Ils sont partis en Egypte pour soutenir les Fennecs et ils sont revenus meurtris et martyrisés par des hordes égyptiennes qui se sont livrées à une véritable chasse à l'homme pour «casser de l'Algérien». «Nous avons vécu un cauchemar au Caire. Je vous jure qu'on nous a lynchés sans épargner les femmes et les enfants. Jamais je n'aurais cru qu'ils allaient nous traiter de la sorte», témoigne d'emblée Mohamed Bouafia, 31 ans, qui fait partie de ce premier groupe de supporters arrivés hier après-midi à l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. «Le premier jour de notre arrivée, l'accueil était cordial. Mais le jour du match, tout a changé. Bien avant le début de la rencontre, à l'entrée du Cairo Stadium, des supporters égyptiens dispersés en deux rangs nous attaquaient avec des pierres et nous lançaient des insultes. Fort heureusement, nous sommes entrés sans dégâts majeurs. Mais à la fin du match, les agressions dont on a été victimes ont failli nous coûter la vie», confie-t-il, encore traumatisée. Il faut dire que Mohamed et l'ensemble des supporters algériens ont été «enfermés» dans le stade de 20 h jusqu'à 4 h.«On nous a interdit de sortir pour soi-disant veiller à notre sécurité. Mais à la sortie, on nous a regroupés dans 20 bus, lesquels se sont rassemblés sous un pont à quelques centaines de mètres du stade. Là, une foule immense de supporters égyptiens nous attendait avec des bâtons et des cailloux. Ils nous attaquaient avec férocité sous les yeux des policiers égyptiens qui les priaient verbalement de cesser. Ils nous ont tout simplement abandonnés à notre triste sort», livre notre interlocuteur, les yeux larmoyants. Sa souffrance est bel et bien un euphémisme au vu de ce que Mohamed et les supporters algériens ont dû subir. «Juste après le déchaînement des Egyptiens, la police nous a renvoyés vers le stade. Là, ils nous ont dépêchés des bus car les précédents étaient entièrement saccagés. On nous a séparés et les bus ont pris des itinéraires différents. Nous découvrirons plus tard que tous les bus ont été interceptés par des hordes de sauvages d'autant plus que nous avons rejoints notre hôtel, l'Europa, sans escorte policière. Dans le bus où j'étais, nous avons été pris pour cible à quelque 150 mètres de l'hôtel. Des Egyptiens nous ont caillassés alors que nous étions à plat ventre dans le bus. Pendant 20 minutes, on nous balançait des pierres et des barres de fer. Certains Egyptiens ont même réussi à pénétrer dans les bus et nous tabasser. 4 d'entre nous ont été tués ainsi. Le premier est originaire de Tizi Ouzou, le deuxième de Blida, et les deux autres sont de l'Est», témoigne Mohamed en affirmant que lui et plusieurs autres supporters détiennent des vidéos et des photos qui prouvent leurs propos. «Lorsque nous sommes entrés à l'hôtel, nous avons envoyé à l'hôpital 7 personnes dans un état grave. Jusqu'à l'heure, nous n'avons aucune nouvelle de leur part car nous sommes restés à peine 20 minutes à l'hôtel puisque, là aussi, on nous a agressés et insultés. Je sais en tout cas qu'une femme enceinte qui était parmi nous a perdu son bébé sous le choc des agissements des voyous égyptiens. Une vieille femme, accompagnée de son fils trisomique, a été tabassée dans son bus», affirme Mohamed. «Ce qui m'a le plus fait mal, c'est l'indifférence de nos autorités consulaires. A l'aéroport du Caire, avant notre départ, personne n'est venu s'enquérir de notre état alors que nous venions de vivre l'enfer. De 4 h jusqu'à 8 h 45, nous étions pourchassés, tabassés et lynchés. Pourquoi notre consulat n'a-t-il rien fait pour nous protéger. Ne sommes-nous pas des Algériens ?» s'interrogent en dernier lieu Mohamed qui se pose désormais de sérieuses questions sur la «dignité et l'honneur de ces autorités»… A. S.