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Scepticisme des Palestiniens
Proche-orient
Publié dans El Watan le 23 - 02 - 2005

La décision du cabinet israélien, dimanche 20 février, d'entériner le plan de désengagement unilatéral d'avec les Palestiniens, communément appelé plan de Sharon, n'a presque pas trouvé d'échos au niveau de la rue palestinienne.
L'application sur le terrain de ce plan, qui comporte un retrait israélien des 21 colonies de la bande de Ghaza et de 4 autres, isolées, dans le nord de la Cisjordanie occupée, d'ici la fin de l'année en cours, devrait débuter au mois de juillet prochain. Par ailleurs, au cours de la même réunion, malgré la désapprobation de la communauté internationale, le gouvernement israélien a donné son aval pour le tracé final du mur de séparation qui annexe de facto à Israël, 7% (selon Israël, beaucoup plus selon les Palestiniens) de la superficie de la Cisjordanie. Plus de 10 000 Palestiniens, vivant dans quatre villages voisins de la ville palestinienne de Beïtlehem, se retrouveront ainsi, de l'autre côté de cette maudite barrière, sans savoir vraiment ce que le sort leur réserve. L'édification de ce mur devrait être achevée avant la fin de l'année 2005. Pour les citoyens vivant dans la bande de Ghaza la mise en application du plan de Sharon se traduira surtout par des facilités relatives à leur vie quotidienne. La levée des barrages militaires qui empoisonnent cette vie sera certainement la bienvenue. C'est à ce niveau, où le contact est direct avec les soldats d'occupation, qu'ils ont le plus souffert. Dans des files d'attente de voitures, longues parfois de plusieurs kilomètres, nombreux sont ceux qui passaient des journées entières avant de pouvoir passer de l'autre côté. Combien de citoyens ont été agressés, sauvagement frappés, humiliés, parfois déshabillés sous la pluie et le froid glacial. Combien de malades sont morts, faute de pouvoir accéder aux soins dans les hôpitaux. Combien de femmes enceintes ont dû mettre au monde leur bébé, sur le siège arrière d'une voiture ou sur le bas côté de la route, faute de pouvoir passer le barrage militaire ferme pour une raison ou une autre. Utilisés par l'armée d'occupation, dans le bouclage hermétique de la bande de Ghaza et l'état de siège imposé des jours durant aux Palestiniens, ces barrages sont devenus leur bête noire. Malgré tout cela, les Palestiniens de tous niveaux socioéconomiques n'ont point jubilé à l'annonce du retrait israélien. Ils considèrent que cette décision du gouvernement israélien « est historique pour la sauvegarde de la sécurité de l'Etat d'Israël. Le plan de Sharon va permettre à Israël de passer de l'occupation militaire à l'occupation sécuritaire qui à mon avis est plus grave. Comme force d'occupation, Israël ne pouvait éviter les pertes humaines au sein de son armée ainsi que les retombées socioéconomiques desquelles il doit rendre compte devant les instances internationales. Par ailleurs, au lieu de parler de ventes des colonies aux Palestiniens, Israël doit plutôt les indemniser pour les profits tirés de l'utilisation de cette terre qu'ils occupent illégalement depuis 1967. La bande de Ghaza, qui était semblable à une grande prison où les détenus étaient libres de circuler d'une cellule à l'autre, sera la même prison après le retrait israélien. La seule différence est que ces même détenus pourront désormais circuler librement d'un pavillon à un autre. Les murs extérieurs de cette prison qui sont les points de passage frontaliers, la mer et les airs resteront sous le contrôle israélien. Y a-t-il vraiment une raison de pavoiser ? » Du côte de l'Autorité palestinienne, on croit fermement, que le retrait de Ghaza et la construction du mur en Cisjordanie visent à abandonner une région surpeuplée, plus de 1,3 million d'habitants pour conserver et pérenniser la presque totalité des colonies israéliennes de Cisjordanie. Rappelons que près de 230 000 colons pour 2,3 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, alors qu'à Ghaza, les 21 colonies ne comptent que 8000 habitants. Avec l'achèvement du mur et l'application du plan de désengagement unilatéral, Israël substitue, en fait, sa propre vision sur le devenir de la région à la Feuille de route, dernier plan de paix international élaboré par le quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) qui prévoyait la naissance d'un Etat palestinien, indépendant et viable au cours de l'année 2005. Ni la libération lundi de 500 prisonniers ni les propos de George Bush, tenus le même jour à Bruxelles, quant à la nécessite de réaliser la paix au Moyen-Orient, ne réussiront à convaincre les Palestiniens que le plan de Sharon n'est que le début d'un processus de paix, au bout duquel, ils aboutiront à arracher leurs droits fondamentaux, tels qu'ils sont garantis par la légitimité internationale.

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