Outre Israël et la Turquie, les aviations américaine, italienne et les forces de l'OTAN devaient participer à ces manœuvres organisées depuis 2001. Les relations entre la Turquie et Israël, alliés stratégiques dans la région, connaissent un nouveau coup de froid, comme en témoigne l'exclusion de l'aviation israélienne d'exercices internationaux organisés en Turquie. L'armée turque a annoncé la semaine dernière que « la phase internationale » de manœuvres aériennes baptisées « Aigle anatolien », qui se déroulent chaque année, a été « reportée ». L'armée israélienne a affirmé que l'aviation israélienne avait été exclue de ces exercices « à la suite de la décision de la Turquie de modifier la liste des participants ». Le ministère turc des Affaires étrangères a répondu hier que cette décision n'avait pas de motivation politique, appelant les autorités israéliennes au « bon sens ». « Les déclarations et commentaires de responsables israéliens publiés dans la presse dans ce contexte ne sont pas acceptables », a souligné le ministère turc, s'indignant de commentaires parus dans la presse israélienne. Certains responsables israéliens, cités sous couvert de l'anonymat, ont laissé entendre qu'Israël pourrait revoir ses projets de vente d'armes à la Turquie, après cette décision d'Ankara. Les rapports entre les deux pays, qui coopèrent étroitement en matière de défense, sont tendus depuis les critiques sans précédent du Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, contre l'offensive menée en décembre et janvier derniers par Israël dans la bande de Ghaza. Sur le plan politique, Ankara a déjà usé de ses bonnes relations tant avec Israël qu'avec les Palestiniens ou le monde arabe en général pour mener des missions de bons offices. Des discussions indirectes entre Israël et la Syrie ont eu lieu en Turquie en 2008, mais depuis la guerre de Ghaza, les relations se sont détériorées. En début d'année, lors du Forum économique de Davos (Suisse), M. Erdogan a laissé éclater sa colère au cours d'un débat, accusant le président israélien, Shimon Peres, de « savoir très bien comment tuer des gens ». Cette sortie a fait de M. Erdogan un héros dans le monde arabe et en Turquie, pays musulman où la population est mobilisée en faveur de la cause palestinienne. Outre Israël et la Turquie, les aviations américaine, italienne et les forces de l'OTAN devaient participer à ces manœuvres, organisées depuis 2001. Cinq ans auparavant, la Turquie et Israël avaient signé un accord de coopération militaire. Les chasseurs israéliens profitent de ces exercices pour se livrer à des entraînements qu'ils ne peuvent faire dans leur espace national restreint. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a laissé entendre que l'offensive israélienne contre Ghaza n'était pas étrangère à la décision turque d'écarter l'aviation israélienne. « Nous espérons que la situation à Ghaza va s'améliorer (...) et pourra créer une nouvelle atmosphère pour les relations turco-israéliennes aussi », a-t-il déclaré sur CNN. Mais « en l'état actuel des choses, nous critiquons cette approche, l'approche d'Israël », a ajouté le ministre qui, selon des sources israéliennes, avait annulé une visite en Israël, début septembre.