L'escalade de la répression marocaine contre les militants sahraouis dans les territoires occupés a suscité un coup de sang du président de la RASD, hier, à la clôture du 35e Eucoco à Barcelone. Barcelone. de notre envoyé spécial « Le Sahara ne sera jamais marocain (…) et les Sahraouis ne seront jamais des Marocains », tonne le président Abdelaziz du haut de la tribune du Centre des conventions internationales de Barcelone. Touché mais pas du tout intimidé, le président de la RASD a prononcé un discours ferme et engagé à poursuivre la lutte pour l'autodétermination de son peuple. Légaliste, M. Abdelaziz a cependant concédé que si le peuple sahraoui décide « souverainement dans le cadre d'un référendum libre » d'être marocain, son choix sera respecté. Mais de par le rapport charnel et fusionnel qu'il entretient avec son peuple, le président de la RASD suggère qu'il connaît déjà son verdict. Visiblement très remonté contre la chasse aux Sahraouis décrétée par le roi du Maroc, Abdelaziz compare cette vague de répression contre les militants sahraouis à la campagne menée par l'armée d'occupation marocaine dans le sillage de la marche dite « verte ». Une campagne qui s'était soldée par plusieurs morts, des centaines de disparitions et d'arrestations. Dans son discours entrecoupé de vives acclamations dans une salle pleine à craquer et acquise à sa cause, Mohamed Abdelaziz a dénoncé « l'avancée sauvage » du Maroc dans les territoires occupés et la « complicité » des gouvernements espagnols et d'autres puissances qui ont, d'après lui, financé la construction du « mur de la honte ». Le président de la RASD a longuement surfé sur les atteintes aux droits de l'homme dans les territoires occupés qu'il a qualifiées également de « sauvages ». Pour lui, le discours du souverain marocain du 7 novembre dernier s'apparente à une déclaration de guerre et à un « appel au meurtre » contre les Sahraouis qui luttent pour l'autodétermination de leur peuple. L'Eucoco promet beaucoup Il ne manquera pas de souligner la « connivence et la complicité » de la France, de l'Espagne, de l'Union européenne et de l'ONU de s'être tus devant l'emprisonnement de 551 militants sahraouis et l'expulsion d'Aminatou Haïder à l'île de Lanzarote ainsi que le « pillage » des ressources naturelles du Sahara. « Il n'est pas possible d'assister impuissants au pillage des ressources de notre pays, il n'est pas non plus possible de se taire devant une répression aussi féroce ! », s'écrie Abdelaziz. C'est pourquoi il lance un appel à la communauté internationale pour qu'un mécanisme soit institué dans le cadre de la Minurso pour veiller au respect des droits de l'homme. Mohamed Abdelaziz ne se fait certes pas d'illusions sur l'action de l'ONU, mais il a promis aux nombreux participants à la 35e conférence de l'Eucoco que « le peuple sahraoui ne vous décevra pas, nous vaincrons contre les colons et leurs amis ! » Tonnerre d'applaudissements. La cause sahraouie gagne de plus en plus de soutiens, comme en témoignent les délégations venues de 37 pays qui ont participé durant trois jours ici à Barcelone aux travaux de l'Eucoco et déclaré de vive voix leurs soutien et solidarité avec le peuple sahraoui. Le président Abdelaziz s'est d'ailleurs félicité des « nouveaux soutiens », notamment celui de la Russie, du Brésil, du Timor Oriental et de beaucoup d'autres pays d'Afrique et de l'Amérique latine. Pour le président de la RASD, ce « succès retentissant » du 35e Eucoco est un signe que la cause se « porte bien ». La preuve ? Des centaines de personnes, dont des députés, des acteurs politiques et associatifs, des militants sahraouis ainsi que les citoyens de Barcelone ont animé un grand rassemblement samedi soir devant le siège du gouvernement de la Catalogne et de la mairie de Barcelone. Cette manifestation se voulait être une dénonciation du silence, voire de la complicité du gouvernement espagnol face à la répression contre les Sahraouis. La foule a voulu également protester contre le déplacement du gouverneur de la Catalogne au Maroc le jour même du coup d'envoi de la conférence à Barcelone… ! C'est dire, tout compte fait, que ce 35e Eucoco promet beaucoup.