Les autorités de la wilaya d'Alger ont pris la décision d'interdire l'accès du marché de gros de Semar aux camions de 2,5 tonnes et plus entre 7h du matin à 20h. Les services de la police étaient postés, hier matin, aux entrées de ce marché où activent plus de 800 opérateurs. La décision, qui a pris de court les grossistes et leurs fournisseurs, est contestée par l'UGCAA, qui y a un vu une «mesure précipitée qui risque d'avoir des conséquences sur les prix». «Le marché de Semar est le plus gros pourvoyeur du pays en produits agro-alimentaires. Plus de 50% des produits écoulés en Algérie transitent par ce marché informel. Nous craignons qu'une telle décision puisse avoir des répercussions sur les prix des produits alimentaires, comme les légumes secs, très demandés en cette période hivernale. Les grossistes, avec lesquels je me suis entretenus ce matin, m'ont affirmé qu'ils seront obligés pour compenser leurs pertes d'augmenter les prix. Les camionneurs, qui effectuent deux rotations par jour, n'en effectueront qu'une seule. Le grossiste, qui paie par exemple 3 millions pour un camion de gros tonnage, louera les services de deux ou trois petits camionneurs qu'il doit payer à près de 2 millions chacun. Ces dépenses supplémentaires seraient compensées par l'augmentation des prix», estime Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Une décision similaire a été prise ces derniers mois, mais les autorités ont été obligées d'y surseoir après les protestations des grossistes. L'Ugcaa, qui a défendu la décision de démantèlement du marché situé à l'est d'Alger, trouve que les autorités doivent trouver «une bonne alternative», au lieu d'engager «un bras de fer inutile» avec les commerçants. «Les pouvoirs publics ont décidé de délocaliser, comme nous l'avons nous-mêmes souhaité, le marché de Semar. Sauf que le marché de gros d'El Harrach vers lequel devraient être délocalisés les commerçants ne dispose que de 130 locaux (112 locaux, selon la présentation faite, à la veille du mois de Ramadhan, au ministre du Commerce,Mustapha Benbada, ndlr). De plus, ce marché, aménagé sur une superficie d'à peine deux hectares, se trouve au milieu d'habitations et, le plus aberrant, à proximité de l'hôpital Zmirli», s'étonne le porte-parole. Une solution se présente, relève le porte-parole de l'Ugcaa : le transfert des grossistes vers le marché de produits agro-alimentaires de Kharouba à Boumerdès, d'une superficie de 17 hectares. «Le marché de Kharouba est le mieux adapté à ce genre d'activités. Il est situé à 2 km à peine de l'autoroute et dispose de 549 locaux. Il a aussi deux entrées et quatre sorties», précise M. Boulenouar. La proposition ne semble toutefois pas agréer les autorités locales de la wilaya de Boumerdès : le Centre national du registre du commerce ne délivrerait pas de registres aux commerçants «sous prétexte que la situation administrative du marché n'est pas réglée». «L'Ugcaa propose la mise en place d'une commission interministérielle qui réunirait les ministères du Commerce et de l'Intérieur. Les directeurs du commerce des deux wilayas devraient se réunir et trouver une solution rapide à ce problème national», relève le porte-parole de l'Union.