Les grandes manœuvres en prévision de la présidentielle de 2014 commencent. La scène politique nationale, qui a passé une première partie de l'année 2013 des plus moroses, vivra désormais au rythme des rebondissements et des calculs politiciens imprévisibles. Des scénarios commencent à se dessiner et d'autres vont, vraisemblablement, être concoctés dans les jours et les semaines à venir. Mais aucun d'entre eux ne débouchera, selon toute vraisemblance, sur le changement souhaité par une grande partie de la classe politique et promis même par le pouvoir, dont les décideurs semblent avoir changé de cap depuis quelques jours. Le putsch imposé à la tête du FLN – important appareil du pouvoir – et les pressions qu'auraient exercées certains cercles du pouvoir sur les responsables du RND pour modifier leur agenda et activer le processus de désignation du successeur d'Ahmed Ouyahia sont des signes qui ne trompent pas. L'intervention de ces deux événements à la veille de la rentrée sociale et politique n'est pas du tout innocente. Le message pourrait être décodé différemment, mais la signification reste la même : fin de la récréation qui a duré plus de sept mois. Les choses sérieuses peuvent donc commencer, même si les horizons demeurent toujours flous. Quelle lecture peut-on tirer de cette décision d'en finir avec la crise interne au FLN et les tentatives d'amener le RND à faire de même le plus tôt possible ? Le clan présidentiel veut-il s'imposer à temps pour penser, comme il le souhaite, l'avenir politique du pays ? Quels sont les scénarios possibles ? L'évolution de la situation au FLN n'est importante à suivre que parce qu'elle livre des enseignements sur les luttes acharnées au sommet du pouvoir en prévision du prochain rendez-vous présidentiel. C'est ce que pense la majorité des responsables politiques qui ont eu à commenter la grande instrumentalisation de la justice pour propulser Amar Saadani à la tête du FLN. «Vers une élection fermée» Pour Abdesselam Ali-Rachdi, président du parti non agréé Essabil, les derniers développements à la tête du FLN confirment l'intention du clan de se maintenir. «Il y a au moins deux plans qui convergent vers une même finalité qui consiste à ne pas aller vers un changement tel que voulu par les Algériens. Le premier plan, à mon avis, porte sur la prorogation du mandat actuel et la désignation d'un vice-président à la faveur de la révision constitutionnelle pour assurer la gestion des affaires courantes. Le second plan vise à tuer la Constitution pour qu'elle ne soit plus applicable et éviter d'aller vers une élection présidentielle en 2014. Les deux plans sont l'œuvre de deux clans différents», explique-t-il. Pour sa part, le porte-parole du RCD, Athman Maâzouz, dénonce d'abord ce qu'il appelle «la réduction de l'Etat à une jungle». «Nous sommes en train d'assister à un véritable mercenariat institutionnel. La guerre de succession que se livrent les différents clans nous offre l'image d'un Etat voyou. Une justice instrumentalisée, un chef d'Etat aux commandes d'un clan et des institutions qui n'ont d'existence que le nom… Que reste-t-il de crédit à un Etat synonyme de jungle ?», interroge-t-il. Précisant que ces violations apparaissent à la veille de l'élection présidentielle, le responsable du RCD affirme que cela renforce la conviction de son parti que la prochaine joute sera encore fermée. «Ceci renforce notre conviction que les conditions d'une succession politique saine et ouverte ne sont pas garanties. Avec un système pourri, fermé à l'alternance régulière et loin du fonctionnement démocratique, aucune compétition électorale loyale n'est possible. Aujourd'hui, dans ces conditions, l'exercice de la souveraineté populaire est plus que compromis», déclare-t-il. Et d'ajouter : «Les corrupteurs et les corrompus, ingénieux et puissants produits du système encouragés par trois mandats de rapine, composent avec les décideurs de l'ombre, fragilisés ou intéressés par la chkara, pour perpétuer le système.» Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali abonde dans le même sens : «Voilà que le régime, sentant sa fin proche car rejeté par des Algériens écœurés par ses pratiques maffieuses, tente d'organiser par la force sa mainmise définitive sur le pays.» Dans une déclaration rendue publique avant-hier, Soufiane Djilali estime que le président Bouteflika, par son entêtement à rester au pouvoir quelles qu'en soient les conditions, «est en train de mener la nation vers un abîme chaotique».