La présidentielle iranienne dont le premier tour se déroule aujourd'hui, va-t-elle modifier l'équilibre géopolitique au Moyen Orient ? Soutien inconditionnel à la Syrie de Bachar Al-Assad et ennemi juré d'Israël, l'Iran pourrait bien être la clé de voûte qui permettrait de résoudre plusieurs conflits régionaux. Mais nombreux sont ceux qui pensent que la présidentielle ne changera rien, à commencer par le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui a annoncé il y a deux jours que les élections « n'auront aucune importance » sachant qu'il « y aura toujours un seul homme au pouvoir cherchant la puissance nucléaire. » Peut-on pour autant parler d'élections de façade ? Le processus par lequel les candidats à la présidentielle doivent se soumettre est un parcours du combattant dont aucun opposant farouche au Guide suprême n'est parvenu à s'extirper. Néanmoins, il y a par le passé déjà eu des bouffées de libre expression dans l'histoire des élections présidentielles iraniennes, si l'on veut bien admettre que l'incertitude et la surprise sont des marqueurs de démocratie. Les éliminations du candidat Mashaei, soutenu par le président sortant et de l'ancien président Rafsandjani, encore extrêmement populaire, constituent une surprise de taille. D'autre part, dans la dernière ligne droite de l'élection, les conservateurs que l'on donnait favoris, n'ont pas réussi à choisir un seul candidat pour faire bloc face aux modérés et aux réformateurs, réunis autour de la personne de Hassan Rohani. Pour Michel Makinsky, auteur de l'Iran et les grands acteurs régionaux et globaux, « on est bien incapable de dire qui va sortir du chapeau. Les débats télévisés au travers desquels se sont affrontés les candidats ont échappé au Guide suprême et les conservateurs ont raté leur coup en s'étripant jusqu'à la dernière minute. » De quoi rebattre les cartes d'une élection où tout peut encore arriver, pour un futur président qui ne sera que l'une des deux faces d'une pièce dominée par l'Ayatollah Ali Khameneï.