Les producteurs de lait de la commune d'Ighram, dans la daïra d'Akbou, nourrissent de réelles appréhensions quant à leur capacité à faire face aux contraintes liées à leur activité d'élevage bovin. Pour Madjid Ighessanen, responsable local et membre du bureau de wilaya de l'UNPA (union nationale des paysans algériens), « la prime d'incitation à la production de lait livré à la transformation ne leur a pas été versée par l'ONIL (office national interprofessionnel du lait) depuis 4 mois ». Mokrane Tensaout, membre de l'association des producteurs de lait de la wilaya de Béjaïa, renchérira à ce propos en ajoutant que « l'aide que nous apporte l'Etat en augmentant cette prime de 5 DA/litre n'a eu finalement aucune incidence sur nos bénéfices puisque les transformateurs de lait, qui dictent leur loi en fixant eux-mêmes les prix, nous achètent ce même litre de lait frais 6 DA de moins que d'habitude ». Les frais dont les éleveurs subissent la charge deviennent, apprend-on, de plus en plus lourds. « L'aliment et les médicaments sont chers, l'échéancier que nous accordait la CRMA pour assurer notre cheptel n'est plus en vigueur et en cas de sinistre, nous sommes remboursés à 60 au lieu de 80% », se plaint notre interlocuteur qui nous fera remarquer qu'il dut recourir, justement, à l'instance judiciaire pour tenter de recouvrer tous ses droits après la perte d'une vache. Parmi les autres subventions pour l'investissement à la ferme accordées par l'Etat, « la prime de sélection subordonnée par un engagement de l'éleveur à garder une génisse pendant au moins deux gestations est aussi sujette à polémique. Le cas d'un animal ne pouvant plus assurer une seconde gestation suite à une maladie est-il pris en compte ? », se demande M. Tensaout qui interpelle les pouvoirs publics pour venir à leur rescousse. « La promotion de la production locale de lait cru en vue de réduire l'importation du lait en poudre passe par la satisfaction des revendications des éleveurs », estime-t-il.