Après le consensus qui s'est dégagé entre le gouvernement et l'UGTA sur l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, le statut de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, va fondamentalement changer dans la pratique. Les prérogatives qu'elle exerce pour le compte de l'Etat dans la gestion du domaine minier lui seront supprimées et affectées à une nouvelle structure prévue par le projet. La nouvelle institution sera organisée en forme d'agence : Alnaft. Elle aura à gérer les contrats avec les compagnies internationales. Ainsi, toutes les fonctions que remplissait Sonatrach pour le compte de l'Etat, comme les avis d'appel d'offres, les négociations des contrats d'exploration ou de développement..., seront transférées à l'agence. Si Sonatrach va perdre son monopole, il sera en réalité transféré à « une deuxième Sonatrach ». C'est en quelque sorte le même schéma qui a déjà été expérimenté dans le secteur des télécommunications avec la séparation des rôles et la création d'Algérie Télécom et de l'ARPT. Ainsi, Sonatrach sera créée une deuxième fois. Mais cette fois, elle aura le statut de groupe pétrolier qui ne s'exprimera plus au nom de l'Etat et qui n'agira plus en son nom, même si ce dernier reste le propriétaire unique. La compagnie aura à se concentrer sur son métier de base : créer la richesse en développant ses réserves en Algérie et à l'international et en produisant plus pour procurer à l'Etat les moyens nécessaires pour financer le développement. Si Sonatrach va gagner en flexibilité, d'un côté, de l'autre, elle va perdre l'« avantage géologique » puisqu'elle devra soumissionner au même titre que les autres compagnies internationales pour acquérir des blocs. Toutefois, le gouvernement s'est engagé à ne pas porter atteinte au patrimoine actuel détenu par Sonatrach, qu'il s'agisse des puits, périmètres, canalisations ou autres. De plus, elle disposera de la possibilité d'être partenaire jusqu'à 30% sur toute nouvelle découverte faite par une compagnie internationale lorsque Sonatrach elle-même n'est pas contractante. Les avis sont partagés au niveau de l'opinion sur cette séparation des rôles. Pour les uns, Sonatrach doit devenir, comme toutes les compagnies pétrolières, un groupe pétrolier capable de concurrencer les autres et elle en a les moyens. Pour les autres, la compagnie nationale n'est pas encore prête à affronter la concurrence et elle pourrait y laisser des plumes. Mais ce qui est sûr, c'est que la réforme en elle-même, que mène le pays, doit amener les entreprises à se concentrer sur leurs métiers de base et l'Etat à jouer son rôle de régulateur. Selon le calendrier officiel, la nouvelle loi devrait être adoptée en avril. Et à partir de mai, le statut de Sonatrach changera même si elle est déjà une SPA (société par actions) depuis 1998. Après quarante ans d'existence, la compagnie, qui avait été créée pour gérer un oléoduc (Haoud El Hamra-Arzew), est devenue un groupe pétrolier de taille mondiale (classée 11e en 2002). Elle est classée première entreprise sur le continent africain. Elle est le deuxième exportateur mondial de GNL et de GPL et troisième pour le gaz naturel. En 2004, elle a réalisé un chiffre d'affaires record à l'exportation avec 31,5 milliards de dollars. La production primaire, qui augmente d'année en année, a été de 222,5 millions de tonnes équivalent pétrole, soit l'équivalent de 5 millions de barils par jour (mb/j). Les activités de Sonatrach sont supérieures à 30% du PNB. Et elle procure plus de 60% du budget de l'Etat. En 2004, Sonatrach a versé 1559 milliards de dinars au Trésor public au titre de la fiscalité pétrolière. Avec près de 120 000 travailleurs, Sonatrach est un véritable groupe pétrolier intégré avec des filiales dans l'exploration, le raffinage, la commercialisation, le stockage, les services aux puits, etc. Sur le plan international, elle est déjà présente dans plusieurs pays dans l'amont et l'aval, en Espagne, au Pérou, en Libye, en Afrique. Elle est l'un des principaux fournisseurs de gaz à l'Europe et elle renforce actuellement sa position sur le marché américain. Parmi ses grands objectifs figure l'augmentation de ses réserves en dehors de l'Algérie où elle vise déjà le niveau de 1 500 000 b/j de pétrole brut pour cette année.