Elle vise la coopération entre les différents pays du continent dans le respect de l'intangibilité des frontières héritées du colonialisme pour éviter toute vélléité d'instabilité. Elle est dissoute en juillet 2002 et remplacée par l'Union africaine (UA) et compte 53 pays. Le Maroc a quitté l'organisation suite à l'admission, en 1982, du Sahara occidental. Cependant l'OUA est restée inefficace quant au règlement des crises multidimensionnelles qui corrodent le continent. Comme plusieurs Etats membres sont minés par des conflits internes, à l'exemple des problèmes éthniques et sécessionnistes. D'autres pays se sont engagés dans des confrontations armées pour régler leurs contentieux territoriaux. Quelques tentatives pour instaurer un système fédéral sont initiées, à l'exemple du Soudan, mais dans la majorité des cas elles échouent car les dirigeants ont nié le pluralisme culturel et identitaire de leurs pays respectifs au nom de la nation qui reste un idéal abstrait. Ce qui ouvre le champ aux ingérences étrangères. Et l'Afrique se retrouve fragile et dominée et incapable de résoudre ses problèmes. En 1992, l'OUA adopte le principe d'un mécanisme de prévention et de règlement des conflits. Mais elle boucle la fin du vingtième siècle avec une quinzaine de conflits non résolus avec toutes leurs conséquences plus que dramatiques sur le continent. Entre autres, guerres civiles, réveil des démons ethnicistes et religieux, et des sentiments sécessionnistes et reste de par ses richesses naturelles un enjeu pour les grandes puissances, entre autres les Etats-Unis, la France et la Chine. La brève euphorie suscitée par l'indépendance cède face aux risques de balkanisation, les convoitises néo-coloniales et des modèles étatiques hérités des anciennes métropoles. Et cela sur fond d'une économie conçue selon les besoins des grandes puissances, la faiblesse du niveau des forces productives et l'incapacité des dirigeants à concevoir des visions politique, économique et culturelle adaptées aux réalités de leurs pays. D'où l'échec d'édification des Etats-nations quel que soit le régime prôné,socialiste ou libéral. Il s'agit d'un même esprit, à savoir l'autoritarisme ou la dictature autocratique à l'exemple d'un Bokassa en République centrafricaine ou Macias en Guinée équatoriale. Les présidents sont nommés à vie et l'armée détient un pouvoir hégémonique. Seule force organisée, elle change les dirigeants sans pour autant changer la nature du système. L'ordre est l'unique programme politique. De 1963 à 1983 il est recensé sur le continent une soixantaine de coups d'Etat. Les obstacles à la paix et au développement sont produits par les dirigeants locaux ayant de surcroît pris le pouvoir de force liés aux intérêts des grandes puissances (1). D'où l'incapacité de l'OUA à s'imposer sur le continent africain comme acteur légitime pour gérer les conflits . Convoitises des puissants Durant la Guerre froide, l'Union soviétique (URSS) s'est intéressée à l'Afrique. Elle s'est signalée en Guinée, au Zaïre, après le retrait des Belges du Congo, au Soudan, en Somalie,en Egypte, en Somalie. Mais sans succès. De leur côté, les Etats-Unis sont loin d'être indifférents au continent. Ils ont l'intention d'occuper le terrain détenu jusqu'aux années 1960 par des puissances coloniales, comme la Grande-Bretagne et la Belgique. Après le règlement de la crise congolaise, Washington s'est concentré plus sur la guerre du Vietnam. Mais cela ne l'a pas empêché de porter un intérêt sélectif pour le continent. Dans cet esprit, le président Johnson, à l'époque, a ciblé quelques pays pour leurs richesses minières et leur ouverture aux investissements américains, à l'exemple,de la Guinée, le Libéria, le Nigeria, le Kenya et le Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo (RDC). La Chine à son tour s'y manifeste en ces années par la réalisation de projets comme le Tanzania-Zambia Railway (Tazara) long de 1800 km, qui depuis Kapiri Mposhi sur «la ceinture de cuivre» de Zambie, achemine le minerai vers Dar Assalam. Pékin construit aussi une ligne de chemin de fer pour le transport du manganése de Haute Volta (aujourd'hui Burkina Fasso) vers Nouakchott en Mauritanie. Les Chinois édifient à Freetown, en Sierra Leone, l'immeuble du gouvernement et à Kinsasha au Zaïre de Mobutu, le palais présidentiel. L'intérêt de la Chine pour l'Afrique ne répond à aucune considération idéologique. Soucieux de rattraper son retard économique par rapport à l'Occident au plus tard en l'an 2000, l'empire du Milieu s'est engagé dans la réalisation d'un plan décennal (1975-1985) qui comprend quatre volets :l'agriculture, l'industrie, la défense nationale et la technologie et la science. D'où la nécessité impérieuse de s'approvisionner en matières premières et de s'ouvrir vers l'Occident, à commencer par les Etat-Unis. Cette ouverture est marquée par la visite, le 22 février 1972, du président américain, Richard Nixon, en Chine. Conflits et déstabilisations Dans les conflits internes ou inter-Etats qui déchirent l'Afrique, ce sont dans la majorité des cas des forces étrangères qui interviennent pour les régler. La France, en ce qui concerne le Zaïre, le Rwanda, le Tchad, le Mali et le Niger et Cuba en Angola et en Ethiopie. Ceci dit, des pays africains sont intervenus En 1971, les troupes guinéennes interviennent en Sierra Leonne pour empêcher un coup d'Etat. En 1979 les troupes tanzaniennes interviennent en Ouganda et avec l'aide du mouvement de résistance ougandais renversent le dictateur, Imin Dada, qui finit par se réfugier en Libye puis en Arabie Saoudite. D'autres pays ont soutenu des mouvements de rébellion dans les pays voisins. C'est le cas du Front des révolutionnaire unis (RUF) qui s'engage dans une guérilla contre le pouvoir en place en Sierra Leone, appuyé par le Front patriotique du Libéria de Charles Taylor. C'est depuis l'Ouganda qu'en 1990, le Front patriotique rwandais a lancé ses premières attaques contre le président Juvénal Habyarinama. Ses combattants sont issus de l'armée rwandaise avec laquelle ils ont aidé Yoweri Museveni à prendre le pouvoir à Kampala en 1986. Sécession : En 1993, l'Érythrée se sépare de l'Éthiopie Le Soudan continue à affronter à l'ouest de ses frontières les insurgés du Darfour. Sachant qu'en juillet 2011, le territoire du Sud est devenu indépendant sous le nom de Sud-Soudan sans pour autant régler le problème des frontières riches en ressources naturelles. Pourtant, Khartoum a promis à l'indépendance en 1956 de régler la question dans le cadre d'un système fédéral, mais n'a pas tenu ses promesse, déclenchant deux guerres de sécession avec le Sud. La Casamance réclame son indépendance du Sénégal. La région du Sahel est en effervescence, avec l'apparition des mouvements islamistes radicaux et la résurgence de la revendication des Touareg d'un Etat indépendant au Nord. La Somalie se divise : le Somaliland s'est autoproclamé République Les années 1990 font naître l'espoir de l'avènement de la démocratie en Afrique qui s'est transformé en cauchemar avec l'émergence des conflits politico-ethniques, aboutissant à des sécessions. Ainsi, l'UA assiste, impuissante, à la pérennité de l'esprit de la conférence de Berlin, en 1885, qui consacre le partage de l'Afrique par les grandes puissances . Ce qui s'est illustré encore une fois lors des crises libyenne et malienne et de la République démocratique du Congo. (1) Gérard Chaliand : l'Enjeu africain. -Géostratégie des puissants (Editions Complexe – 1984)