Afin de combler le vide sidéral laissé par l'absence d'une stratégie de développement économique et social durable, négociée et acceptée, les pouvoirs publics somment les appareils d'amuser la galerie, en mettant en scène une orchestration théâtrale d'ombres chinoises, dotée d'«une agrégation de propositions» devant, si elles étaient mises en œuvre, ramener notre économie nationale sur les chemins vertueux de la croissance ! L'ordre de bataille a été intimé à trois appareils, pour le moment, représentés par le FCE, l'UGTA et l'administration du CNES, en attendant une éventuelle mobilisation d'un autre reste syndical patronal public, l'UNEP, qui semble intentionnellement traîner la patte. C'est ainsi que l'on reconstitue les «ligues dissoutes», de l'ex-tripartite devenue entre-temps bipartite, puisque nous avons, quelque part, dans cette cosmogonie, la fine fleur des apparatchiks de tous les horizons qui répondent présent, dans un réflexe pavlovien, dès que le maître exhibe un bout de gras. Examinons avec attention ces propositions d'un autre âge en ne manquant pas de leur donner leur signification pleine et entière, dans le cadre de la lutte que se livrent les appareils, à la veille d'une redistribution des rentes, induite par le changement présidentiel et dans laquelle ils tentent, désespérément, de récupérer les restes les plus juteux. Il y a lieu de planter le décor et de déterminer l'unique motivation qui agite les appareils actuellement, à savoir la proximité la plus intime avec le successeur à la présidence de la République, avant ou après la fin du mandat. Ils vont, comme de coutume, sortir leur glaive assassin et l'enfoncer, profondément, dans le corps déjà meurtri du Président sortant, comme le firent jadis les zélateurs romains contre Jules César, qui prononcera une phrase, passée à la postérité, en direction de son fils adoptif : «Toi aussi, Brutus !». Les premiers, à n'en pas douter, seront les plus «fidèles ami(e)s» du «prince», car ils devront obligatoirement, à la fois se dédouaner de cette proximité reconnue, devenue malsaine, et faire allégeance au nouveau venu, afin de prétendre à la nouvelle orgie programmée. C'est donc ceux qui ont le plus bénéficié de générosités mal acquises, de l'ancien «régent», qui seront les plus prompts à affûter leur dague, pour, à la fois sceller une obséquiosité avec le nouveau maître des lieux et tenter d'effacer leurs alliances immondes passées ! C'est à ce prix que l'on conserve une position sociale, dans les tous premiers cercles du pouvoir dans notre pays, sans risquer à aucun moment de devoir rendre des comptes à la vindicte plébéienne. «Haro sur le baudet !», semble déjà hurler la coalition politique, en décomposition avancée, qui, il n'y a pas si longtemps, encensait le Président déchu. Mais le bateau Algérie commence à «prendre l'eau» de partout, il tangue dangereusement et la mission de pompier de la République, confiée à A. Sellal, devenu Premier ministre, s'avère être de plus en plus difficile, voire impossible, dans cette atmosphère pestilentielle de scandales et de décrépitude généralisée. Son prédécesseur avait verrouillé le système tout entier (le politique et l'économique) de manière à permettre, selon certains analystes patentés, d'atteindre une masse critique de mécontentements, qui aurait induit une explosion sociale suffisante pour écarter le Président, sans remettre en cause le régime, ce qui aurait eu pour conséquence de forcer son destin et de le catapulter au poste de président de la République par intérim… par «nécessité impérieuse !». La transformation de ce «coup d'Etat politique» devait se traduire par une désignation élective «propre et honnête», à la mode de chez nous, après un délai constitutionnel de quarante-cinq jours. Ce «complot», réel ou fictif, déjoué par le Président, il fallait assurer la «cambuse économique et sociale» en déverrouillant le système par la distribution généralisée de la rente politique (autorisation d'une centaine de partis), économique (augmentation généralisée des salaires et pensions, sans gain de productivité), sociale (distribution de logements AADL, bloquée depuis 2001) et culturelle (démultiplication des manifestations culturelles onéreuses pour amuser la galerie). Deux éléments perturbateurs vont venir enrayer les plans construits par des «docteurs ès-sciences médiocrités» : la santé, au minimum fragile, du Président et l'ébullition sociale en Algérie et dans le monde arabe. Si pour le premier élément, nous n'avons rien à ajouter, par éducation, par contre pour le second, il est au cœur du paradigme de notre pays. Confondant agitation et action, le Pouvoir va s'évertuer à faire l'impasse sur une stratégie cohérente de développement économique et social durable et négociée, par un simulacre plan économique déclaratif, contenu dans une agrégation de projets d'investissements incohérents et contradictoires, dénommé «Programme économique du président de la République». Il est censé redresser les déséquilibres enregistrés sur tous les segments de marchés de notre économie, avec à la clé une croissance économique forte et un niveau d'emplois satisfaisant la demande nationale, notamment en direction des jeunes. Nous sommes portés à croire, après analyses des données statistiques recueillies au niveau national et international, que les objectifs affichés ne sont, non seulement pas atteints, mais que les déséquilibres s'accroissent dangereusement, augmentant subséquemment la vulnérabilité de notre pays tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il est donc grand temps de revenir avec sérénité et responsabilité sur cette politique de «fuite en avant» qui peut donner l'illusion des dividendes politiques, à très court terme (à l'approche de l'échéance présidentielle d'avril 2014), mais qui va être dévastatrice, à la prochaine rentrée sociale de cette année ! Personne ne pourra alors se défiler ou pouvoir affirmer ignorer cette réalité, dans une conjoncture de crise économique internationale et où les prix relatifs des hydrocarbures sont en chute libre et durable. L'heure est grave, cessons le bricolage dans tous les domaines et mettons fin au règne des médiocres où qu'ils soient.