Le projet de loi de finances 2010 consacre officiellement l'augmentation prochaine du SNMG et prévoit une enveloppe de 230 milliards de dinars pour les incidences de la révision du Salaire national minimum garanti (SNMG) et de la mise en œuvre du nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires. La mesure par laquelle le gouvernement semble anticiper sur la tripartite – pour ce qui est de la revalorisation du SNMG – est tout de même bien accueillie par les chefs d'entreprise qui attendent, en contrepartie, de voir le gouvernement se pencher sur la situation des entreprises et aborder plus globalement la politique salariale et l'environnement économique. Pour M. Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), « le gouvernement n'a fait que confirmer une décision du chef de l'Etat annoncée le 24 février 2009 à Arzew et personne ne peut aller, sur le principe, à l'encontre d'une revalorisation qui bénéficiera certainement aux salariés qui n'arrivent pas à faire face à la cherté de la vie avec un SNMG à 12 000 DA ». Pour M. Naït Abdelaziz, c'est la tripartite qui décidera cependant de l'enveloppe à consacrer à cette augmentation et donc du taux de revalorisation du salaire minimum. « Certains parlent de 15 000 DA, d'autres de 18 000 DA, mais jusqu'à présent ni le patronat ni l'UGTA n'ont fait de proposition concrète à ce sujet », note le président de la CNPA, qui estime que « les entreprises privées du secteur formel se sont toujours conformées à la loi mais elles demandent en contrepartie que les contraintes auxquelles elles font face soient prises en compte par les pouvoirs publics ». « Il faut éviter que les augmentations de salaires décidées de manière isolée, sans prise en compte des problèmes des entreprises, alourdissent leurs charges et soient donc contrebalancées par des augmentations des prix », avertit par ailleurs le président de la CNPA, qui met en garde contre « le cercle vicieux » de l'augmentation des salaires d'une part et la hausse des prix d'autre part. Pour pallier cette situation, le président de la CNPA propose au gouvernement de « mettre en place une commission de réflexion autour de la politique salariale, afin de la repenser de manière globale et de lier les salaires à la productivité et aux capacités des entreprises ». Interrogé sur le même sujet, Slim Othmani, membre du Forum des chefs d'entreprises (FCE) et général manager de NCA Rouiba, estime que « la revalorisation du SNMG est demandée par tous et souhaitée à tous les niveaux » afin de rehausser le pouvoir d'achat des salariés. Cependant, fait remarquer M. Othmani, le SNMG n'est pas à isoler d'une véritable politique salariale de l'entreprise. « Pour que la relation de travail soit sereine, il faut revaloriser les salaires mais également réhabiliter la valeur du travail », souligne-t-il, tout en proposant « une réforme du code du travail en concertation avec les partenaires sociaux afin de clarifier les règles du jeu entre employeurs et employés ». Donnant son avis plus globalement sur le projet de loi de finances 2010, M. Naït Abdelaziz estime « courageuses » les mesures prises par le gouvernement, compte tenu de la crise financière internationale et de la baisse de 50% des recettes des exportations d'hydrocarbures en 2009. Le président de la CNPA estime que les enveloppes conséquentes dégagées permettront de maintenir le pouvoir d'achat des citoyens et de poursuivre les grands chantiers engagés dans le pays. Selon lui, si le projet de loi de finances 2010 prend en charge les préoccupations du secteur économique et social, c'est aussi grâce à un fonds de réserve qui permet au pays de faire face aux dépenses engagées et à celles projetées pour 2010. Le président de la CNPA fait remarquer cependant que la croissance hors hydrocarbures tarde à se manifester et qu'il y a également crainte de voir la crise persister et les recettes du pétrole chuter, ce qui nécessite, selon lui, « la mise en place d'un comité de veille auquel prendraient part, aux côtés du gouvernement, les acteurs du secteur économique ».