La visite en Algérie, depuis hier, d'une forte délégation du patronat français permettra au gouvernement Ouyahia de clarifier de vive voix les nouvelles orientations économiques algériennes. Très virulents à l'annonce des mesures contenues dans la LFC 2009 relatives à l'investissement étranger, les Français semblent apparemment revenus à de meilleurs sentiments et se déplacent à Alger en nombre, sous la bannière du Mouvement des entreprises de France (Medef) conduit par Mme Parisot. Du 22 au 24 novembre 2009, les représentants de 70 entreprises françaises auront donc un aperçu plus clair des motivations mais aussi des modalités qui seront celles du nouveau partenariat souhaité par les hautes autorités algériennes. Celles-ci entendent signifier aux potentiels investisseurs que la page des partenariats « sans implantation d'une véritable production en Algérie et sans transfert technologique est définitivement tournée », comme l'a récemment déclaré le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Temmar. Contacté hier, le chef du Forum des chefs d'entreprise (FCE), M. Hamiani, explique que le Medef, qui sera reçu par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, les ministres de l'Industrie, des Finances, du Commerce et par le gouverneur de la Banque d'Algérie, aura le loisir de comprendre que les nouvelles décisions économiques du gouvernement sont « le résultat de la déception née après 15 ans d'ouverture. Des années de politique de libéralisation économique qui n'a pas répondu à nos attentes, n'a pas ramené les investissements structurants, les projets créateurs d'emplois et qui s'ajoute à un véritable déséquilibre de la balance des paiements après la chute de 50% des recettes pétrolières et une augmentation sans précédent de la facture des importations ». « C'est une situation intenable pour l'Algérie », estime le chef du FCE, qui ajoute que « le gouvernement a adopté une nouvelle approche pour rétablir les équilibres fondamentaux et pour attirer les véritables investissements, au même titre que les pays voisins. » « Cette nouvelle politique des investissements étrangers décidée par le gouvernement, poursuit M. Hamiani, passe certes par l'association d'un ou de plusieurs partenaires nationaux, mais donne le droit à une gestion totale de l'entreprise au partenaire étranger même s'il n'en détient que 49% des parts. » Le patron du FCE estime que la nouvelle réglementation ne constitue pas « un handicap » et invite les Français à « porter un regard neuf sur les projets en Algérie car même avec 49%, ils peuvent générer plus de profits qu'avec 100% ailleurs dans le Maghreb étant donné les potentialités du marché algérien », insiste-t-il. Dans une entrevue avec la presse la semaine dernière, l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, avait pour sa part estimé que « les relations franco-algériennes sont tout à fait bonnes et ne demandent qu'à être intensifiées », soulignant : « Nous avons beaucoup travaillé pour expliquer, en France notamment, les nouvelles orientations de la loi de finances complémentaire 2009, qui a redéfini le cadre juridique des sociétés à capitaux étrangers désireuses de s'installer dans ce pays. » Présent à la rencontre, Marc Bouteiller, chef de la mission économique à l'ambassade, a estimé de son côté que la visite du Medef est « la preuve de l'intérêt que les entreprises françaises portent à l'Algérie ». La délégation des hommes d'affaires français rencontrera aujourd'hui, à l'hôtel Sofitel, les membres du FCE pour « avoir une meilleure visibilité du partenariat, et tracer un programme d'action sur trois ans afin de cibler les actions à engager et le portefeuille de projets à dégager », nous dit M. Hamiani. Les entreprises françaises représentées lors de cette visite comptent notamment des cabinets de conseil susceptibles de mieux faire connaître en France les nouvelles mesures liées à l'investissement en Algérie, des entreprises du bâtiment intéressées par les grands chantiers ouverts, ainsi que des entreprises des secteurs énergétique et agro-alimentaire.