La crise que vivent les villages de Bouzeguène dépasse l'entendement. Si des robinets sont à sec depuis deux semaines, certains foyers n'ont pas reçu une seule goutte d'eau depuis plusieurs semaines. "Ces pénuries n'existent nulle part ailleurs, même dans les régions les plus reculées d'Afrique", dira un jeune villageois qui a séjourné plusieurs années au Burkina Faso. Pourtant, la commune à bénéficié, depuis 2001, de plus de 75 milliards de centimes pour améliorer les capacités hydriques des villages afin d'assurer la disponibilité de l'eau dans les robinets. Malheureusement, les villages sont soumis à un rationnement depuis juillet. Les citernes remorquées par des tracteurs ne s'arrêtent pas à longueur de journée. Il faut s'inscrire pour avoir la chance d'être servi même à minuit. "Le comble c'est qu'on ne sait même pas d'où provient cette eau, car le chauffeur du tracteur vous indiquera que l'eau n'est bonne que pour se laver ce qui prouve qu'elle est d'origine douteuse", fulmine un habitant de Loudha. Dans les centres urbains comme dans les villages, tout le monde est sur les nerfs. "Où allons-nous remplir nos jerricans ? Toutes les fontaines sont assiégées. Il faut attendre des heures pour remplir deux jerricans. Nous n'avons même pas de quoi faire la vaisselle. Mes enfants ne se sont pas lavés depuis deux semaines. Les sanitaires sont sales. On ne sait pas quand l'eau revient et même dans ce cas, elle n'arrive pas à l'étage puisque des citoyens ont installé des citernes de 3000 litres à l'extérieur du bâtiment", tonne une mère de famille en pleurs. Depuis début juillet, les villageois sont déboussolés par un affichage insensé qui rassure les citoyens, mais c'est une tromperie, car ce sont les surveillants de réseau qui imposent leur loi. Le directeur de l'ADE de Bouzeguène tente de maîtriser la situation, mais n'y parvient pas, car il fait face à une population excédée par l'indisponibilité de l'eau. Pour tempérer leurs ardeurs, on a évoqué dernièrement le sabotage des vannes à Aït Zikki au captage d'Aderdar. Une enquête menée par les services de sécurité a abouti au fait qu'aucun citoyen d'Aït Zikki n'a accédé, ni manipulé les vannes. Cette situation déplorable ne date pas d'hier, car chaque année, la population revit le même problème alors que les responsables des eaux tentent d'apaiser la colère des villageois : "Patientez, les vacanciers vont bientôt rentrer chez eux et cela va changer dès l'arrivée des premières pluies de l'automne". Depuis 2010 trois responsables de l'ADE de Bouzeguène, accusés de mauvaise gestion, ont été limogés, mais la situation est toujours déplorable. Enfin, rappelons qu'un projet de renforcement de l'alimentation en eau potable avec le forage de trois puits à Boubhir, entamé en janvier 2015 et devant être réceptionné en juin de la même année ne sera même pas opérationnel en 2017. KAMEL NATH OUKACI