans la centaine (au moins) d'articles qu'El Watan me publie depuis plus de 20 ans. Ceci a échappé, je le regrette. On est donc restés sur notre faim, fixés sur l'étape du constat et de la description du malheur social algérien. Or, un mal on le soigne partant de son explication, et ce soin constitue l'objet du scientifique. Le concepteur du colloque a élagué ma question. Au sortir, je lui en ai demandé la raison. Il m'a répondu : «Les neurosciences ne sont pas ma spécialité». Or, ce n'est pas une question de spécialité, c'est une question d'approfondissement de la réflexion : quand on a disséqué l'anatomie de la corruption, instinctivement, le scientifique s'interroge sur sa cause pour l'éradiquer. Ou bien, il eut simplement fallu se demander si un responsable éduqué et investi de savoir détournerait argent, diplômes, grades, pédagogie… Sinon, on reste alors dans le «hors d'œuvre, dans l'entrée de la recherche. Le plat de résistance n'est alors pas servi…». Pour un menu complet, l'appel à la pluridisciplinarité s'impose alors. Or, aucun psychologue ne fut du programme. L'Algérie compte pourtant, parmi ses chercheurs, une Algérienne restée construire en Algérie, en innovant. Elle est entrée dans le cognitivisme par la voie royale, autrement dit par la linguistique, la langue et sa pratique, le langage, comportement justement le plus spécifiquement humain. Autant préfacée par des Martinet et des David Cohen, que par des Metellus et des Ducarne (j'ai évoqué là des noms de savants de renom» planétaire, en linguistique, en psychologie et en neurologie), elle affronte d'insolites sabotages depuis 33 ans, pour planter une chaire pluridisciplinaire qui n'existait pas avant elle : l'orthophonie en tant que neuroscience. Une incursion dans le site de mon laboratoire vous permettra d'en mesurer l'apport pluridisciplinaire. Je suis consciente que mon message ne passera vraiment que lorsque je ne serai plus là. Peu importe, l'essentiel c'est qu'il soit écrit. L'écrit est permanent si l'oral est fugace. Ainsi donc, il fallait impliquer le paramètre cognitif qui fait la modernité des savoirs en sciences humaines. Pour admettre l'idée que c'est notre cerveau, logeur de notre pensée, qui oriente nos comportements sociaux, il suffit de constater les troubles de la mémoire, du langage, de l'équilibre dès qu'une lésion cérébrale survient. la neuropsychologie est une science jeune certes, mais au Laboslancom, 80 chercheurs s'inscrivent et plusieurs d'entre eux sont reconnus à l'échelle internationale. Je viens de faire soutenir les 8 premiers masters algériens en neurosciences cognitives, discipline que le monde arabo-africain ne possède pas et nous envie. Je suis officiellement invitée par l'Université libanaise pour la lui créer en septembre 2012.