Gens du bien», telle est la traduction littérale de Ness El Kheir, qui, à vrai dire, est une expression typiquement algérienne. On pouvait aussi se baptiser Ness Mlah, mais ce terme a déjà été utilisé par un programme télévisé. 2010 a été une année charnière pour Ness El Kheir. Moment de naissance et d'entrée en pleine action, le collectif n'a pas hésité à chatouiller les consciences. La poignée de jeunes, qui a donné âme à cette association citoyenne, a largement répandu son appel à travers le territoire national. Des sections locales sont même créées dans les petites villes. Il n'existe pas de centralisme jacobin. Et pour la première fois, Ness El Kheir organise en ce mois de Ramadhan une opération de distribution de couffins aux familles nécessiteuses. Pour cela, un travail style «inspecteur Colombo» a été entrepris pour s'assurer de la véracité des besoins exprimés par des familles. «Nous avons mené nos propres enquêtes, puisque nous avons constaté que beaucoup de personnes nous ont fait parvenir de fausses informations», affirme Elias Filali, cofondateur de Ness El Kheir et coordonnateur national. Pour l'heure, Ness El Kheir s'est fixé un objectif pour la distribution de centaines de couffins, entre 200 et 300. «Nous sortons des villes. Nous nous rendons dans les coins les plus reculés du pays. Récemment, nous sommes allés dans un village, près de Larbatache, 60 km au sud-est d'Alger. C'est un no man's land. Sur les lieux, les couffins ont été donnés à ceux qui le méritent», explique Elias Filali. «Resto de la rahma» Ness El Kheir ne veut pas se substituer au travail des organisations officielles ou remplacer l'Etat, même si ce dernier distribue en réalité des miettes. Des convois de distribution sont prévus tout au long du mois. Les citoyens qui veulent donner un coup de pouce peuvent contacter les responsables via facebook. Le réseau social est une plateforme de communication entre les membres du groupe et ses ramifications. Tout le monde se passe le mot via internet. Les commandes et les besoins sont tout de suite communiqués à l'ensemble des membres de Ness El Kheir. A leur tour, ces derniers entament la collecte d'argent, de médicaments ou de denrées de base. Des Algériens qui vivent à l'étranger ont créé des groupes autonomes affiliés à Ness El Kheir. On peut citer les exemples de Ness El Kheir Montréal, Berlin, Paris et l'incontournable Marseille. D'autres citoyens ont entrepris des actions similaires pour marquer le point durant le mois sacré. Outre le Croissant-Rouge algérien, qui ouvre chaque année les restaurants de la miséricorde (mataîm errahma), des particuliers aisés font de même. Ils sont nombreux ceux qui ouvrent des locaux pour offrir des repas chauds aux pauvres, aux voyageurs, aux ouvriers, ou aux simples passants (abir essabil).