Je connais Omar depuis suffisamment longtemps pour savoir que le débat qu'il souhaite est dépassé. L'expérience historique mondiale et celle, plus douloureuse, de l'Algérie, ont tranché. Nous ne sommes plus au stade des grands discours idéologiques. Si vous reprenez les archives de la période 1962 à 1965, notamment celles de l'Ugema/UNEA, vous remarquerez que moi et surtout mes amis de l'époque avions longtemps défendu les thèses que présente aujourd'hui Omar Aktouf. En particulier ces remarquables militants qu'étaient Mouffok, Zenine, Mahi, Djelloul Nacer, Labidis, Mekidèche, Benallègue, Medjaoui, Bensaddok et Khallaf, leurs aînés Zahouane et Harbi, et bien d'autres ont disserté sur le sujet de manière authentique et bien plus savante. A l'époque, nous étions tous jeunes et naïfs. Nous ne savions pas ce qu'était un pays, nous voulions l'inventer et surtout nous étions insouciants et stimulés par la Révolution. Nous avions du mal à reconnaître la réalité qui se dessinait devant nos yeux. Nous étions, comme Omar, idéologiques. Si je veux m'éloigner de ce débat stérile qui divise notre élite et notre jeunesse, je suis par contre tout à fait disposé à un débat intelligent, basé sur les faits. Depuis plus de six ans, je travaille avec des chercheurs du pays pour documenter ce qui se passe au plan du fonctionnement économique. Je peux donc en parler aisément. Voyons donc les faits en Algérie. De 1962 à 1965, nous avons essayé l'autogestion. Nous considérions cela comme une réalisation extraordinaire, le pouvoir au peuple. Krim et Sadeg (2010), dont je recommande l'étude, nous confirment le vrai résultat : «Le secteur nationalisé est occupé par 100 000 familles privilégiées, contre 7 à 8 millions de paysans déshérités.» Après le coup d'Etat de 1965, nous avons corrigé avec la Révolution agraire. Mais là aussi, par crainte du désordre, nous l'avons encadrée par une infrastructure bureaucratique qui a paralysé tout le monde. Pour acheter ses fournitures, pour vendre ses produits, le paysan, devenu fonctionnaire, devait remplir des formulaires, obtenir des autorisations pendant que son champ restait stérile. La production agricole a périclité au point que nous n'avons survécu que grâce aux importations qui, pour les produits alimentaires, sont passées de 12,7% à 21% des importations totales, entre 1970 et 1980. L'agriculture n'était de toute façon pas notre priorité, puisque nous avions les moyens de développer une industrie lourde qui pouvait devenir «industrialisante», c'est-à-dire stimulante pour le développement en aval. Elle aurait pu l'être si les idéologues avaient encouragé le secteur privé à mettre sur pied la multitude de PME nécessaires pour prolonger l'industrie lourde. Tout de même, de 1967 à 1977, la croissance a été forte (6 à 7%) et le chômage réduit considérablement (de 31 à 18%). J'étais sur le terrain dans les années 1970. Dans le domaine du pétrole, j'ai vécu l'enthousiasme considérable de cette génération de grands bâtisseurs du secteur public. Je peux attester de leur compétence et de leur dévouement. Les jeunes ingénieurs et techniciens rêvaient et réalisaient. Mais dans la deuxième moitié de la décennie 1970, ces bâtisseurs ont découvert avec stupéfaction le mépris que la centralisation bureaucratique avait de leurs efforts. Pour le centralisme étatiste, la règle était plus importante que l'objectif, plus importante que les personnes. Ils se sont tous démobilisés et, avec eux, est partie une industrie que nous avions construite en sacrifiant beaucoup de moyens précieux. Plus la machine bureaucratique générait des règles ridicules et impossibles à appliquer, plus elle perdait le contrôle de la situation. On assistait à des situations absurdes qu'on ne croyait possibles que dans les caricatures du système soviétique. Ce système kafkaïen n'a survécu que parce que des hommes d'Etat intègres comme Boumediène, Abdeslam, Ghozali et quelques autres lui ont prêté leur crédibilité. Parallèlement, la démobilisation avait atteint un point de non-retour et la corruption s'installa de manière définitive. Le socialisme avait