L'opposition des députés du PT à ce projet de loi répond au souci du parti de Louisa Hanoune de faire face au vaste projet de privatisation entamé depuis des années. Le projet de loi portant sur l'orientation de l'enseignement supérieur, présenté à l'APN par Rachid Harraoubia le 27 mars dernier, n'a pas été adopté comme convenu par ses initiateurs. Il s'agit d'une tentative d'introduire un processus de privatisation de l'université algérienne. N'était-ce la vigilance et l'opposition des députés du Parti des travailleurs qui ont présenté une douzaine d'amendements, l'enseignement supérieur en Algérie aurait basculé dans un autre univers. Désormais, le texte de loi en question devra passer par le bureau de l'APN qui a noté les amendements en question apportés par le PT avant de le soumettre à examen dans les commissions et d'être par la suite proposé une nouvelle fois pour adoption. Ce qui signifie que l'actuelle assemblée devrait passer la main à la prochaine composante de l'hémicycle pour débattre sérieusement de ce texte qui engage l'avenir des générations futures. Annoncé comme étant une petite réforme apportée à son secteur pour l'adapter au nouvel environnement social et surtout économico-politique du pays, le projet en question s'est avéré être une véritable remise en cause d'un acquis du peuple algérien: le principe de la démocratie de l'enseignement supérieur et l'accès à l'université pour toutes les classes sociales. L'expérience des écoles privées ouvertes dans les paliers de l'enseignement secondaire, moyen et primaire est là pour témoigner que l'Algérie se dirige droit vers la formation d'une société à deux vitesses. Il y a risque de voir l'homogénéité de la société algérienne prendre un coup. La cassure est juste là. Au lieu d'améliorer la qualité de l'enseignement public en y mettant les moyens pédagogiques qu'il faut et en revalorisant le statut social de l'enseignant, les responsables du secteur et le gouvernement actuel ont adopté une politique de laisser-aller à l'égard de ce secteur qui croule sous les conflits en tout genre. L'opposition des députés du PT à ce projet de loi répond au souci du parti de Louisa Hanoune de faire face au vaste projet de privatisation entamé depuis des années par les autorités algériennes. Si le président Abdelaziz Bouteflika a reconnu qu'il a été induit en erreur au sujet du projet de loi sur les hydrocarbures voté par l'actuelle APN en se déjugeant après que le PT ait mené une campagne acharnée de sensibilisation auprès des différentes couches sociales afin de récolter plus d'un million de signatures pour bloquer ledit projet, il se trouve que ces mêmes erreurs ont tendance à se répéter. Sinon, comment expliquer cette tentative de faire passer une loi d'une telle importance à quelques semaines de la fin de la mandature de l'actuelle assemblée qui a donné l'air d'être, durant cinq années, une simple caisse de résonance. Les lois anti-populaires ont été adoptées dans des circonstances particulières (absence des députés, heures tardives...), ce qui remet sur le tapis le rôle d'élu du peuple. Celui qui se présente au nom des électeurs qu'il représente à l'APN se comporte comme s'il n'avait de compte à rendre qu'à ceux qui lui dictent la voie à suivre. Cette loi, présentée par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, n'a même pas eu l'approbation du syndicat des enseignants universitaires (Cnes) réputé pour avoir de solides attaches avec la tutelle, qui s'est opposé à une quelconque privatisation du secteur précisant qu'il était prêt, pour cela, à entamer un autre mouvement de protestation dans les universités. Un avertissement qui marque le fossé existant entre le corps des enseignants et le ministère de tutelle qui a concocté un projet d'une telle sensibilité sans avoir au préalable consulté les premiers concernés, à savoir, les enseignants et les étudiants. A moins qu'on cherche à provoquer cette force qui était, par le passé, à l'avant-garde de la défense des acquis de la société. Les citoyens qui seront appelés à élire leurs députés devront s'enquérir d'abord de l'attitude de leurs prédécesseurs et de leur comportement au sein de l'APN avant de leur donner leur quitus. A ces derniers de respecter leurs engagements tenus devant le peuple. Les urnes sont faites aussi pour sanctionner...