Les nouveaux «réajustements» des tarifs pour le transport collectif urbain de voyageurs provoquent la colère, pas seulement des usagers, mais aussi des transporteurs, contraints de déployer une batterie d'arguments pour expliquer l'augmentation de 50% des tarifs décidés, en début d'année, par le ministère des Transports sans que les représentants de la corporation n'y soient associés. Certains conducteurs de bus de la ligne Alger-Reghaïa auraient même pris la décision de débrayer, hier, pour réclamer la «révision» des tarifs. «Nous sommes obligés d'expliquer à chaque usager les nouvelles augmentations. Les voyageurs ont raison de rouspéter. Un client qui déboursait 10 DA doit désormais payer 20 DA pour prendre son bus d'un arrêt à un autre, alors que la distance est quelquefois de moins d'un km. Les tarifs à la base sont de 20 DA, comme exigé dans la note que j'ai placardée à l'intérieur du bus. Certains receveurs en sont même arrivés aux mains avec des clients qui ne voulaient rien savoir», témoigne un conducteur qui montre la note de la direction des transports placardée dans son «Isuzu». Certains transporteurs auraient été verbalisés par les contrôleurs de la direction. «La note est claire. Le tarif de base est de 20 DA, quelle que soit la distance. Si on ne s'y soumet pas, des contrôleurs nous verbalisent», s'étonne un transporteur assurant la ligne Eucalyptus-2 Mai. Le président de la Fédération nationale du transport des voyageurs et des marchandises privés, Abdelkader Boucherit, qui salue la décision du ministère de «réajuster les prix», a affirmé qu'une réunion avec les services de la Direction des transports a suivi l'instruction du ministère pour apporter quelques légères modifications. «Nous avons convenu avec les directions de transport de wilaya de fixer les tarifs à 15 DA pour les lignes de 0 à 5 km. Les transporteurs devront se soumettre à la réglementation qui sera appliquée graduellement à toutes les lignes», signale M. Boucherit, de la Fédération des transporteurs affiliée à l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA). Qu'en est-il des infractions commises par certains transporteurs ? «Le ministère a fixé pour le transport collectif urbain de voyageurs, sur un rayon de 10 km maximum, les tarifs de 20 DA, 30 DA (20 km) et 35 DA (30 km). Les transporteurs sont libres de baisser leurs prix. Par contre, les inspecteurs verbaliseront les gérants qui augmentent à leur guise les prix. L'application de l'instruction qui nous aligne sur les transports publics est nécessaire, comme nous l'avions toujours souhaité depuis 3 ans», estime M. Boucherit. Les clients, saignés par des augmentations «inconsidérées» intervenues en début d'année, s'indignent que la révision ne soit pas accompagnée d'une amélioration de la prestation. «Les propriétaires de bus, qui ont bénéficié d'aides dans le cadre de l'Ansej, reçoivent cette cagnotte inespérée, mais l'Etat ne leur exige pas, en contrepartie, une prise en charge adéquate des usagers. A Staouéli, des élèves qui doivent payer jusqu'à 80 DA par jour ont bloqué, la semaine dernière, la route pour demander une révision des prix», estime un client de Aïn Benian, contraint de «prendre un bus déglingué chaque matin» pour se rendre à son travail à Bab El Oued.