Ils revenaient de l'enfer. Les supporters algériens n'ont pas cru ce qui leur est arrivé au Caire. Ils ont vécu un véritable cauchemar. « Nous avons échappé à une mort certaine après la fin du match. On a été livrés en pâture à une foule d'Egyptiens déchaînée, avec la complicité de leur police », ont raconté les supporters hier à leur arrivée à l'aéroport d'Alger vers 16h45. Leurs vêtements maculés de sang témoignent de l'enfer vécu au Caire. Ils étaient accueillis par des youyous des femmes travaillant à l'aéroport. Dans le vol de 16h45, en provenance du Caire, il y avait beaucoup de personnalités sportives et artistiques, parmi elles, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Aziz Derouaz, les comédiens, Salah Ougrout, Kamel Bouakaz et le chanteur cheb Toufik et quelques parlementaires. Berkat Belkacem, député RND de Batna, qui était de la délégation s'est dit consterné par ce qui est arrivé aux Algériens. « Nous avons vécu un véritable cauchemar. Ils sont pires que les sionistes. Vous imaginez, on a été livrés par la police égyptienne aux supporters déchaînés et les services de sécurité assistaient au drame sans bouger. Ils étaient complices. » « On ne doit pas se taire, après tout ce qui s'est passé, nos responsables politiques doivent réagir. Ils ont déchiré les drapeaux algériens et insulté la mémoire de nos martyrs et c'étaient des policiers », a ajouté le député. Cheb Toufik, encore sous le choc, a déclaré : « Ils ont failli nous tuer. Ces Egyptiens nous détestent, il ne faut pas se faire d'illusion. » Les deux comédiens, Ougrout et Bouakaz, étaient encore sous le choc. Ils n'arrivent pas à croire encore qu'ils sont sains et saufs. « C'est la police qui nous a jetés en pâture. Même la délégation officielle n'a pas été épargnée par les agressions. C'est une bonne leçon pour nous. Eux quand ils viennent chez nous, on leur déroule le tapis rouge et sont hébergés dans des hôtels de luxe », s'indigne Bouakaz. Selon les témoignages recueillis auprès des supportes hier à l'aéroport d'Alger, pas moins d'une centaine de blessés. « Cela a commencé juste après la fin de la rencontre. Nous attendions dans les tribunes les instructions des services de sécurité égyptiennes pour monter dans les bus. Vers minuit, on quitte le stade du Caire escortés par une voiture de police et une vingtaine de minutes après notre départ, la voiture disparaît. Le bus ralentit avant qu'une meute de supporters égyptiens nous attaque avec des jets de pierres et des armes blanches. Ils étaient comme des fous, pire que les sionistes. Ils voulaient nous tuer. Les bus qui transportaient nos supporters étaient totalement endommagés. Et tout cela sous le regard de la police », témoigne Tayeb Meriem, ancien député, qui faisait partie de la délégation. L'hôtel qui hébergeait les supporters algériens se trouve à une heure de route du stade. « Tout au long du trajet, les Egyptiens n'arrêtaient pas de nous caillasser. Il y avait beaucoup de blessés », a ajouté l'ex-parlementaire. Un autre supporter, Hellal d'Alger, a affirmé avoir vu un supporter brûlé vif par des Egyptiens, lors de son retour du stade. Tous les bus transportant les supporters algériens après le match ont été la cible de violentes attaques des Egyptiens, qui les attendaient à la sortie du stade, a raconté un supporter. Selon les témoignages des autres supporters algériens, les bus ont été systématiquement caillassés et plusieurs passagers ont été blessés. Ils étaient suivis jusqu'à l'aéroport Les Egyptiens attendaient la sortie des bus devant ramener les Algériens à leurs hôtels aux abords du stade, dans la banlieue cairote, pour les soumettre à un véritable pilonnage de pierres. « tout ça s'est passé sous le regard complice des officiers de police égyptiens », confirme un groupe de supporters. Le drame vécu par nos compatriotes ne s'est pas terminé la nuit du match. Hier matin, à l'aéroport international du Caire, les supporters algériens ont été surpris par des agressions savamment orchestrées à l'intérieur même de l'aéroport. « On croyait que tout était terminé après le cauchemar de la nuit du match, malheureusement pour nous, une centaine d'Egyptiens étaient embusqués à l'intérieur de l'aéroport. Dès qu'on a franchi les portes de l'aéroport, on a été attaqués par une foule déchaînée. Même les journalistes ont été agressés. On a été pris en otage », témoigne, Bachir Cherif, directeur du journal La Tribune. Montrant les pierres avec lesquelles ont été agressés les Algériens. Pour tous les supporters des Verts, ce qui leur est arrivé au Caire renseigne sur la haine qu'ont les Egyptiens envers les Algériens. « Je suis sûr que si nous étions à Tel-Aviv on aurait eu droit à un traitement digne. Qu'on cesse de nous chanter la ‘‘oukhoua'' et que nous sommes deux peuples frères. Ce qui s'est passé est une agression contre l'Algérie. On est touchés dans notre dignité, si nous avons de vrais dirigeants, ils doivent agir en conséquence », a indiqué un ancien député, actuellement membre du RND, chargé des relations avec le monde arabe. Les autorités algériennes mises en cause Les supporters algériens qui chantaient (one tow, three, viva l'Algérie), en descendant de l'avion, n'ont pas épargné les autorités algériennes dans leurs critiques. Pour eux, les représentants algériens au Caire n'ont pas été à la hauteur pour défendre les supporters algériens. Ni les ministres qui étaient sur place ni l'ambassadeur n'ont veillé au respect des mesures qui devraient être prises par les services de sécurité égyptiennes, disent certains supporters. Ces derniers ne comprennent pas encore pourquoi l'ENTV n'a pas montré l'agression contre le bus qui transportait l'équipe nationale lors de son arrivée au Caire. « Pourquoi veut-on cacher la vérité aux Algériens, a-t-on peur de ces Egyptiens qui voulaient nous tuer ? », se sont interrogés les fans des Fennecs, hier à l'aéroport. Malgré le drame cairote, les supporters des Verts, à peine ont-ils repris leur souffle, demandent comment rejoindre Khartoum pour soutenir les Verts. « On est avec eux jusqu'au bout », scandent-ils en quittant l'aéroport.