Plusieurs dizaines d'Algériens, en majorité de jeunes supporters, ont manifesté leur colère et leur frustration de ne pas trouver de billets d'entrée pour le match du 14 devant les portes du consulat algérien dans la capitale égyptienne durant toute la matinée d'hier. Le Caire : De notre envoyé spécial Certains, comme Mabrouk, sont des étudiants vivant en Egypte depuis des années. « Je suis un étudiant algérien au Caire, je prépare un magister et j'ai une soutenance dans quelques jours, mais je ne peux penser à rien d'autre qu'à ce match ! », nous dit-il. Et d'ajouter : « Nous sommes disciplinés, nous respectons les gens de notre pays d'accueil mais notre ambassade a été injuste envers nous en envoyant tous les billets à Alger, sans rien prévoir pour les Algériens du Caire », regrette-t-il, rageur. Mercredi, ils ont été également nombreux à manifester devant le siège de l'ambassade et du consulat au point d'obliger l'ambassadeur, Abdelkader Hadjar, à sortir pour parlementer avec eux. Ce jeudi matin, à mesure que le temps passait, ils étaient de plus en plus nombreux à arriver pour s'agglutiner devant les grilles, créant ainsi une ambiance digne du stade avec chants, danses, banderoles et drapeaux déployés. « One, two, three, viva l'Algérie », « Echebka ya ghazzal », « inchallah qualifiés » et d'autres slogans encore étaient repris à l'unisson sous le regard éberlué des automobilistes égyptiens qui n'en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles. L'arrivée impromptue d'une équipe de la télévision algérienne et de certains confrères de la presse écrite a relancé encore de plus belle la mobilisation des supporters. Au bout de quelques minutes, la présence des forces égyptiennes s'est accrue de manière considérable. Trois camions remplis de policiers stationnaient discrètement dans une rue adjacente, se tenant prêts à intervenir si les choses venaient à dégénérer. Ayant eu de vagues promesses que des billets allaient leur être distribués, les supporters campaient sur le trottoir sans en démordre. Le drame des Algériens venus par route est encore plus grand que celui de leurs compatriotes vivant en Egypte. Originaire de Larbaâ, près de Blida, Saddek est un jeune chômeur de 23 ans. Il est arrivé mardi au Caire vers minuit en provenance d'Alger via la Tunisie et la Libye. Près de 75 heures de conduite entrecoupées de quelques petits moments de repos pour avaler les 4000 kilomètres qui séparent son pays d'origine de celui du Nil. « En Libye, si t'as pas 700 euros, ils ne te laissent pas passer », raconte-t-il. Lui et ses compagnons de route sont chômeurs. « Il a fallu verser des bakchichs à la police des frontières libyenne pour qu'elle ferme les yeux. 50 dinars libyens, l'équivalent de 3500 dinars algériens ! » Dans la capitale égyptienne, notre routard et ses amis ont loué un appartement pour 120 livres égyptiennes, l'hôtel étant bien au-dessus de leurs moyens. Mercredi, ils se sont présentés devant l'ambassade d'Algérie pour s'entendre dire qu'il n'y avait aucun billet disponible pour eux. Devant le grand nombre de ces supporters en colère, l'ambassadeur a fini par sortir pour les rencontrer. Selon leurs dires, le diplomate a eu pour seule réponse cette phrase cinglante et peu diplomatique : « Personne ne vous a demandé de venir ici ». Rabah, lui, est venu d'Espagne. Il patiente devant l'ambassade, mais il n'a aucun espoir. A l'ambassade d'Algérie en Espagne, on lui dit qu'il pouvait partir en Egypte mais à ses risques et périls puisque l'obtention d'un billet d'entrée au stade n'était aucunement garantie. « Les Egyptiens ont été injustes avec nous en nous octroyant seulement 2000 billets alors qu'ils ont un stade de 80 000 places », renchérit son compagnon. « Nous, on leur a donné 2000 tickets mais pour un stade de 30 000 places », ajoute-t-il, visiblement frustré de ne pas pouvoir assister à la grande confrontation du samedi. A l'heure où nous les avions quittés, la plupart d'entre eux caressaient encore l'espoir que les Egyptiens allaient leur accorder quelques strapontins. Ils ignoraient que la veille, ces Egyptiens-là avaient eu un mal de chien à canaliser les dizaines de milliers de personnes qui avaient pris d'assaut les quelques points de vente qu'ils avaient ouverts à leur disposition.