Les véhicules vétustes, les bus cahotants ou les tacots fumants seront bientôt bannis du parc automobile algérien et n'auront plus droit de cité sur nos routes. Le sous-directeur de la circulation routière au sein du ministère des Transports, Tahar Messaoud Nacer, l'a réaffirmé hier sur les ondes de la Chaîne III. Ces véhicules, dont le retrait se fera de manière progressive, selon ce dernier, seront jugés en fonction de leur état, de leur moyenne d'âge et du nombre de kilomètres affichés au compteur, PV du contrôle technique à l'appui. Cette mesure concernera en priorité les véhicules de transport en commun et les camions de transport de marchandises, dont on a pu constater la dangerosité de par le nombre croissant d'accidents de la route dont ils sont la cause. De même, les voitures, bus ou camions vieux de plus de trente ans seront eux aussi visés par ce retrait. Ils peuvent être « à l'origine d'accidents, en raison du manque de professionnalisme, conjugué à l'utilisation de pièces de rechange contrefaites », a expliqué le cadre, ajoutant que ces véhicules sont considérés comme « largement amortis ». L'on peut imaginer que cet assainissement « progressif » sera long tant il concerne une proportion effarante d'un parc routier national vieillissant. Ainsi, selon les données de l'Office national des statistiques (ONS), à fin 2006, il a été dénombré plus de 2 millions de véhicules, tous types confondus, dont l'âge était de 20 ans et plus. Ce projet de loi équivaudra donc à expurger le parc roulant de près de 60% des automobiles et autres engins motorisés considérés, et à raison, comme autant de « dangers ambulants ». Toutefois, afin de mener à bien cette tâche, les autorités compétentes se trouveront assurément confrontées à un écueil de taille : le laxisme, parfois avéré, des centres de contrôle technique. L'on se remémore un accident de bus, s'écrasant contre un arbre l'année dernière, tuant plus d'une dizaine de passagers. Le véhicule présentait plusieurs anomalies, comme un essieu rafistolé avec du fil de fer. Pourtant, il venait d'effecteur son contrôle technique annuel et était en possession d'un PV certifiant son aptitude à rouler. Ce centre avait évidemment été fermé, mettant toutefois à nu l'étendue des failles que présente cette activité. Sur les quelque 8 millions de véhicules, tous genres confondus, contrôlés depuis février 2003, seuls près de 200 000 ont fait l'objet d'une immobilisation. Ajouter à cela la conduite dangereuse, et c'est peu dire, des conducteurs algériens, l'état déplorable des routes, la formation insuffisante prodiguée par les auto-écoles. Faut-il, dès lors, s'étonner du nombre exponentiel des accidents de la circulation ? L'Algérie, qui a atteint un seuil critique en la matière, affirme M. Tahar Messaoud, a ainsi enregistré plus de 4000 morts en une année et la tendance semble aller crescendo. Ces dernières semaines, les bilans de la gendarmerie ne s'établissent plus par mois, mais par semaine, voire par journée. Hier encore, 13 personnes ont trouvé la mort et 41 autres ont été blessées à travers le territoire national. L'accident qui a fait le plus de victimes – 3 décès – est le fait d'un autocar de transport collectif, dont le chauffeur a perdu le contrôle et qui a percuté un véhicule léger venant en sens inverse. Ces victimes viennent alourdir un bilan déjà effrayant : 47 morts et 704 blessés dans 542 accidents en une seule semaine, du 4 au 10 octobre.