La librairie Chiheb International a accueilli, samedi dernier, une rencontre portant sur la dernière publication de l'écrivain et journaliste Rachid Mokhtari. C'est devant une assistance nombreuse, composée de la famille de la regrettée Yamina Mechakra, d'universitaires, d'étudiants et d'anonymes que l'auteur Rachid Mokhtari est revenu sur la genèse de son essai intitulé « Yamina Mechkra, Entretiens et lecture », publié aux éditions Chiheb International. Le journaliste et écrivain a tenu à rappeler qu'il a entrepris une série d'enregistrement audio avec la défunte romancière algérienne. En effet, il a réalisé des fragments d'entretiens en 1999, à l'occasion de la publication du deuxième roman de Yamina Mechakra «Arris ». La défunte avait gardé les enregistrements en question pour les réécouter. Après la mort de la romancière, la sœur de Yamina Mechakra a retrouvé, treize ans après, ces rencontres qui avaient eu lieu à l'hôpital Drid Hocine à Alger. Malika Mechakra qui était psychiatre occupait, à cette époque, un logement de fonction dans cette structure hospitalière. Tout au long de ces entretiens Yamina Mechakra est revenue sur son enfance, sur son adolescence, son parcours d'écrivain, ses préoccupations d'écriture, sa vie de femme, de médecin psychiatre, sa famille, ses souvenirs de guerre d'indépendance, ses rencontres, notamment avec Kateb Yacine, son préfacier de « La Grotte Eclatée », devenu ami, l'ancêtre comme elle aimait l'appeler affectueusement. Rachid Mokhtari explique que la partie analytique qui suit les entretiens repose « sur un large corpus d'extraits des deux romans « La Grotte Eclatée » et « Arris », le second publié vingt ans après la parution du premier. Le conférencier estime que les deux romans en question de Yamina Mechakra fusionnent plus qu'ils ne se suivent. « C'est pourquoi malgré la différence des approches appliquées à l'un et l'autre sémantique et énonciative, ils s'entre pénètrent dans cet essai », confiera-t-il. La défunte Yamina Mechakra maîtrisait non seulement l'écriture avec un souffle poétique mais avait, également, un don pour les arts plastiques. Elle peignait, d'ailleurs, chez elle, dans son village à Meskiana à Batna. Elle admirait, par-dessus tout, les tableaux de son ami artiste- peintre Cherif Merzouki. Elle était éblouie par les œuvres retraçant la culture chaouie. Sa relation avec la peinture et le dessin étaient plus qu'évidentes. Yamina Mechakra avait une relation fusionnelle avec sa terre natale. Elle a beaucoup donné au service public, notamment ses différents déplacements suite au tremblement de terre de Chlef dans les années 1980. Ce qui l'a le plus marquée, c'est sa rencontre avec un professeur français à Beni Messous. En guise de conclusion, Rachid Mokhtari a révélé que Yamina Mechakra avait rompu avec le monde littéraire. Elle écrivait beaucoup. Ses manuscrits se sont dispersés. Pour rappel, l'auteure de la « Grotte Eclatée » avait écrit une série de cahiers et ce, entre cinq et neuf ans. Elle avait même finalisé, à neuf ans, un roman historique. Rachid Mokhtari regrette, cependant, que ses deux et uniques œuvres ne soient pas republiées par une quelconque maison d'édition. « Yamina Mechakra n'a jamais perçu ses droits d'auteurs. Certains ont même osé la plagier », dira-t-il.