Le village côtier d'El Ançor, situé à près de 3 km du complexe touristique des Andalouses (Oran), offrait hier matin un paysage désolant suite aux émeutes qui ont secoué, durant la journée de mardi, cette paisible bourgade mais très dérangée à longueur d'année par les explosifs et les bruits stridents des engins utilisés pour l'extraction de la pierre avant de la concasser et la réduire en gravats. Les affrontements entre les forces de l'ordre et la population hostile à la présence de deux entreprises spécialisée dans la production de gravats ont eu pour conséquence un certain nombre de blessés, mais la gendarmerie locale n'a rien voulu divulguer. Elle a indiqué qu'elle dénombre plusieurs blessés dans ses rangs par rapport aux émeutiers. En tout état de cause et de source officielle, on ne signale aucun cas digne d'être cité, pas même de dégât matériel si l'on exclut les dizaines de pneus brûlés en plein milieu des artères de la ville et les jets de pierres des jeunes en furie contre le mépris affiché par les autorités, et ce, malgré les diverses demandes pour prendre en charge ce problème environnemental très grave. Durant l'année 2004, une association locale avait recensé 1854 personnes atteintes de maladies respiratoires causées par la poussière que dégagent quotidiennement les deux carrières en question. A cela, il faut ajouter 2500 autres personnes touchées après cette date par la même pathologie. L'action revendicative de la population, qu'elle voulait pacifique, a débuté par la plantation d'une tente verte à la sortie de leur village afin d'attirer l'attention de des autorités locales et les inviter à dialoguer. Ce qui fut fait, selon le président de l'Apc, qui nous a affirmé qu'une délégation d'officiels, comprenant le sénateur Brahma Djelloul, le président de l'Apw, le chef de la daïra de Aïn El Turk, les directeurs des mines, ceux de l'environnement et de la Pme/Pmi, s'était déplacée afin d'informer les représentants de la population des décisions prises par les autorités locales suite à ces revendications considérées des plus légitimes. « Dès notre arrivée à proximité de la tente, des pierres commençaient à pleuvoir. Un situation déplorable et pour le moins atypique dans ce genre de négociations », avoua le P/apc très embarrassé pour ce qui s'est déroulé dans sa commune, qui n'a jamais connu ce genre de situation et dont les acteurs ne sont autres que ses propres…électeurs. Pour le premier élu de cette commune, « les décisions prises par le chef de l'exécutif et dont on voulait faire part aux représentants de la population étaient de nature à apaiser la tension qui règne depuis fort longtemps dans cette localité, pour peu qu'ils nous auraient donné l'occasion de leur communiquer les huit points contenus dans cette décision ». Il citera la nécessité de suspendre les activités des entreprises en question jusqu'au bitumage de la route nationale. Après la reprise, les deux gravières seront tenues d'arroser continuellement les espaces nus, non bitumés, d'arrêter le travail à 17h, de ne plus utiliser les dynamites après 14h, de prévoir l'arrêt total du travail au cas où un vent soufflant vers l'ouest est signalé par les services de la météo, d'installer des chapeaux chinois au niveau de toutes les cheminées et d'assurer un arrosage pivotant continu. Jusqu'à hier midi, les 21 personnes n'ont toujours pas été présentées devant le magistrat instructeur, selon une source officielle. En ce moment même, plusieurs engins sillonnent les artères du village pour déblayer les débris et les pneus brûlés. Un des habitants du village a considéré les émeutiers comme des militants écologiques mais un peu… anarchiques.