mis à genoux la fière Algérie. La mort de Boumediène fut un désastre parce qu'elle n'a pas permis une transition raisonnée vers autre chose, comme ce fut le cas en Chine. Les dirigeants du moment, pressés d'en finir avec un système que tout le monde rejetait, sont allés à d'autres extrêmes. Ils ont détruit les seules bonnes choses qui avaient été construites dans la période précédente et livré le pays au désordre et à la gabegie. Le reste était inévitable. Les révoltes de 1988, la démocratie désordonnée, la violence de la décennie noire ont pavé le chemin de l'enfer. Les faits sont donc que l'Algérie, pays prometteur s'il en est, traîne dans tous les classements économiques, sociaux, politiques, éducationnels et même sportifs dans le monde. C'est un pays où il est très difficile de créer une entreprise, où les entreprises sont rançonnées par des administrations incompétentes, un pays où la corruption a atteint des niveaux jamais égalés. Rien ne se fait sans paiements illicites. C'est un pays où la différence entre le niveau d'aspiration des jeunes et les réalisations est telle que le désespoir est inévitable. Le désespoir est partout. Il s'exprime tous les jours par le biais des harraga et des suicides, phénomènes inimaginables jusque-là dans notre pays. Nos seuls domaines d'excellence sont en déliquescence. Sonatrach et Sonelgaz, des entreprises publiques phares, ont perdu une grande partie de leur savoir-faire, acheté par nos frères plus avisés du Golfe. Notre diplomatie, l'une des meilleures au monde, cède sous la pression des forces du désordre et paraît aujourd'hui perdue. Vous comprenez alors pourquoi le débat idéologique ne me paraît pas pertinent. L'Algérie a besoin de sortir du cycle de la destruction. L'Algérie a besoin de prospérité. Elle a besoin d'ordre. Elle a besoin d'être raisonnable et de construire. Qui peut faire cela ? Comment faire cela ? D'abord, le système public est sinistré. Il est discrédité et ne peut plus à la fois se restructurer et nous guider au plan économique. De plus, l'Etat n'est pas fait pour faire de la gestion économique directe. Celle-ci est trop diversifiée, elle a besoin de beaucoup de flexibilité et l'Etat est trop rigide. Toute l'expérience de l'humanité converge vers la nécessité du marché et de l'initiative privée. Le marché est important parce qu'il permet de coordonner les activités économiques et en cela fait mieux qu'aucune autre organisation. Le privé est le seul moteur disponible. Une lecture moins précipitée que celle que fait Omar Aktouf des auteurs qu'il cite lui montrerait que cela ne fait plus de doute. Ce sont des faits. Les Soviétiques ont échoué non pas parce que leur doctrine était mauvaise – cela je laisse le lecteur en décider – mais parce qu'ils avaient la prétention de remplacer le marché. Ils ont créé un système tellement massif qu'il s'est écroulé. On ne peut pas gérer la complexité par la centralisation bureaucratique. Omar Aktouf nous dit que les pays nordiques sont «socialistes». Il oublie de nous dire que dans ces pays, le marché est florissant et l'entreprise privée dominante. Le socialisme «à la scandinave» consiste à modérer les effets du marché en soutenant les plus faibles, en redistribuant la richesse et en étant plus proactif au plan stratégique. Je souhaiterais que l'Algérie soit socialiste comme cela. Quelle est l'expérience de l'Algérie avec les entrepreneurs privés ? Elle est clivée. Selon mes recherches, d'abord il y a eu une série de pseudo-entrepreneurs accrochés aux pouvoirs en place. Ceux-là obtenaient, grâce à leurs soutiens, des prêts mirifiques, destinés à des usines de production. Ils achetaient des équipements et utilisaient la surfacturation et la complicité de leurs fournisseurs pour détourner une bonne partie de leur prêt vers des banques internationales, avant de déclarer faillite. Certains, étaient honnêtes et désireux de construire, mais manquaient de compétences. Ils ne savaient pas compter et leurs stratégies étaient défaillantes. Ils ont coulé aussi. Plusieurs, comme Khalifa, ont étouffé parce qu'encouragés par un système qui ne