Encore une fois, les supporters algériens sont violemment tabassés par une foule hystérique au Caire, sous le regard passif, pour ne pas dire complice, de la police égyptienne. Un vrai guet-apens qui restera à jamais gravé dans les mémoires des jeunes supporters ; il vient raviver le triste souvenir de Sfax et Sousse, en Tunisie, lorsque les policiers tunisiens ont fait la chasse à l'Algérien, en 2004, en recourant à une violence inouïe. Bilan : un mort et des centaines de blessés parmi les fans de l'équipe nationale. Dans les deux cas, la responsabilité incombe en premier lieu aux autorités algériennes. Elles n'ont pas été fermes et intransigeantes vis-à-vis des pays d'accueil en ce qui concerne la sécurité de leurs ressortissants. Comment peut-on accepter que des milliers de supporters algériens soient lynchés sans que les services de sécurité du pays concerné réagissent ? L'Etat algérien est en droit de réclamer une protection pour ses ressortissants et faire en sorte que jamais ils ne puissent faire l'objet d'embuscades meurtrières sur leur chemin de retour. Dans un pays européen, causer des blessures à trois joueurs d'une quelconque équipe aurait soulevé l'indignation de tous. L'incident aurait même poussé la FIFA à reporter la date du match et à le faire jouer sur un terrain neutre pour sanctionner le pays responsable. Là, il s'agit d'équipes africaines, la prestigieuse FIFA a laissé faire, se contentant de garanties écrites des autorités égyptiennes pour assurer la sécurité des Algériens. Un engagement foulé aux pieds, dès la fin du match, avec le lynchage de centaines de supporters. Devant les graves dérives égyptiennes, la FIFA a observé un silence de marbre comme si ces événements ne concernaient pas une manifestation qu'elle a elle-même organisée et supervisée. Il est vrai que les Egyptiens n'auraient jamais franchi ce pas de violence s'ils avaient en face un Etat fort, qui protège ses ressortissants là où ils sont. Presque absentes, les autorités algériennes, en dépit de la gravité de la situation, sont restées attachées aux formules protocolaires. Elles ont carrément déculpabilisé « le pays frère » et pointé un doigt accusateur en direction « d'un groupe isolé ». C'est la phrase que ne cessait de répéter le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, à partir du Caire. Ce qui s'est passé avant et après le match relève de la responsabilité de l'Etat égyptien, dont le devoir est de protéger les supporters algériens – ses invités – et non de les livrer au lynchage et leur asséner un coup de couteau dans le dos. Les graves dérives des uns et les fuites en avant des autres font gronder la rue algérienne, envahie par des milliers de jeunes en colère, réclamant des passeports et des tickets de voyage pour le Soudan afin de remplir les gradins le 18 novembre prochain, lors du match d'appui. Ils veulent juste laver l'affront que les autorités égyptiennes leur ont infligé en chassant à coups de pierres des centaines de leurs compatriotes. Ils veulent tout simplement montrer à ceux auxquels ils ont offert des roses au mois de juin dernier à Blida, lors du match aller, que la violence est le propre des faibles et qu'elle ne peut les empêcher d'aimer le symbole de leur pays, leur équipe nationale. Exprimée haut et fort, cette légitime volonté des Algériens à aller encourager leur équipe à Khartoum doit être soutenue non seulement par l'Etat, mais également par les industriels algériens. Pour une fois, ces derniers sont appelés à mettre la main à la poche pour soutenir l'équipe nationale.