La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a décliné hier à partir de Marrakech le pragmatisme américain à l'état « (im)pur » à propos des préalables à la reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens. Qu'on en juge : après avoir qualifié samedi l'offre israélienne de gel partiel des colonies d'acte « sans précédent », elle a lancé hier que les Etats-Unis « n'acceptent pas la légitimité de la poursuite des implantations israéliennes ». Difficile de faire la part des choses et saisir les méandres discursifs de Mme Clinton qui sert des discours à la carte ! Evidemment, la secrétaire d'Etat américaine n'y voit aucune contradiction à la « chose » qu'elle a annoncé samedi et son contraire d'hier. « La position de l'Administration Obama sur les colonies est claire, sans équivoque. Elle n'a pas changé : les Etats-Unis considèrent que la poursuite des implantations israéliennes n'est pas légitime », a-t-elle déclaré avant sa rencontre avec son homologue marocain Taïeb Fassi Fihri. Il est clair qu'au Maroc, où elle participe au forum pour l'avenir du G8 en compagnie des ministres arabes des Affaires étrangères et du SG de la Ligue arabe, il était de bon ton de soigner le discours, quitte à froisser un peu la susceptibilité des amis israéliens. Ceci d'autant plus que Amr Moussa a tranché dans le vif dimanche qu'il était hors de question de reprendre les négociations dans ces conditions. Pourtant, Mme Clinton est allée hier jusqu'à abattre ses cartes en avouant que l'offre du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu « est loin (...) de ce que nous préférerions… » Pourquoi alors exiger de l'Autorité palestinienne de retrouver la table des négociations dans ces conditions ? Clinton tente une aléatoire plaidoirie : « Cette offre, si elle est mise en œuvre, sera une restriction sans précédent de la colonisation et cela aura un effet significatif. » Mais rien ne dit que ce plan même accepté par les Palestiniens puisse être suivi par Israël définitivement assuré du soutien actif des Etats-Unis quelles que soient ses outrances. Les colonies c'est comme la météo… Preuve en est qu'aujourd'hui même les Américains vont tenter d'éviter à leur allié de faire l'objet d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU sur le massacre de Ghaza à l'occasion de l'examen du rapport Goldstone. Hier, la Chambre des représentants a adopté une résolution soulignant le rejet de ce rapport et le « soutien des Etats-Unis à Israël ». Mme Clinton a confirmé hier ce que tout le monde sait, à savoir que les Etats-Unis ne pourront jamais forcer la main à Israël à plus forte raison sur l'histoire des colonies. « J'ai dit au Premier ministre Netanyahu que ces gestes positifs de la part des Palestiniens devaient susciter des gestes positifs d'Israël sur les déplacements, les accès (...) et l'organisation israélienne de la sécurité en Cisjordanie », a-t-elle déclaré. On remarquera que ce ne sont que des prières pendant qu'elle ordonne à l'Autorité palestinienne de passer à table sans condition… Si elle reconnaît qu'« Israël a fait quelques pas en ce sens, mais doit faire beaucoup plus », Mme Clinton n'explique pas comment compte-t-elle s'y prendre pour ramener son allié à de meilleurs sentiments. Or, le monde entier est témoin que Washington avait exigé en mars dernier un « gel complet de la colonisation, non seulement en Cisjordanie mais aussi à Jérusalem-Est ». Mais c'était au printemps. Nous sommes à présent à l'automne des promesses. Le journal israélien Haaretz résume parfaitement bien cette insoutenable légèreté de la diplomatie américaine par rapport à ce conflit : « Les Etats-Unis traitent la question des colonies comme la météo : un sujet intéressant de conversation, mais impossible à changer ». Même les Israéliens ont compris.