comprenait pas grand-chose à l'économie, ils ont découvert et utilisé un schéma Ponzi (1). La plupart de ceux qui ont été soutenus et ont bénéficié de prêts douteux ont échoué. Ce qui n'est pas surprenant. Ces personnes n'étaient pas là pour créer de la richesse, mais pour s'enrichir vite et sauver leur peau. Comme leurs maîtres, ils sont pessimistes sur la capacité de l'Algérie à s'en sortir, alors ils font tout pour sauver leurs familles et parfois leurs amis. Ces pseudo-entrepreneurs sont en fait souvent des bandits, comme on en trouve partout. A côté de ces voleurs, il y a aussi un grand nombre d'entrepreneurs intègres qui travaillent dur pour créer de la richesse et développer la communauté. Je voudrais juste prendre trois exemples sur lesquels j'ai travaillé. Le premier est très connu, c'est Issad Rebrab. Ce «petit comptable» comme pensait l'injurier dans votre journal un porte-voix d'Omar Aktouf, a construit en 40 ans une entreprise de classe mondiale qui fournit des emplois de qualité à des milliers de jeunes Algériens. Cette entreprise a libéré l'Algérie des importations de sucre, d'huile, de verre plat, etc. et la préserve de la domination des multinationales dans ces secteurs. Elle est aussi devenue un exportateur majeur, le deuxième après Sonatrach. Le consommateur algérien bénéficie, grâce à Cevital, de produits de qualité supérieure à des prix qui défient toute concurrence. De plus, Cevital n'arrête pas d'investir ses cash-flows dans le développement de l'Algérie. Elle n'est freinée que par le système en place qui ne lui facilite pas la vie et craint que ses succès ne soient des sources de problèmes politiques. La famille Rebrab est toute mobilisée pour ce grand objectif de donner l'exemple et redonner confiance aux jeunes Algériens. Les Rebrab sont-ils des voleurs ? Dans le livre que j'ai écrit, j'ai mis tous les comptes d'exploitation et les bilans des entreprises créées par Issad Rebrab depuis 1975 jusqu'en 2011. Chacun peut consulter ces comptes qui sont audités et certifiés chaque année par un collège de commissaires aux comptes algériens et par un grand cabinet d'audit international. Vous découvrirez que cette entreprise a apporté au budget de l'Etat des milliards de dollars sous forme d'impôts et taxes et que Issad Rebrab a respecté la loi de manière sévère et rigoureuse. A cause de cela, son entreprise a été souvent victimisée. Quand je faisais mes recherches, il interdisait, sous peine de licenciement, à ses cadres dirigeants et à ses enfants de payer le moindre sou pour obtenir des faveurs de l'administration. Il me disait : «Si nous le faisions, nous serions finis comme les autres.» C'est pour cela que ses projets importants sont en attente d'approbation depuis des années. C'est pour cela que ce qu'il pourrait régler en une journée lui prend six mois et parfois plus. Le deuxième exemple est celui du groupe Benamor de Annaba. Laïd Benamor, ses frères et ses sœurs ont hérité d'une petite usine de concentré de tomates qui faisait 200 tonnes par saison. Ils voulaient eux-aussi utiliser le cash-flow généré pour grandir et développer leur région. Ils ont vite réalisé que le problème crucial était celui de l'approvisionnement en tomates. Dans la région de Guelma où leur usine se trouvait, les possibilités étaient limitées. Au lieu de baisser les bras, ils sont allés chercher la technologie en Espagne et, grâce à des agronomes algériens talentueux, ils ont entrepris de convaincre les agriculteurs de la région d'adopter ces technologies pour augmenter leur production. Le résultat aujourd'hui est spectaculaire. La région bourdonne d'activité. Elle est florissante et les Benamor produisent plus de 50 000 tonnes de concentré de tomates. Les Benamor ne se sont pas arrêtés là. Ils ont ensuite investi les domaines de la semoule, du couscous et des pâtes. Leurs moulins, de classe mondiale, leur permettent de fabriquer des produits de qualité supérieure à des prix qui défient la concurrence. Ils dominent leur marché et exportent. Sérieux et travailleurs, ils continuent d'investir lorsque l'Etat le leur permet. De