C'est lors d'une rencontre organisée pour la deuxième journée de la 18e édition du Salon du livre d'Alger, qui se tient jusqu'au 9 novembre, au Palais des expositions des Pins maritimes que cet hommage a été rendu à la regrettée. Des chercheurs et des universitaires algériens ont abordé, lors de cette rencontre, plusieurs thèmes dédiés à l'analyse de l'œuvre de Yamina Mechakra, et ce, dans son aspect théorique et ses dimensions socio-culturelles et socio-politiques. Pour rappel, la disparue a écrit La Grotte éclatée en 1979 et Arris en 1999. Dans son intervention portant sur «La poésie pour dire la guerre», l'écrivaine Aïcha Bouabaci a avoué qu'elle a connu la regrettée écrivaine par procuration, à travers d'abord son livre à la résonance interpellatrice, mais aussi à travers une amie qui lui parlait de ses souffrances, de son isolement vers la fin des années 1980. L'intervenante indique que l'on a beaucoup disserté sur l'écriture féminin-masculin de Mechakra. Elle s'interroge d'ailleurs : «Faut-il croire à une vision réductrice de la femme ? Ou seulement à une forte incompréhension de cet être ? La femme qui a fait éclater tous les tabous durant la révolution, après avoir déserté les bancs de l'université ou son douar pour combattre dans les maquis au milieu des hommes ou dans les villes, au milieu des ennemis ? La femme qui surprend, la femme qui dément et démonte tout un édifice de préjugés ?» Aïcha Bouabaci est convaincue que le titre La Grotte Eclatée signe une poésie de feu et de sang «et le tempérament guerrier de la narratrice, au front par l'action militaire et par l'action militante, par le verbe et par le symbole, elle ouvre la voie aux femmes recluses et soumises, redonne voix aux traditions oubliées, elle, la femme sans nom et sans religion». Toujours selon les propos de l'intervenante, Yamina Mechakra est la première femme qui a écrit un livre sur la guerre de Libération nationale. «Une fiction, dit-elle, illuminée par son âme de poète, car pour raconter la guerre quoi de plus incisif qu'un poème ?» En guise de conclusion, Aïcha Bouabaci a émis le vœu que l'œuvre La grotte éclatée soit portée à l'écran par tous les vents de l'univers. L'écrivain et journaliste, Rachid Mokhtari, est revenu dans son argumentaire sur le personnage de la femme imam, narratrice de la Grotte éclatée. Le conférencier indique que le terme de la grotte est polysémique. Il existe une forte connotation de la grotte comme espace. «La grotte, précise-t-il, peut signifier le quartier général, à l'image des combattants de la foi, le lieu de la défaite, l'hôpital ou encore un lieu d'union». Tout l'espace de la grotte est antinomique. Yasmina Mechakra ne se revendique d'aucune religion. Dans cette grotte, elle symbolise la femme imam, d'où cette polysémie du terme de la femme et de la grotte. Alors que le discours de Mechakra qui devient imam, ce qui n'existe pas dans l'Islam. Preuve en est : elle joue le rôle d'un imam à la mort d'un blessé. Le journaliste Rachid Hammoudi a évoqué, de son côté, les contributions de Yamina Mechakra au quotidien El Moudjahid. Ce dernier a publié, récemment, aux éditions l'Odysée, un roman intitulé Tahar Djaout, un talent cisaillé, où il parle de Yamina Mechakra. Rachid Hammoudi se souvient du passage remarqué de la défunte dans les années 1990 dans les locaux du quotidien El Moudjahid. Elle a publié dans les colonnes du journal en question quatre contes d'une grande sensibilité. Pour l'anectode, «cette femme d'une grande qualité humaine n'avait pas été payée pour ses contributions», confie-t-il. Pour sa part, le bibliothécaire Hocine Azeddine Rachid a axé son intervention sur les bases biographiques et sur tous les écrits universitaires portant sur l'écrivaine disparue. Un état des lieux a été dressé dans toute sa dimension, tout en n'omettant pas de répertorier les colloques, les hommages ainsi que les articles de presse consacrés à l'auteure de La Grotte éclatée avant et après 1993. L'orateur précise qu'à travers ce travail, il a voulu mettre en évidence la reconnaissance de l'œuvre de Yamina Mechakra.