Les pénuries d'eau potable continuent de constituer la principale préoccupation voire même un calvaire des villageois de Bouzeguène, sur les hauteurs de la montagne, à une soixantaine de km à l'est de Tizi-Ouzou. La quasi majorité des villages souffre terriblement du manque de cette denrée vitale. Des pénuries qui empoisonnent le quotidien des habitants de la localité. Les cantines des établissements scolaires fonctionnent avec des citernes parfois rouillées. Conséquences de cela, on retrouve dans les cartables des élèves, en plus des lourds articles scolaires, une bouteille d'eau. A Houra c'est un enseignant qui approvisionne le CEM avec son véhicule pour faire fonctionner la cantine. Alors que certains villageois reçoivent l'eau tous les 15 à 20 jours, d'autres sont restés à sec depuis plus de trois mois, en raison d'un réseau défectueux qui ne ramène plus l'eau dans les quartiers, conséquence de négligence. Des dizaines de fuites d'eau sont recensées sur l'ensemble du réseau principal et sur les réseaux de distribution. Le garage de l'ADE est rempli de carcasses de véhicules inutilisables. Des quartiers sont entièrement oubliés suite à des défaillances dans les vannes qui ne s'ouvrent plus. Elles tournent dans le vide. « Qu'attend-on pour venir réparer les vannes détériorées, colmater les de fuites d'eau et changer les dizaines de compteurs cassés ? Ils viennent ramasser l'argent et puis plus rien», s'indigne un habitant. Les agents du réseau auraient signalé ces pannes, mais l'ADE n'a pas jugé utile de remplacer ces vannes qui datent de plus de trente ans pour certaines. D'autres villages ou ensembles d'habitations, à l'image du plateau de Loudha Guighil, sont livrés à eux-mêmes. Quelques heures d'alimentation en eau tous les 20 à 30 jours, avec des attentes toutes la nuit. Les habitants de la cité crient à l'abandon. «Ni l'ADE, ni les autorités locales ne nous prêtent l'oreille. Il faut chaque fois aller remplir les jerricans à partir des lointaines fontaines où il faut aussi faire la chaine, pendant au moins une heure», nous a expliqué un habitant de la cité, logé au 5e étage du bâtiment. Pour cette cité comme pour tous les villages de la commune de Bouzeguène, aucune solution ne se dessine.D'année en année, le problème de l'alimentation en eau potable s'accentue. Aucun projet de renforcement du débit existant ou d'adduction d'une nouvelle source n'est prévu. La seule source d'Aderdar, captée à la fin des années 1970, ne suffit plus alors que la population a plus que doublé. Un programme de renouvellement de la chaine d'Aderdar de 25 milliards de centimes, entamé en 2006, est laissé à l'abandon. Mis à part le réservoir de 1500 m3 réalisé à Aït Ikhlef, la nouvelle conduite principale est abandonnée depuis six ans, à moins d'un kilomètre du chef-lieu. La population de Bouzeguène subit ainsi le cruel destin de subir le parcours du combattant afin d'aller chercher cette denrée rare dans les puits ou dans des fontaines en dépit du fait que l'eau de certaines d'entre-elles est impropre à la consommation. Les plus nantis, par contre, préfèrent louer des citernes tractables à 2000 dinars.