plus, les Benamor sont des citoyens respectables. Ils créent des milliers d'emplois. Ils prennent soin de leurs travailleurs, de leur région. Ils payent des études aux enfants de la région, les récompensent quand ils réussissent et les recrutent après leurs études. Je sais que je dérange leur discrétion en disant tout cela, mais chacun peut vérifier cela. Les Benamor sont-ils des voleurs ? J'ai en main leurs comptes financiers audités et, bientôt, dans un livre qui sortira en 2013, chacun pourra faire la même vérification que pour Cevital. Ce sont des bâtisseurs qui ont redonné aux Algériens le contrôle sur des produits importants de leur alimentation traditionnelle. Le dernier exemple est celui du groupe Hasnaoui de Sidi Bel Abbès. Brahim Hasnaoui, un hydraulicien, a construit à la force des bras une entreprise de construction immobilière de première qualité qui s'efforce de répondre aux besoins de la région d'Oran et d'ailleurs. Il a développé une expertise en la matière qui fait de son entreprise un porte-flambeau de l'industrie nationale de la construction et une référence que les autorités elles-mêmes pourraient utiliser (et parfois utilisent) pour comprendre l'industrie et sa dynamique. La construction, c'est d'abord et avant tout un savoir-faire important en matière d'organisation et de management. Ce savoir-faire B. Hasnaoui l'a développé depuis le milieu des années 1970 dans les domaines de l'hydraulique, de la construction de logements et de bâtiments majeurs, dans les matériaux de construction spécialisés, dans la réalisation de panneaux décoratifs, dans l'architecture en réalisant des dizaines de projets importants, en compétition avec des entreprises internationales majeures. Aujourd'hui, ce savoir-faire est mis en œuvre dans la construction d'un quartier nouveau à Oran où, réagissant aux pratiques désordonnées de la construction à grande échelle, il a voulu construire pour améliorer le style de vie des résidents tout en respectant les traditions et pratiques des Algériens. Cette œuvre de grande qualité, le projet immobilier El Ryad d'Oran, concentre en son sein tout le génie créatif du groupe Hasnaoui. Il se veut un retour à la culture du quartier où l'espace d'habitat est un espace de vie, de convivialité et d'épanouissement. Le groupe Hasnaoui a décidé de doter le site de tous les équipements publics nécessaires : écoles, CEM, lycée, technicum, salle omnisports, complexe sportif, piscine, centre de soins, sûreté urbaine, jardin public, hôtel, tour administrative, mosquée, centre de remise en forme et même des bureaux, des galeries marchandes standardisées (par souci de libérer les commerces et éviter de clochardiser la cité) et un parking. L'accès à internet à haut débit est généralisé. Bref, un espace où il fait bon vivre à l'algérienne. Après les premiers succès dans la construction immobilière, le groupe Hasnaoui est aujourd'hui surtout un moteur d'innovation et de technologies nouvelles, couvrant un large spectre des techniques de construction. En partenariat avec de grandes entreprises étrangères, il développe la technologie la plus avancée et forme de jeunes cadres dans tous les domaines de la construction. Toujours préoccupé par le devenir de son univers d'origine, il a mis sur pied une filiale de développement agricole, réalisant des travaux multiples d'étanchéité, d'irrigation et même de développement de plants maraîchers et d'aquaculture, notamment pour les algues. Brahim Hasnaoui, un homme sobre, besogneux et plein d'émotion, est tout imprégné de son pays. Il crée des milliers d'emplois et fait progresser le pays dans la voie de la maîtrise de domaines importants. Est-il un voleur ? Les comptes de l'entreprise Hasnaoui sont transparents et chacun peut les vérifier. Le style de vie et les valeurs de cet entrepreneur sont une attestation de son désir d'apporter sa pierre à l'édification de son pays, en aidant les Algériens à récupérer leur espace de vie traditionnel. Ce ne sont là que quelques-unes d'un nombre important d'entreprises privées productives qui apportent des contributions réelles à la structuration