On ira en Afrique du Sud », ne cessaient de répéter, au lendemain de la défaite de l'équipe nationale, plusieurs jeunes Algériens à Barbès, un quartier de Paris qui concentre une forte communauté algérienne et où des centaines de supporters venus des banlieues s'étaient donné rendez-vous pour commenter le match. « Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre. Ce n'est que partie remise. Demain, ces Egyptiens sauront qu'ils s'étaient trompés en nous prenant pour ce que nous ne sommes pas », disait, presque en larmes « Fri », un sans-papiers originaire de Annaba. « Le rêve d'une qualification immédiate s'est certes effondré samedi dernier, mais nous restons confiants. Les Fennecs vont nous rendre le sourire lors du match d'appui de demain », assure Réda, un Constantinois arrivé à Paris il y a à peine quelques mois. Réda est un harrag, il a réussi à s'échapper du centre de rétention administrative de Bari (Italie) quelques semaines après son arrestation en Sardaigne. Au terme d'une longue discussion sur leur aventure, ils nous proposent d'aller faire un tour au boulevard de Belleville, dans le 11e arrondissement, un autre quartier à forte concentration maghrébine. A notre grande surprise, nous nous retrouvons aux Délices d'Orient, un petit salon de thé dont le propriétaire est Rabah Ziani, père de l'idole Karim Ziani. Un imposant drapeau illumine par ses couleurs la porte d'entrée. Une fois à l'intérieur, il n'y en a que pour l'Algérie. « J'ai eu Karim au téléphone, il m'a rassuré à propos de la blessure qu'il avait à la cuisse droite. C'est dur, très dur de voir la qualification nous échapper en un clin d'œil, mais on va se relever, me disait Karim, la gorge nouée », raconte Rabah à ses clients. Aux Délices d'Orient, tout le monde est unanime : les Fennecs ont été déstabilisés par l'incident qu'ils ont vécu. « Même s'ils ont essayé d'en faire abstraction, on voyait quand même qu'ils étaient quelque peu perturbés. Les Soudanais sont les amis de l'Algérie. Les conditions du match d'appui seront totalement différentes et on y croit dur comme fer », dit avec fierté un proche de Karim Ziani en nous servant le café. Par ailleurs, de passage hier sur l'avenue Michelet, dans le quartier de la marie de Saint-Ouen en banlieue parisienne, notre attention a été désagréablement attirée par la vue d'un drapeau national maculé de sang. Il était rangé non loin de la porte d'entrée des magasins Carrefour. On nous apprend que ce drapeau était porté par un jeune, la vingtaine, au moment d'un terrible accident de moto survenu à 17h30, à quelques minutes de la rencontre de samedi. Roulant à vive allure pour pouvoir être à l'heure, sa moto avait été violemment percutée par un véhicule léger. D'après les témoignages recueillis sur place, le jeune compatriote serait sérieusement blessé à la tête.