Monsieur Boukharouba, votre article publié par le quotidien El Watan du 26 juillet 2012, intitulé «C'est la mode en Algérie de dénigrer la période étatique», constitue une contribution au débat sur l'évolution de l'économie nationale et reste malgré tout un enrichissement au débat national, ce qui est positif afin de créer ce débat contradictoire enrichissant. Mon intervention à travers cet article n'est nullement destinée à dénigrer les secteurs privé et public ni à polémiquer afin d'amoindrir votre contribution. Mon point de vue sur la problématique sur le secteur étatique est que l'effort de l'Etat doit être orienté vers la planification stratégique macroéconomique de l'organisation économique du pays, que le marché doit être régulé et contrôlé pour permettre aux acteurs économiques d'activer dans un environnement juridique et institutionnel sain et équitable, et qu'enfin les consommateurs doivent être protégés à travers des mécanismes de contrôle de la qualité des services et biens offerts par les prestataires et producteurs privés et publics. L'Etat doit aussi mettre en place des politiques publiques de développement axées sur l'accroissement des richesses du pays, le développement des infrastructures de base et optimiser les qualifications des compétences nationales par la formation et la qualité de la main-d'œuvre algérienne. Le secteur privé doit être le noyau de l'initiative d'entrepreneuriat, de la création des richesses nationales, de l'innovation et de la croissance économique. Les deux secteurs doivent être complémentaires et stratégiques pour la préservation de l'économie nationale, à travers la réduction de la dépendance économique des importations et leur substitution par une production nationale et par une compétitivité qualité/coûts.Si votre analyse de l'apport de l'Etat au développement socioéconomique depuis l'indépendance reste défendable, analyse dont je partage certains points, je me permets d'émettre certaines remarques et certaines observations. – Le titre de votre article parle de «mode de dénigrement du secteur étatique», votre article verse malheureusement dans le même sujet de dénigrement, sauf que la cible est différente, votre choix s'est porté sur le secteur privé alors qu'il aurait fallu faire une analyse objective et scientifique à la grandeur de votre profil d'enseignant universitaire imbu de recherches critiques et constructives. – Le petit simple comptable que vous n'arrivez pas à nommer s'appelle Monsieur Rebrab, que vous incriminez comme profiteur et bénéficiaire de crédits bancaires non remboursés. Vos propos relèvent d'une analyse «de discussion de ragots, de terrasse de café ou de radio trottoir», loin des débats d'amphi d'intellectuels universitaires. – Sachez bien, M. Boukharouba, vous qui avez fait des études aux USA où des petites entreprises sont devenues des géants mondiaux qui doivent leur succès au génie de leurs créateurs, à leur efforts quotidiens, aux encouragements et facilitations des pouvoirs publics et enfin des banques qui les ont accompagnées en moyens financiers. – Les bénéficiaires de crédits bancaires non remboursés, vous les connaissez bien, ils courent derrières des immunités parlementaires et sont spécialisés dans la spéculation rentière, loin de tout investissement productif. – Le petit simple comptable sur lequel vous vous acharnez ne prend de ses gains annuels, comme dividendes, que 1%, le reste étant réinvesti en investissements productifs ou payé sous forme de cotisations fiscales et sociales. – Ce petit simple comptable emploie plus de 50 000 Algériens, exporte pour plus de 500 millions de dollars ; il est le 2e exportateur et le 2e contribuable après Sonatrach. – Ce petit comptable croit en son pays, crée de la richesse, ne dénigre jamais, mais parle beaucoup des obstacles dressés par les défenseurs de la rente. – Ce petit comptable est devenu grand par son abnégation, sa persévérance, sa modestie et son amour de son pays. Je vous recommande de lire l'ouvrage écrit par Tayeb Hafsi sur son itinéraire ; le titre reflète bien son parcours: Voir grand, commencer petit et aller vite. Enfin, je vous prie M. Boukharouba, de nous éclairer avec objectivité sur votre domaine de prédilection professionnelle, à savoir la formation universitaire. – Sur la qualité des connaissances acquises par les étudiants sortants de votre université en particulier et de l'université algérienne en général, du classement mondial de nos universités, de vos œuvres et publications et de leur utilisation par les opérateurs économiques. – Sur la rentabilité des montants alloués aux laboratoires de recherche et les travaux produits et exploités par le monde économique algérien. – Sur l'inadéquation des formations dispensées avec le monde du travail. Je vous renvoie à une déclaration récente de l'éminent professeur et économiste, le docteur Bahloul Mohamed, qui avançait que chaque étudiant sortant nécessite une formation complémentaire de 18 à 24 mois pour les sciences sociales et économiques, ce qui constitue un surcoût pour les PME. A préciser que cette durée est presque la même que pour obtenir un diplôme LMD ! Sans commentaire… – Parlez-nous des conditions de la faillite de 1200 entreprises publiques. Je pense que le simple petit comptable n'a jamais été aux commandes de ce pays pour être à l'origine de ce désastre. Votre article, malheureusement, n'est d'aucun apport scientifique pour le débat. Votre analyse verse dans le concept «socialisme rentier et soviétique», notamment quand vous utilisez le terme vulgaire de «serpent» dans un débat soi-disant scientifique, cela nous rappelle l'époque de «privé suceur de sang» et la fameuse phrase «appauvrir le riche pour le rabaisser vers le pauvre». Alors que le président chinois Deng Xiaoping exhortait son peuple à s'enrichir à travers sa fameuse déclaration «enrichissez-vous»… On connaît aujourd'hui la situation des deux pays, la Chine et l'Algérie. Le désastre n'est pas loin quand le dénigrement et l'obstruction sont la règle, alors que la sagesse l'encouragement sont l'exception.