Une trentaine de « bezzzefistes » se sont rassemblés, jeudi dernier, vers 15h30, devant l'APN, pour marquer à leur manière le premier anniversaire de la « Constitution du 12 novembre » qui avait permis, rappelle-t-on, à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat et se placer, de l'avis de beaucoup, sur la voie royale de la « présidence à vie ». Le 12 novembre 2008, 500 parlementaires avaient voté « oui » à main levée en faveur de l'amendement du « doustour », validant par-là même ce que d'aucuns considèrent comme un « viol de la Constitution », dont seulement 21 voix « contre » et 8 abstentions. Pour les besoins de leur manifestation, les membres du groupe de contestation pluridisciplinaire Bezzzef ! ont appelé les participants à se munir d'un gant de vaisselle, d'une pièce de 10 DA et de pancartes avec des slogans choisis pour la circonstance. « Bezzzef ! est le groupe de contestation le moins cher sur le marché », ironise à ce propos Chawki Amari. Sur le gant en caoutchouc, on pouvait lire la mention « naâm », « oui ». Les manifestants ont donc mis leurs gants et les ont brandis d'une façon ostentatoire, tandis que de l'autre, ils ont déployé des pancartes arborant les slogans : « 3 Bezzzef !/ 30 Melioune Bezzzef ! » (30 millions faisant allusion au traitement des députés), « El Majliss Achaâbi El Batani » (l'Assemblée nationale ventrale), « Diputi ivoti naâm ou Diar Echms Fedhlam » (Les députés votent oui et Diar Echems est dans le noir), « APN = Apoui / Nouab El Oumma Beni-oui-oui ». Une demi-heure durant, les manifestants ont scandé leurs slogans aux cris de « Y en a marre de ce pouvoir » et autre « Djazaïr Horra Dimokratiya ». Puis, des officiers de police chargés de la sécurité de l'Assemblée se sont approchés des « bezzzefistes » pour les inviter à se disperser dans le calme. « On vous a laissés faire votre action, votre message est passé, maintenant, yerham waldikoum dispersez-vous ! », négociaient-ils d'un ton serein. Le souci majeur des policiers était que le rassemblement ne se transforme en marche. Avant de quitter les lieux, les manifestants ont déposé au pied d'une pancarte où l'on peut lire « li'nouab » (aux députés) des pièces de 10 DA. Dans leur appel à cette manif', ils expliquaient la symbolique de ce geste en ces termes : « La pièce de 10 DA, c'est pour leur ajouter un peu d'oseille, eux dont le salaire de 30 bâtons suffit à peine à couvrir les frais de parking de leurs 4x4. » L'humour et la dérision semblent ainsi être les armes privilégiées du groupe Bezzzef ! dont la première action, rappelle-t-on, a été de chahuter le Salon international du livre d'Alger. C'était le 1er novembre. Dans son premier communiqué, le groupe annonçait notamment l'institution d'un prix littéraire, baptisé sarcastiquement « Prix Fawzi » (du nom d'un influent colonel du DRS), et qui a été décerné à Mehdi El Djezaïri pour son livre censuré, Poutakhine. Prochaine cible du groupe Bezzzef ! : l'ENTV.