Archéologue de formation, ayant grade de conservateur en chef du patrimoine culturel et ancien professeur d'université, Amor Kabbour, directeur de la culture de la wilaya de Biskra, s'est gracieusement prêté, pour El Watan, au jeu des questions/ réponses en marge de l'ouverture de la semaine culturelle de la wilaya de Annaba à Biskra, dont le coup d'envoi, donné jeudi dernier par le wali de Biskra, s'est déroulé à la maison de la culture Ridha Houhou en présence d'un public impressionnant. A peine les journées culturelles dédiées à la wilaya de Saïda ont-elles pris fin que la wilaya de Annaba entame sa semaine culturelle à Biskra. Quelle est l'utilité d'organiser de telles manifestations ? Pensée et lancée par la ministre de la Culture, cette initiative visant à ancrer la culture de l'échange entre les wilayas permet aux jeunes, aux membres des associations, aux artistes et artisans et au public des différentes régions du pays de se rencontrer et de découvrir la diversité culturelle algérienne. S'avérant des plus bénéfiques, ces manifestations sont des moments de floraison de la culture authentique et une vitrine des potentialités de chaque région. Il faudrait que ces manifestations sortent du cadre administratif et que les associations puissent organiser des rencontres et des projets communs sans passer par une structure étatique. Cela devrait être possible d'ici 2 ou 3 ans lorsque ces associations auront acquis l'expérience et le savoir-faire nécessaires pour cela. Que pensez-vous des associations activant dans le secteur culturel à Biskra ? Sans démagogie, je dois dire que sur 200 associations officiellement inscrites, seules 50 à 80 d'entre elles ont des contacts, au gré des circonstances et des occasions, avec la direction de la culture. Rares sont les associations qui activent dans le domaine des recherches archéologiques et historiques. Il faudrait que chaque daïra ait une association de la trempe d'El Khaldounia qui nourrit la scène culturelle de Biskra d'activités de très bonne facture. Que répondez-vous aux artistes de Biskra se disant marginalisés par la direction de la culture, laquelle ne les aurait pas sollicités pour animer les soirées ramadhanesques ? Nous avons contacté toutes les associations et les groupes musicaux répondant aux critères artistiques requis pour participer aux activités du mois de Ramadhan. Il est vrai que ceux qui s'investissent dans d'autres genres que la musique andalouse, le chant religieux ou la chanson populaire peuvent se sentir lésés. Quelles actions menées par la direction de la culture ces derniers mois vous apparaissent comme étant les plus significatives ? Depuis mon installation à la tête de la direction de la culture de Biskra, je me suis attelé essentiellement à la préservation du patrimoine culturel matériel et immatériel, la rénovation des structures culturelles et cultuelles et l'organisation de l'animation, des festivités et des rencontres culturelles de la wilaya de Biskra. Le noyau original de Khanget Sidi Nadji, renfermant des joyaux d'architecture, a été restauré. Les sites archéologiques de Tahouda et l'ancien camp militaire datant de l'époque romaine situé à Ourlel vont être clôturés et des fouilles y seront bientôt lancées. Un musée lapidaire sera bientôt ouvert à El Kantara. Dans quelques mois, Biskra aura un centre de manuscrits, un conservatoire de musique, une salle de cinéma, 2 théâtres, une bibliothèque nationale et 13 autres de proximité éparses dans les grandes communes de la wilaya. Quelles sont les difficultés majeures rencontrées dans le travail de préservation des richesses archéologiques ? Il faut promouvoir et expliquer l'utilité des sites archéologiques qui pâtissent d'un état de dégradation avancé nécessitant des interventions lourdes, en urgence. La sensibilisation des autorités et élus locaux, des associations et de la population, sans lesquels aucune action de préservation n'est possible, est le premier volet de notre action. La reconstitution, quand cela est possible, après classement et délimitation des sites, est un second volet qui ne peut être réalisé que par des spécialistes. Comment trouvez-vous le public biskri qui prend part aux activités culturelles ? Chaque manifestation est marquée par une affluence du public qui ne dément jamais l'engouement légendaire des habitants de Biskra pour la culture et le savoir. Le public biskri est une population juvénile, accueillante, avide de connaissances et d'art, et les cadres de la direction de la culture travaillent sans relâche pour le satisfaire.