Humble, timide même, Djaffar Meddour, 25 ans, est de cette jeune génération d'artistes intrépides dont la quête du savoir est perpétuelle. Les nuits passées à la lumière d'une bougie lui ont inspiré ce pseudonyme fort révélateur : Bougie. Décorateur d'intérieur de profession et sculpteur-peintre de passion, Djaffar est aussi autodidacte… faute de pouvoir accéder à l'Ecole des beaux-arts. Cela ne l'a donc pas dissuadé de donner libre court à ses pinceaux et son inspiration. L'enfance, l'identité, les paysages aquatiques, la place de l'artiste, et récemment, l'art abstrait sont autant de thèmes de prédilection. Ses genoux lui font office de chevalet, car il n'en dispose pas encore. La cherté du matériel est telle qu'il lui a fallu le concours des Françaises Sylvie Larue et Jessica Castrunis. L'une est artiste-peintre, l'autre, une férue de sculpture. D'ailleurs, combien sont-ils ces artistes talentueux que les contraintes matérielles handicapent ? N'empêche ! Car ne le voilà-t-il pas exposant avec 33 tableaux, à Alger ! Le siège de l'Union Nationale des arts culturels les « couve » jalousement, depuis mars dernier, au grand bonheur de Bougie et des yeux assoiffés d'art pictural. Un fait caractérise le jeune artiste, il n'a jamais vendu son travail. Il préfère plutôt l'offrir, gratuitement, convaincu que ses toiles, quelles qu'elles soient, n'ont tout simplement pas de prix. Sans équivoques, il nous assure : « Je n'offre pas un objet. J'offre une partie de moi. » L'artiste d'Ighil-Ighes n'a pratiquement jamais raté un événement important à Iflissen, d'où cette pluie de diplômes de participation dont on l'a gratifié. A Aïn Zaouïa, l'an passé, il a apporté sa pierre lors de l'hommage rendu à la chanteuse Zohra. Le public « a besoin de nous sur place, pour l'inciter à découvrir et à aimer l'art abstrait », soutiendra-t-il. Par contre, recevant son invitation tardivement, il n'a pu se rendre à la mairie de Bouxwiller, en Alsace, pour une expo de vernissage, à la fin mars 2009. Tout un travail minutieusement préparé tombera finalement à l'eau. Bougie aspire à disposer d'un atelier de peinture. Inlassablement, Djaffar peint pour s'extérioriser, pour émanciper sa culture aux multiples facettes.