Le village d'Aïth Aâmar, dans la commune de Béni Amrane, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Boumerdès, attend depuis des années de bénéficier d'un peu d'attention de la part des pouvoirs publics. Hormis un château d'eau construit sur les hauteurs du village dans les années 1980 et une route réalisée pendant l'occupation française, qui traverse uniquement une petite partie du village, rien n'a été fait pour ce village. Pourtant, il est à 7 km du chef-lieu de la commune. Un projet de nouvelle route devant desservir tout le village a été abandonné sans explication. Voilà bientôt deux ans que ce projet tant réclamé par la population et arraché après plusieurs décennies de lutte et d'attente est à l'arrêt. Pourtant, au début, « les habitants ont fait preuve de tolérance et de sacrifice pour l'intérêt général », nous a dit un citoyen. En effet, on apprendra qu'ils ont accepté de déterrer les os de leurs aïeux pour les enterrer ailleurs afin que la route puisse passer. Mais malheureusement cet acte plein de courage, qui frôle le sacrilège, n'a pas été récompensé et n'a reçu, en contrepartie, que mépris et indifférence. On s'est limité à l'ouverture de quelques pistes. Pis encore, d'innombrables maisons qui continuent d'abriter des familles entières menacent ruine. Les terrassements ont causé des glissements de terrain qui ont fragilisé les structures des habitations. Par conséquent, la construction de murs de soutènement s'est imposée. Mais rares sont les maisons qui ont bénéficié de ces consolidations. Cette image d'abandon que la route inachevée donne au village vient accentuer le sentiment d'abandon chez les habitants. Car pendant les deux dernières décennies, beaucoup de familles ont été obligées de quitter Aïth Aâmar pour des raisons de sécurité.