Les gares routières des localités de la wilaya de Boumerdès sont devenues infréquentables. Exceptée celle de Thénia, les autres stations de bus de la région offrent un décor qui fait fuir le voyageur. Partout où l'on se déplace, de Dellys à Khemis-El Kehchna, en passant par Bordj Menaiel, Issers, Zemmouri, Boudouaou, le constat est le même. Ces espaces par où transitent des milliers de personnes par jour ne sont dotés d'aucune commodité. «C'est du mépris pour les voyageurs. La direction des transports n'y est pour rien», tempête un quadragénaire abordé dans un bus à Bordj Menaïel. La surface qui fait office de gare routière pour cette importante agglomération est en passe de devenir un marché. Les adeptes de l'informel ont accaparé même les aires réservées au stationnement de bus. Il y a même ceux qui ont érigé des baraques en bonne et due forme où ils écoulent, dans l'impunité totale, toutes sortes de produits et à des prix exorbitants. Ici, pas un seul journal qui se vend à 10 DA.Les quotidiens d'information, cédés à 15 DA ailleurs, sont revendus en ces lieux à 20 DA l'exemplaire. En somme, tout le monde y trouve son compte sauf les voyageurs. En sus du commerce informel, ces derniers sont durement pénalisés par la dégradation de la chaussée, le diktat des transporteurs et l'absence d'abribus où ils pourraient s'abriter en temps de pluie ou en période des chaleurs. La boue s'empare des lieux dès les premières averses de la saison hivernale. Difficile de se frayer un passage pour monter à bord d'un bus sans se faire maculer. Qu'a-ton fait pour mettre un terme à cette situation ? Rien pour le moment. «Cela fait 2 ans qu'on parle de la réalisation d'une gare multimodale, mais on n'a rien vu venir», lance un receveur rencontré sur place. Le même décor prévaut presque au niveau de tous les arrêts de bus de la wilaya. À Khemis El Khechna, la gare routière n'a rien à envier aux champs de patates de la Mitidja. On n'y voit point de bitume, ni même de pavé ou d'aires d'attente ou de stationnement. Même les bus qui assurent le transport sont vétustes. On s'y était déjà rendu en 2012, mais certains habitants affirment que la situation reste toujours la même. «Les responsables locaux n'ont jamais remis les pieds ici», regrette Ouahid, qui estime que même les transporteurs sont pour quelque chose dans ce qu'endurent leurs clients, les voyageurs lors de tout déplacement. «Les propriétaires de bus n'ont jamais osé dénoncer cet état des lieux auprès des autorités concernées, car rares sont ceux qui respectent la réglementation en vigueur; certains pratiquent des tarifs exorbitants, tandis que d'autres ne disposent même pas d'autorisation d'exploitation», affirme notre interlocuteur, très au fait en matière de transport. Aux Issers, les transporteurs desservant les communes de Timezrite et Chabet El Ameur ne leur reste plus de place où stationner leurs véhicules. Car les marchands ambulants ont tout squatté sans qu'aucune autorité ne bouge le petit doigt, et ce, malgré le désordre qui y règne à longueur d'année. L'autre exemple qui traduit le peu d'intérêt qu'accorde les responsable pour ce secteur névralgique est constaté à la gare routière du chef-lieu de wilaya. Cette station d'où transitent des milliers de voyageurs par jour n'est qu'un vaste terrain où rien ne semble exister. Les autorités l'ont aménagée à maintes reprises, mais la qualité des travaux laissent vraiment à désirer. La preuve en est les cloaques qui commencent à se former, moins de deux mois après son bitumage. En sus du désordre qui y règne à longueur de journée, cet endroit qui devait être la vitrine du chef-lieu, se transforme en un coupe-gorge dès la nuit tombée. Plusieurs agressions y ont déjà été signalées en raison du manque de sécurité et de l'absence d'éclairage. La gare multimodale, prévue à l'entrée de la ville dans le cadre du plan quinquennale 2005-2009, reste toujours au stade de projet. En novembre dernier, le directeur des transports avait indiqué que cette infrastructure tant attendue par la population locale comprendra un bâtiment de deux étages, un parking souterrain, des stations d'arrêt pour près de 400 bus, et d'autres espaces réservés aux personnes pour des besoins spécifiques. Le même responsable a alors annoncé la réalisation de 4 autres gares multimodales ainsi que 9 stations urbaines dans différentes communes de la wilaya. Mais, de tout cela rien ne s'est concrétisé dans la réalité.