Les syndicats autonomes animateurs du débrayage d'une semaine tiendront aujourd'hui leurs conseils nationaux respectifs afin de décider de la suite à donner à leur mouvement de protestation. Face à l'indifférence et au mépris du gouvernement, la poursuite de la grève semble une option inévitable. D'ores et déjà, le conseil de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) s'est réuni hier en session extraordinaire et a décidé de reconduire la grève pour une durée d'une semaine à partir du 15 novembre prochain. Hier, les syndicats ayant appelé au débrayage ont condamné à l'unanimité, lors d'une conférence de presse animée à Alger, le recours à la violence pour faire taire les enseignants. « Le métier d'enseignant n'est pas un métier saisonnier. Il est donc inadmissible de faire appel à des enseignants pour combler un vide pour une durée indéterminée puis on les renvoie dans la nature sans avenir », a tonné M. Sadali, faisant allusion aux enseignants contractuels qui ont vécu un mardi d'enfer et une journée des plus humiliantes. En effet, les enseignants contractuels ont été malmenés, insultés, matraqués. « Aucune personne ne peut tolérer un tel mépris ni une telle humiliation. Les enseignants ont été brutalisés avant d'être embarqués au commissariat puis fichés comme s'ils étaient des terroristes ou des voyous », ont fulminé les syndicalistes, qui se sont interrogé quant au crime commis par ces malheureux éducateurs. En signe de solidarité avec les enseignants contractuels, les syndicats autonomes ont proposé le boycott de l'encadrement des concours de recrutement qu'organise le département de Benbouzid les 13 et 14 novembre prochains. Revenant au mouvement de protestation, les syndicats ont affiché leur entière satisfaction par rapport au taux de participation et ce, malgré les menaces du département de Benbouzid et la décision de justice déclarant la grève illégale. Ces mesures, selon les conférencier, ont eu un effet inverse sur les enseignants qui se sont mobilisés et ont décidé cette fois d'aller jusqu'au bout de leurs revendications. Les syndicats ne comprennent pas l'attitude des pouvoirs publics qui restent confinés dans leur mutisme et ne se sont pas préoccupés de voir les établissements scolaires quasiment paralysés. « Le gouvernement est-il aveugle ? Ne mesure-t-il pas l'ampleur de la situation ? Qu'attendent les pouvoirs publics pour trouver une solution radicale aux revendications des 500 000 travailleurs de l'éducation ? », se sont interrogé les syndicalistes. Le CLA, le Cnapest, l'Unpef, le Snapest et les contractuels comptent maintenir la pression afin de faire aboutir leurs revendications. Pour l'heure, leur stratégie adoptée semble avoir bien fonctionné puisque la grève a été une réussite totale. Sur le terrain, les enseignants ont subi des pressions inégalées, mais cela ne les a pas empêché de suivre le mot d'ordre de grève à la lettre. « En plus de la défalcation des journées de grève, le ministre de tutelle a demandé que ces journées non travaillées soient prises en considération lors de l'évaluation pédagogique des enseignants. A travers ce geste, le ministre veut tout simplement le pourrissement », expliquent les syndicats. Persuadés que leur base respective a dépassé le stade de la peur, les syndicats revendiquent un dialogue sérieux et serein et se disent plus que jamais décidés à faire valoir des revendications qu'ils qualifient de légitimes. S'agissant de l'instrumentalisation de la justice, les syndicats ont précisé qu'aucune décision ne leur a été notifiée et estiment que les enseignants ont rendu leur verdict dans ce sens en participant massivement au débrayage. « Même si la justice se prononce pour l'arrêt de la grève, la base ne suivra pas. En 2003, la justice a décrété notre grève illégale mais une fois devant les tribunaux, le juge a décidé d'un non-lieu. Nous avons appris la leçon, d'autant plus que nous avons suivi toutes la procédure dictée par la loi, notamment le dépôt du préavis de grève », a souligné M. Boudiba du Cnapest. Evoquant la directive signée par le Premier ministre, le 30 septembre 2009, supprimant l'effet rétroactif du régime indemnitaire, les syndicats rejettent en bloc la mesure précisant que l'entrée en vigueur du régime indemnitaire actuellement en négociation interviendra à la date de sa publication au Journal officiel. Les syndicalistes accusent le gouvernement de vouloir gagner du temps et de l'argent, puisque, indiquent-ils, si la nouvelle grille des salaires et le statut particulier des enseignants sont déjà appliqués, rien ne justifie que le régime indemnitaire ne soit pas à effet rétroactif. En outre, les syndicats n'ont pas ménagé le porte-parole de la Fédération des parents d'élèves, M. Dalalou, qui a accusé les enseignants de vouloir prendre en otage les élèves. « Où était Dalalou lorsque les élèves ont manifesté dans la rue ? Nous nous battons depuis des années pour sauver l'école algérienne et permettre à nos enfants d'avoir un enseignement de qualité et Dalalou n'a jamais pressé le ministre de tutelle pour qu'il arrête le massacre. Dalalou devait se taire », ont pesté les syndicats.