La vie politique et partisane nationale est rythmée par les échéances électorales. La tenue en novembre prochain des élections locales a, comme de coutume, fait sortir les formations politiques de leur léthargie. Pour tenter de capter l'électorat qui ne s'en laisse plus conter aussi facilement, comme l'attestent les chiffres de l'abstention record aux dernières élections législatives, les chefs de parti ressortent, en prévision des prochaines élections locales, la même antienne ; le même discours suranné sur la nécessité du choix rigoureux des candidats et des candidates qui doivent présider aux destinées de nos assemblées locales élues. «L'homme qu'il faut à la place qu'il faut», disait-on naguère du temps du parti unique. Le niveau pitoyable de la cuvée de la présente législature, relevé par les commentateurs qui ont suivi le débat général autour du plan d'action du gouvernement actuellement en débat à l'APN, a jeté un grave discrédit sur l'institution et sur les représentants élus d'une manière générale. L'électeur ne peut qu'être sceptique et rétif à ces nouvelles professions de foi qui vont alimenter de nouveau le discours de campagne électorale des formations politiques. L'expérience malheureuse mais prévisible (préméditée ?) des dernières élections législatives, où l'argent avait pollué et dévoyé l'acte électoral, avait choqué les honnêtes citoyens sans que rien, ni personne n'ait pu arrêter cette grave dérive des mœurs politiques qui intervient dans un contexte de délitement politique et de démission générale de l'Etat. Des sièges de députés se sont monnayés à coups de sacs d'argent au détriment des nobles critères qui fondent la mission d'un élu qui est de servir la collectivité. La gestion locale requiert de nos jours des compétences, un encadrement élevé, une disponibilité de tous les instants, un dévouement exemplaire et une réactivité pour être constamment à l'écoute des préoccupations des citoyens. Elle requiert aussi, dans ce nouveau contexte de pluralisme et de «démocratie locale», un effort soutenu de la part des formations politiques siégeant au sein des assemblées élues locales afin que l'intérêt des citoyens et de la collectivité prime en toute circonstance sur les intérêts partisans. La cohabitation au niveau local a, dans de nombreux cas, été vécue comme un frein et un facteur de blocage des assemblées élues locales. Les plaintes en justice émanant des collectivités locales ont meublé l'agenda des tribunaux. Gel des activités des conseils communaux, retrait de confiance des élus et voie de fait sont devenus presque une seconde nature dans la gestion de nos communes et collectivités locales. Plus de 200 présidents d'APC font l'objet de poursuites judiciaires. Les communes se sont montrées incapables de prendre en charge une tâche basique de la gestion de nos cités : le ramassage des ordures ménagères. Nos villes se sont ruralisées et clochardisées et nos villages se meurent et manquent du minimum vital : des bouteilles de gaz butane pour affronter les rigueurs de l'hiver. C'est dans ce contexte de rupture totale de la confiance ente les élus locaux et les citoyens qui s'expriment à travers les mouvements de contestation autour des problèmes d'emploi, de logements, de routes, et de tout ce qui fait la vie d'une commune de notre siècle que vont se dérouler les prochaines élections locales.