Le bon sens a finalement prévalu au Togo et M. Faure Gnassingbé, qui a renoncé à sa charge vendredi, a eu droit à des félicitations. Un geste attendu il est vrai, tant le pays était sous la menace de sanctions, mais l'inverse aussi était vrai, puisque les autorités de fait qui ont accaparé le pouvoir à la mort de Gnassingbé Eyadéma auraient pu faire preuve d'intransigeance. Faure Eyadéma ne conduira plus la transition, et n'organisera pas l'élection présidentielle qui mettra fin à la vacance du pouvoir. En ce sens, le mérite revient aussi et même surtout à l'Union africaine qui, la première, appelait les choses par leur nom, c'est à dire qu'elle dénonçait le coup d'Etat. Dans son message télévisé à la nation, le fils du président, décédé le 5 février dernier, a déclaré : « Aujourd'hui, le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) m'a fait le double honneur de m'élire à sa présidence et de m'investir comme candidat à la présidence de la République » pour l'élection qui aura lieu « dans les prochaines semaines ». « Afin de garantir la transparence de cette élection, son équité, et de donner les mêmes chances à tous les candidats, j'ai décidé de renoncer au poste de président de l'Assemblée nationale assurant provisoirement les fonctions de président de la République », a ajouté M. Gnassingbé. « Il y a un temps pour les luttes politiques et les conflits d'intérêts. Il y a un temps pour la paix des cœurs, la tolérance et la réconciliation. Ce temps est arrivé, il constitue une chance que nous devons saisir », a ajouté M. Gnassingbé. Il a aussi exprimé sa « gratitude » au président gabonais Omar Bongo Odimba, au président en exercice de l'Union africaine (UA), le Nigérian Olusegun Obasanjo, et au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi « pour toutes les initiatives qu'ils ont prises ». M. Gnassingbé a également lancé un « appel pressant au dialogue » aux « acteurs politiques » togolais, alors que l'opposition a prévu de manifester hier à Lomé contre les nouvelles autorités et pour des élections « ouvertes à tous ». Pour sa part, le nouveau président par intérim promet des « élections libres et transparentes » dans un délai de 60 jours comme le prescrit la Constitution. « Nous allons essayer, dans le délai prescrit, d'organiser des élections libres et transparentes afin de donner satisfaction à tous les Togolais », a déclaré M. Abbas Bonfoh, peu après son élection. « Je compte sur tous les Togolais pour faire ce travail », a-t-il indiqué. M. Bonfoh, premier vice-président de l'Assemblée nationale, a succédé à Faure Gnassingbé, qui avait renoncé quelques heures auparavant à sa charge de président investi « afin de garantir la transparence » de la prochaine élection présidentielle à laquelle il est candidat. Six partis d'opposition, dont l'Union des forces de changement (UFC) du principal opposant Gilchrist Olympio, ont réclamé vendredi des « accords politiques », avant la tenue des élections présidentielles. Selon eux, ces accords devraient permettre la participation « sans exclusion » de tous les partis au scrutin. Tirant la conséquence de cette décision, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO, 15 pays) a décidé de lever, avec « effet immédiat », les sanctions imposées le 19 février au Togo. C'est donc la fin d'un épisode, mais aussi l'aboutissement d'un travail remarquable accompli par les institutions africaines décidées à faire la chasse aux régimes putschistes. En ce qui la concerne, l'Afrique n'a jamais appelé au retour de la démocratie. Ce qui est lourd de sens. Elle a défendu jusqu'au bout l'ordre constitutionnel.