La Mauritanie fait face à « une invasion acridienne », rapporte l'agence APS qui cite le Centre national de lutte antiacridienne (CNLA) à Nouakchott. « Des populations acridiennes sont dispersées sur presque l'ensemble du pays. Ces populations sont en début de regroupement, notamment aux environs de Nouakchott et au Trarza (sud-ouest) », précise la même source. La Mauritanie aurait déployé des équipes de traitement dans toutes les zones infestées, ajoute-on. L'Algérie et l'ensemble des pays d'Afrique du Nord suivent de très près cette situation, a indiqué à El Watan Khaled Moumen, directeur général de l'Institut national de la protection des végétaux (INPV). Selon lui, on n'est pas encore arrivé au stade d'invasion même si les prémices d'un tel phénomène existent. « C'est une situation très normale pour cette période », signale-t-il d'emblée. Il ne faut pas pour autant minimiser la situation, a-t-il signifié en confiant : « Ce qui est un peu alarmant, c'est que c'est dispersé sur tout le territoire mauritanien. » « Le potentiel biologique existe. Il a beaucoup plu en Mauritanie de manière importante et régulière. Il y a eu installation d'un tapis végétal important », a-t-il expliqué. Les criquets se regroupent au niveau des taches vertes, a-t-il ajouté. L'Algérie est, a-t-il poursuivi, à l'affût mais « c'est aux Mauritaniens de mettre en place un dispositif contre toutes ces populations », a-t-il observé. M. Moumen relèvera qu'à l'heure actuelle, « on ne peut pas parler d'invasion ». On assiste à un début de regroupement qui va mettre du temps avant d'atteindre la phase grégaire qui ne pourrait intervenir que dans 2 à 6 mois. La Mauritanie a renforcé son dispositif en mettant en place des équipes de traitement dont le nombre est passé de 4 à 15, a-t-il noté. Le DG de l'INPV soulignera que le plus inquiétant est de se retrouver devant une situation de dessèchement de la végétation au centre de la Mauritanie. Les criquets risquent de monter vers le nord accentuant ainsi la menace pour l'Algérie. Ces insectes ravageurs ne pourraient atteindre l'Algérie qu'à partir du mois de février, a-t-il nuancé cependant. « On est en contact avec les services de lutte mauritaniens pour suivre l'évolution de la situation. Ils disent qu'elle est maîtrisée mais elle peut dégénérer à tout moment. On n'a pas une idée réelle mais d'ici la fin du mois d'octobre, on aura une vision plus précise », dira encore M. Moumen. Mais si l'Algérie se contente actuellement d'observer de loin, elle pourrait devoir intervenir dans le cas où les criquets se déplacent vers le nord. « Nous évaluerons le degré de dangerosité et si la situation est alarmante, nous allons envoyer des équipes en renfort en Mauritanie qui dispose elle-même de moyens conséquents par rapport à 2003 où l'on avait assisté à une invasion virulente. » Notre interlocuteur insistera sur le fait que la situation n'est pas alarmante en rappelant que le même cas de figure s'était présenté en janvier sans que cela prenne de l'ampleur et les Mauritaniens avaient réussi à stopper l'avancée des populations acridiennes. L'Algérie est préparée pour faire face au péril acridien, soutient M. Moumen. « On n'a un dispositif national qui est opérationnel dans les zones de survie à l'extrême Sud, notamment à Tamanrasset et Adrar. Nous avons aussi des moyens en quantités nécessaires dans d'autres wilayas du Sud où il y a des bases logistiques qui peuvent faire face à n'importe quelle situation », a-t-il assuré.