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Ahmed Adimi. Politologue : «Pour la présidentielle, on peut s'attendre au pire des scénarios»
Publié dans El Watan le 09 - 11 - 2013

-Vous avez lancé une initiative, avec d'autres personnalités nationales, appelant à «respecter les échéances électorales légales dans l'organisation de l'élection présidentielle d'avril 2014». Vous soupçonniez que cette élection n'aurait pas lieu à la date prévue ?
L'initiative a été lancée au moment où certains cercles proches du pouvoir appelaient à la prolongation du mandat présidentiel actuel. Nous avons alerté l'opinion publique, à travers notre appel, sur les risques et dangers d'une telle démarche que nous jugeons illégale et sans fondement.
-Vous dites aussi dans votre initiative que «la Constitution et les institutions de l'Etat sont menacés aujourd'hui, tant dans l'équilibre des pouvoirs que dans leur existence même». Comment sont-elles menacées et par qui ?
Effectivement, la Constitution est menacée. Elle l'est à travers sa révision. La Constitution est le document fondamental et essentiel de la nation. Elle définit le mode du/des pouvoir(s) et organise son (leur) fonctionnement. De fait, on ne rédige/révise jamais un document pareil par un petit groupe de cinq personnages enfermés dans un bureau. La révision de la Constitution doit faire l'objet d'une vaste consultation. On doit d'abord commencer par la désignation d'une commission nationale où siègeront des sociologues, des politologues, des historiens, des hommes de religion et des juristes. Sa tâche principale consistera à «rassembler» les points de vue des différents acteurs politiques, représentants de la société civile et spécialistes et de les étudier avant de présenter un projet de Constitution qui sera soumis au débat public, suite auquel des juristes du droit constitutionnel interviendront pour donner «l'habillage» juridique au document avant de le soumettre au référendum populaire.
-Vous voyez que ce n'est pas ce qui se passe avec la révision de la Constitution algérienne, qui se fait d'une façon complètement différente. Elle sera donc une Constitution du pouvoir en place et non pas celle des Algériens car aucun citoyen n'a été consulté sur ses différents aspects.
Concernant l'équilibre des pouvoirs, nous remarquons que la révision de la Constitution se fait à quelques mois de l'élection présidentielle, ce qui ne s'est jamais produit dans le monde. Un Président sortant n'a pas le droit d'hypothéquer l'avenir du pays en fermant le jeu politique ou en imposant un certain équilibre du pouvoir qui ne sera favorable qu'à l'équipe sortante. En plus, la question que tous les Algériens se posent actuellement est la suivante : pourquoi le président de la République a-t-il attendu 14 ans pour «réorganiser» les services de sécurité ?
-Pourquoi maintenant, c'est-à-dire à quelques mois de l'élection présidentielle et juste après les enquêtes menées par ces mêmes services sur la corruption et la malveillance dans plusieurs entreprises publiques ?
Nous savons tous qu'en politique, rien n'est neutre. Il est donc de notre droit de citoyens de nous poser ce genre de questions.
-Le chef de l'Etat boucle dans cinq mois son troisième mandat présidentiel. Quel bilan peut-on établir de son règne ?
Ecoutez, quand Bouteflika est arrivé au pouvoir, l'Algérie venait tout juste de sortir d'une grave crise sécuritaire. En 1999, le terrorisme était déjà derrière nous et tout le monde pensait que le nouveau Président allait procéder à de grands changements qui ouvriraient les portes du progrès, du modernisme, du multipartisme réel, de la liberté d'expression, du travail et de la justice sociale. Le peuple algérien était prêt à tous les sacrifices pour «réinventer» la nouvelle Algérie. Or, les hommes choisis par le Président lui-même n'étaient pas à la hauteur de cette tâche, ô combien était-elle à la portée de la main ! Tous les éléments (société, prix des hydrocarbures, environnement géopolitique…) étaient favorables pour un véritable décollage. Hélas, nous avons raté l'occasion. Au lieu d'organiser et de construire, le pouvoir s'est contenté de distribuer la rente et de fermer les yeux sur tous les maux qui rongent le corps de la nation.
Le bilan des trois mandats présidentiels est clair : l'Algérie a raté l'occasion de se développer et est atteinte par tous les maux sociaux : corruption, laisser-aller, gaspillage, régionalisme, fermeture des champs politique et audiovisuel, médiocrité, marginalisation des compétences nationales, dilapidation de la richesse nationale par les sociétés étrangères, insécurité, bureaucratie. Il suffit de voir le classement de l'Algérie dans les rapports des organisations internationales et ONG pour se rendre compte que le bilan n'est pas du tout positif.
-Vous étiez officier au sein de l'armée durant le premier mandat de Bouteflika. Comment ont évolué les rapports entre l'armée et la Présidence qui ont mené jusqu'au dernier «réorganisation» de l'appareil sécuritaire ?
Le président de la République est lui-même le chef suprême des forces armées et ministre de la Défense nationale, donc c'est lui le chef, ce qui veut dire dans le langage militaire : «A vos ordres, monsieur le Président.» A mon avis, tout ce que la presse et certains analystes nationaux et étrangers rapportaient ou disaient sur le rôle de l'armée ou des services de sécurité dans la politique, depuis que Bouteflika est au pouvoir, n'est que de la pure imagination. Nous avons l'une des armées les plus disciplinées au monde, de ce fait elle n'intervient que lorsque les politiques échouent dans leurs tâches. C'était le cas en 1965 et en 1992. Bouteflika a toujours annoncé qu'il n'acceptait pas d'être moins qu'un Président complet. Pourquoi donc essayer de chercher là où il n'y a rien à chercher ? Depuis 1999, ou du moins depuis 2004, Bouteflika est le seul patron de l'Algérie. Il est responsable de tout ce qui a été fait de positif ou négatif. La preuve : personne ne l'a empêché de réorganiser les services du DRS à sa façon et à cinq mois de l'élection présidentielle.