de l'économie algérienne. Ces entreprises non seulement génèrent des emplois et payent leurs impôts, mais elles sont aussi disponibles pour porter assistance à l'Etat dans les situations d'urgence. Lorsque le pays fut surpris par la neige l'hiver dernier, ce sont ces entreprises qui, devant le manque de préparation des services publics, fournissaient des services à la population et apportaient l'assistance dont elles étaient capables. Les camions de Cevital, les sous-traitants de Benamor, les moyens de Hasnaoui et de tous les autres ont été mobilisés pour livrer du gaz, secourir des familles, soulager les plus isolés. On comprend alors pourquoi faire l'amalgame entre les pseudo-entrepreneurs et les entrepreneurs qui construisent le pays est une grande injustice et un désastre pour le pays. Les entrepreneurs sont certes mus par la perspective du profit, mais cela est légitime car seul le profit permet la croissance. Les questions importantes sont : respectent-ils la loi ? Payent-ils leurs impôts ? Sont-ils compétitifs ? Créent-ils des emplois stables ? Ont-ils des comportements citoyens ? Construisent-ils le tissu économique de l'Algérie ? Pour une vingtaine d'entreprises citoyennes que j'ai identifiée et sur lesquelles j'ai fait des débuts de recherche, je peux répondre par l'affirmative. En général, cependant, les réponses à ces questions sont directement liées au cadre institutionnel. C'est la mission de l'Etat de construire les institutions pour que de plus en plus d'entreprises répondent par la positive à ces questions. Ainsi, on peut maintenant reparler des commentaires d'Omar Aktouf. La position d'Omar étant idéologique, elle ne change pas d'un endroit à l'autre. Il défend la même position au Canada, en France ou en Amérique latine. Son idéologie n'a que faire de la réalité d'un pays ou d'un autre. Il a décidé de partir en guerre contre le capitalisme international et l'impérialisme, et je comprends cela. La réalité de l'Algérie est plus prosaïque. Le pays est à genoux et a besoin de se construire. Il ne peut faire cela en perdant du temps sur des questions peu pertinentes. Il ne peut le faire que si les jeunes du pays prennent confiance et, comme le font les entrepreneurs productifs, bousculent l'Etat de manière constructive pour réaliser leur pays et enfin le libérer de la misère et du mal-être. J'ai un double espoir. D'abord que Omar Aktouf, en professionnel responsable, reconnaisse cela et contribue à renforcer la confiance de la jeunesse algérienne et son désir de conquérir le monde, au lieu de l'inciter à la haine mutuelle. Ensuite, que les jeunes eux-mêmes fassent la différence entre les voleurs et les bâtisseurs, et c'est notre rôle en tant que chercheurs de les y aider. Nous avons fait suffisamment d'erreurs dans le passé. Nous devons apprendre de ces erreurs et ne pas les répéter. Les idéologies fumeuses (pseudo-religieuses ou doctrinales) ont été et restent un malheur pour ce pays. J'espère que nous saurons les reconnaître et les sortir de notre vie pour les mettre à leur place : dans les livres pour la réflexion des chercheurs. Les jeunes de ce pays ont encore le temps de reprendre les choses en main. Ils peuvent et doivent valoriser l'effort, comme le leur suggèrent ces entrepreneurs que nous évoquions. Ils peuvent eux-mêmes devenir entrepreneurs, mais aussi et plus simplement ils peuvent rêver à être les meilleurs dans ce qu'ils font. Etre le meilleur menuisier, le meilleur boulanger, le meilleur plombier, le meilleur coureur du 1500 mètres, ou un entrepreneur productif est constructif, donne du sens à la vie et mène au bonheur. C'est cette vision optimiste et conquérante plutôt que les propos pessimistes des idéologues qui devraient les inspirer. (1) Du nom de l'italo-américain Charles Ponzi qui l'inventa : un schéma qui consiste à attirer les clients-investisseurs en leur promettant un rendement extraordinaire qu'on honore au début en utilisant l'afflux des nouveaux investisseurs attirés par l'enrichissement facile. Ce fut le modèle utilisé récemment par le célèbre fraudeur américain Bernard Madoff