Le poulet coûte cher, plus cher qu'il ne l'a jamais été ces dernières années. C'est le constat fait auprès des vendeurs détaillants des produits avicoles. Les prix de la «viande du pauvre» sont passés du simple au double en quelques mois seulement. Ainsi, si au début de l'été le poulet enregistrait des records de baisse avec seulement 220 DA/kg chez les détaillants, le mois de Ramadhan a connu une flambée des prix. Chez les volaillers de la capitale, le poulet vidé a dépassé les 380 DA/kg. Depuis l'Aïd, c'est quasiment à plus de 400 DA que le kilo est cédé. Au niveau d'Alger et autres grandes villes, le poulet coûte jusqu'à 460 DA, avons-nous appris également. Les prix les plus bas frôlent les 360 DA/kg. Chez les producteurs, le kilo de poulet coûte près de 240 DA, le double d'il y a deux mois. Et le prix de la dinde est aussi exorbitant : 900 DA/kg pour l'escalope. Selon les détaillants, cette hausse est due à la croissance de la demande et à la raréfaction du produit. «Il faut compter 30 DA de marge bénéficiaire pour chaque intermédiaire. Quand le poulet arrive chez le détaillant, il est déjà à plus de 300 DA/kg. Parfois la marge ne dépasse pas les 20 DA, car le marchand espère que son produit sera vendu, au risque de pourrir dans le frigo s'il vient à être boudé par le consommateur», nous dit-on. Mais c'est loin d'être le cas. Durant le mois de Ramadhan, vu la flambée des prix de la viande rouge, les ménages se sont rabattus sur le poulet, créant une forte demande «en partie à l'origine des prix exorbitants affichés par la viande blanche», explique pour sa part un commerçant. Pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la suppression de la TVA censée encourager l'investissement dans cette filière a été «décidée tard». Actuellement, les investisseurs qui se sont remis à la filière n'ont pas encore eu les premiers résultats de leur élevage. «Il faudra attendre pour que la quantité produite atteigne le stade de la commercialisation, ce qui suppose une situation de pénurie pour encore quelques semaines», explique M. Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA. Selon cette organisation, la demande en viandes blanches est estimée à 400 000 tonnes annuellement, alors que l'offre est de 250 000 seulement. Les aviculteurs ont demandé le maintien du soutien des prix du maïs et du soja à travers la suppression de la TVA sur ces deux matières premières qui constituent l'aliment avicole. Les hausses des cours mondiaux de ces deux matières ont justifié les augmentations des prix des produits avicoles enregistrés début 2013. En 2012, le ministère de l'Agriculture avait procédé à la suppression de la TVA sur l'importation de l'aliment. Le ministre de l'Agriculture a promis de tout faire pour que cette mesure soit maintenue pour une année encore. L'effet de la suppression devait être ressenti dès la deuxième semaine du mois de jeûne, mais force est de constater que malgré les incitations engagées par l'Etat en vue d'encourager les aviculteurs, l'objectif n'a pas été atteint.