-Donc selon vous, le rôle de l'armée et notamment des «services» est exagéré, alors que la classe politique est unanime à affirmer que le DRS détient d'importants leviers du pouvoir ; même le secrétaire général du parti FLN a appelé récemment à mettre un terme au «pouvoir parallèle» et à instaurer un «Etat civil»…
Il y a là beaucoup d'exagérations. Tout le monde sait que lors de l'élection présidentielle de 2004, le général de corps d'armée Lamari, chef d'état-major de l'ANP, avait soutenu le candidat Ali Benflis et Bouteflika avait gagné, ce qui montre clairement que l'institution militaire n'a aucune emprise sur les affaires politiques.
Concernant les services de sécurité, j'ai toujours soutenu qu'il ne fallait pas en vouloir au «fort» s'il essaye de remplir ses fonctions dans le cadre de la loi, mais qu'il fallait blâmer le faible ou l'opportuniste qui s'incline devant «la casquette». Ce sont certains cadres civils incompétents, corrompus et sans scrupules, qui ont permis à des éléments du DRS d'agir, parfois, en dehors de la règlementation. J'ai vu de mes propres yeux des hauts cadres civils s'abaisser devant des officiers subalternes du DRS dans l'espoir de véhiculer une bonne appréciation à leur égard.
Si des officiers du DRS sont chargés de la sécurité de certaines administrations ou entreprises publiques, c'est dans le but de protéger les intérêts du pays menacés par certains responsables corrompus qui n'hésitent pas à favoriser les étrangers. Vous, journalistes, vous connaissez très bien la situation qui prévaut dans les entreprises publiques et les institutions de l'Etat. Si un jour les services du DRS dévoilaient les complots économiques déjoués, les Algériens se rendraient compte alors de l'importance et du rôle de cette institution dans la défense de l'Algérie.
Concernant le pouvoir parallèle, j'ai eu l'occasion de dire à un de vos confrères que les propos de Saadani peuvent être considérés comme de l'humiliation vis-à-vis du président de la République. Bouteflika est au pouvoir depuis 14 ans, ce qui veut dire, selon les propos de Saadani, qu'il n'était durant toute cette période qu'une marionnette entre les mains des «faiseurs de rois». A mon avis, il n'y a aucun pouvoir parallèle en Algérie actuellement. Ceux qui parlent d'«Etat civil» ne connaissent même pas la signification de cette expression.
-L'option d'un quatrième mandat auquel appellent les partisans de Bouteflika est-elle une réelle intention ou une simple diversion, le temps que les décideurs se mettent d'accord sur un consensus ?
Je pense que ce n'est qu'une simple diversion. Je vois mal Bouteflika, dans l'état où il est, songer à un quatrième mandat. Je pense que c'est le cercle restreint des hommes du Président qui alimente cette fausse précampagne pour un quatrième mandat dans le but de tester la classe et l'opinion politiques.
-Face à l'incapacité de l'opposition à imposer un changement démocratique, le pouvoir en place apparaît comme la seule force qui fixe les contours de la prochaine étape. Quels sont, selon vous, les scénarios probables sur lesquels travaillent les décideurs ?
Auparavant, on pouvait parler, en Algérie, de plusieurs scénarios possibles car il y avait plusieurs centres de décision. Aujourd'hui, il n'existe aucun autre pouvoir ou contrepouvoir en dehors du pouvoir présidentiel, ce qui veut dire que seul le clan présidentiel est en mesure de décider pour l'avenir de l'Algérie. En l'absence d'une opposition forte et organisée et devant le désintéressement total des citoyens vis-à-vis de la chose politique, on peut s'attendre au pire des scénarios.
-Vous proposez une «transition en douceur vers un régime démocratique». Comment se décline cette proposition ?
Soyons réalistes, en l'état actuel des choses, nous n'avons pas le droit de rêver d'une démocratie réelle. Rêver d'une élection présidentielle honnête et libre relève de l'utopie. Les gens au pouvoir ne sont pas prêts à le quitter, non pas par «amour» du «koursi» uniquement, mais aussi par crainte de représailles et de poursuites judiciaires car beaucoup d'entre eux sont impliqués dans des affaires de détournement, de corruption et de mauvaise gestion. Devant cette situation, il ne reste comme moyen de changement qu'une solution : la révolte. Mais elle est coûteuse, dévastatrice et dangereuse pour notre pays. Nous devons tout faire pour éviter cette voie.
Nous avons proposé alors une transition en douceur vers un régime démocratique qui préconise : s'entendre (pouvoir et opposition) sur une personnalité universitaire, intègre, compétente, en bonne santé, ouverte, expérimentée et communicante pour la proposer à l'élection de 2014. Cette personnalité aura comme tâche principale de reconstruire les institutions de l'Etat, de réorganiser la société algérienne et de libérer le champ politico-médiatique de toutes les contraintes et entraves.


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