La gestion désastreuse de l'eau potable dans plusieurs localités, comme Bouzeguène et Azazga, est devenue intenable pour la population. Les villageois de la commune de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi-Ouzou) continuent de souffrir des pénuries d'eau potable desservie à ce jour avec le même programme d'alimentation installé en juillet dernier. La population locale ne sait plus à quel saint se vouer face à aux restrictions qui lui sont imposées depuis plusieurs années. Les citoyens ne finissent pas de stocker ce précieux liquide dans des citernes et des jerricans. Certains ménages possèdent jusqu'à quatre citernes installées sur des terrasses ou dans les caves. Chaque été, dans de nombreux villages, c'est le branle-bas de combat pour un hypothétique filet d'eau. Certains quartiers se retrouvent carrément en rupture d'eau pendant tout l'été. Les fontaines publiques qui sont le salut des villageois pour faire face aux pénuries, sont fortement prises d'assaut. A Bouzeguène, les pénuries se prolongent même en hiver quand les responsables de l'ADE doivent toujours fermer l'eau pour un secteur de la commune pour alimenter un autre. Aussi paradoxal que cela puisse paraître et alors que des torrents d'eau résultant des fortes averses de pluie inondent les routes, débordent sur des habitations et provoquent des glissements de terrain, les ménages, eux, souffrent le calvaire des robinets à sec. Souvent après les pluies, c'est de l'eau trouble qui coule dans les robinets. Dans certains quartiers, on suspecte les infiltrations des eaux usées en raison de la promiscuité des réseaux d'assainissement et d'eau potable. On se rappelle tous qu'à trois reprises, entre 2000 et 2010, des quartiers de Bouzeguène ont vécu le problème de cross connexion. C'est l'odeur nauséabonde de l'eau qui coulait dans les robinets qui a mis en doute les citoyens avant d'alerter les services concernés. Des eaux usées, en effet, se sont infiltrées dans le réseau d'eau potable provoquant une alerte générale des services d'hygiène, ceux de la police et du laboratoire de wilaya. Tout ce danger n'est pas du tout écarté et l'eau pourrait à tout moment être infectée. C'est l'une des raisons pour laquelle s'impose le renouvellement de tous les réseaux d'eau potable. Entièrement corrodée, la conduite principale ne cesse de faire l'objet de grosses fuites d'eau sur une dizaine de km entre Aït Zikki et Loudha Guighil. Le réseau fait l'objet aussi d'un grand piratage sur toute sa longueur. Au début de l'année 2000, on estimait à quelque 150 le nombre de piquages opérés à proximité des habitations. Les autorités sont au courant mais préfèrent ne pas intervenir en attendant l'hypothétique renforcement de la conduite à partir du barrage de Sidi Khelifa (Azzefoun) qui est toujours au stade d'étude. . La population de Bouzeguène est pour l'heure divisée entre ceux qui payent l'eau et ceux qui refusent de s'acquitter de leurs factures tout en procédant à la fermeture de l'ADE pour réclamer leur part de ce précieux liquide. Il y a ceux qui sont branchés à la principale et qui ont de l'eau H 24 durant au moins la moitié de la semaine alors que le reste de la population fait la queue devant les fontaines ancestrales pour remplir les jerricans. Le calvaire continue pour la population de Bouzeguène et le recours aux jerricans et aux citernes est devenu incontournable.